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L’heure De VÉritÉ Pour La Zleca

Cela fait suite aux dépôts, le 29 avril 2019, des 21ème et 22ème instruments de ratifications effectués respectivement par la Sierra-Léone et la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) auprès de la Commission de l’Union africaine (Ua).

Ces deux dépôts respectent ainsi le seuil minimal de ratification requis par l’article 23 de l’accord Zleca pour entrer en vigueur trente jours après la réception des 21ème et 22ème Etats. Cette étape marque un tournant décisif dans le processus de mise en œuvre de cette zone de libre échange qui devra insuffler un nouveau souffle aux échanges commerciaux intra-africains. Sa matérialisation devra également offrir des possibilités commerciales qui vont changer le visage de l’industrialisation en Afrique, conformément à la vision de l’Agenda 2063, « l’Afrique que nous voulons ».

Longtemps, le commerce africain a souffert d’innombrables contraintes liées, notamment, à la fragmentation de ses marchés, aux prélèvements illégaux et pertes de temps injustifiées sur le long de certains corridors des Etats, aux lourdeurs administratives. Non sans compter l’absence, dans la plupart des pays, d’une industrie capable, aujourd’hui, de transformer les matières premières en produits manufacturés. C’est tout simplement déplorable de voir l’Afrique continuer d’exporter ses produits de base sans aucune valeur ajoutée consistante. Le peu de gain escompté sur le marché international est, souvent, sous la menace des fluctuations des cours des matières premières. Autant de facteurs qui ont fini de positionner notre continent sur la marge du commerce mondial avec une contribution inférieure à moins de 3%. Ils plongent également le continent dans une situation vulnérable aux chocs extérieurs en raison de sa forte dépendance vis-à-vis des exportations.

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Le cas du Nigéria, dont une bonne partie de l’économie dépend du pétrole, est une parfaite illustration. C’est pourquoi, il faut saluer l’engagement et le leadership dont ont fait montre certains dirigeants et autres responsables d’institutions comme Paul Kagamé du Rwanda, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine, Vera Songwe, secrétaire exécutive de la Commission économique africaine (Cea). Ce 30 mai qui marque l’entrée en vigueur de la Zleca est un moment historique ; un repère qui va, sûrement, laisser des empreintes dans les annales de l’histoire commerciale de l’Afrique. Ceci, en attendant le lancement de la phase opérationnelle, le 7 juillet 2019, lors du Sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement africains.

En effet, la Zleca vise à faire passer le commerce entre pays africains de 18% en 2018 à 52,3%. La Zone de libreéchange continentale africaine, d’après la Commission économique africaine (Cea) s’étendra sur un marché de 1,2 milliard de consommateurs, représentant un produit intérieur brut (Pib) de 2.500 milliards de dollars dans l’ensemble des 55 États membres de l’Union africaine. Du point de vue du nombre de pays participants, elle sera la plus grande zone de libre-échange du monde depuis la création de l’Organisation mondiale du commerce (Omc).

Eu égard aux nombreuses opportunités qu’offre la Zleca à nos Etats en termes de retombées économiques, de débouchés commerciaux et d’intégration, sa concrétisation devrait être un sacerdoce pour tout citoyen africain. Aujourd’hui, des écueils se dressent sur ce long chemin de la Zleca. Les chefs d’Etat doivent convaincre le géant Nigeria, l’une des deux puissances économiques du continent, qui se fait encore désirer. En dépit des nombreux appels de ses pairs, Muhamadu Buhari, le président de la République fédérale du Nigeria, tarde encore à rejoindre le cercle des pays ayant déjà ratifié l’accord.

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L’absence de ce mastodonte dans la Zleca constituerait, certainement, un manque à gagner pour le marché africain si l’on sait que le Nigéria regorge de consommateurs avec ses 200 millions d’habitants. Les autres défis ont trait à la compensation des pertes de recettes douanières engendrées par la suppression prochaines de barrières tarifaires, à la définition des produits qui feront l’objet de libéralisation. A cela s’ajoutent l’équation du règlement des différents en cas de litiges entre pays, le budget pour assurer le fonctionnement des institutions comme celle du secrétariat de la Zleca.







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