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Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

Entre CÉsar Et Kocc

Ils n’étaient pas nombreux à miser sur la parfaite symphonie qui, ce 28 mai 2019, a enchanté tous les Sénégalais épris de paix et de concorde. Contrairement au pessimisme entretenu par les oiseaux médiatiques de mauvais augure, le Palais de la République ne s’est pas mué en une Tour de Babel où les invités à l’ouverture du Dialogue national se sont mis à parler des langues différentes, incompréhensibles pour eux-mêmes et plus encore pour les opinions nationale et internationale.

Non ! Tous ont abondé dans le même sens. Celui de l’impératif d’une discussion soutenue et féconde entre les différents segments de la société pour aboutir à une codification partagée des bonnes pratiques de notre vivre ensemble.

Voir Oumar Sarr, Secrétaire général national adjoint du Pds, se hisser au-dessus des fureurs libérales pour répondre à l’appel du Chef de l’Etat ; entendre Mamadou Diop «Decroix», Coordonnateur du Frn, le Front de résistance nationale, se féliciter de la démarche de Macky Sall ; sentir ces politiques, entrepreneurs, religieux, syndicalistes, la Société civile, entre autres, vibrer à l’unisson des notes de l’hymne national et des valeurs qu’il véhicule, a assurément fait à nombre de Sénégalais l’effet du souffle des alizés océaniques, et une belle caresse à leur ego.

Notre destinée collective, comme l’ont soutenu la plupart des participants à la rencontre du 28 mai 2019, ne saurait s’effacer devant des échappées solitaires porteuses d’intérêts de chapelle, enfourchant un carrousel pour exécuter des figures qui indiquent que leur art s’enfonce dans le crépuscule. Assurément, il n’est pas nécessaire pour les Sénégalais, qui ne sont pas dupes, car, ils sont à même de distinguer la quincaillerie, d’avoir lu Charles de Gaulle pour s’approprier deux de ses postulats, et pouvoir lire ceux-là qui leur tiennent monologue : d’une part, «l’ambition individuelle est une passion enfantine», d’autre part, «l’avantage d’être un causeur brillant ne vaut pas celui d’être replié sur soi-même».

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Diantre, c’est le devenir de la Nation qui nous importe !

Et, il faut oser le dire : aujourd’hui, dans un contexte post-présidentiel marqué par un festival d’anathèmes et une orgie de combinaisons illisibles entre appareils politiques, Macky Sall est à la hauteur du génie politique qui lui est reconnu. Réélu triomphalement le 24 février 2019, il dispose d’une majorité confortable et d’une légitimité immaculée, attestée ici et ailleurs, pour dérouler son programme avec aisance. Seulement, il sait que la période n’appelle pas César, un chef de guerre, mais, plutôt, Kocc Barma, un homme capable de coudre et de recoudre le patchwork des différents courants qui se sont exprimés le 24 février 2019. Et que Macky Sall doit, pour arriver à rassembler les Sénégalais, faire preuve de générosité, de sincérité, d’habileté et d’onctuosité.

Il tient la promesse qu’il avait faite, après la proclamation de sa victoire : écouter tous ses compatriotes qui n’avaient pas porté leur choix sur lui. C’est le sens de sa démarche : être le Président de tous les Sénégalais ; sortir de l’entre-soi qui grise les pouvoirs ; prêter une oreille attentive à l’alentour, à ces 42% d’électeurs qui ont une vision du Sénégal différente de la sienne. C’est le sens du Dialogue national inclusif auquel il convie tous les segments de notre pays.

Cette démarche est celle d’un homme qui aspire et œuvre à être un démocrate soucieux de l’intérêt supérieur du Sénégal. Manifestement, à l’entame de son dernier mandat, Macky Sall n’est pas dans cette approche utilitaire et opportuniste de la politique qui juge d’une action en fonction de son intérêt immédiat, voire de son apport tactique. Son mouvement est empreint de franchise, car, rien ne l’y contraint, si ce n’est une conviction qu’il a martelée dans son discours d’ouverture du Dialogue national : «Une gouvernance concertée est le socle d’une démocratie apaisée».

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Et la bonne foi de Macky Sall se mesure à la concession faite à l’opposition en acceptant de choisir Famara Ibrahima Sagna, personnalité neutre et consensuelle pour conduire le Dialogue national. Il est, en effet, l’homme qui, au lendemain de la crise politique de 1988, avait réussi à mettre Abdou Diouf et Abdoulaye Wade autour d’une table pour des négociations qui accoucheront du Gouvernement de majorité présidentielle élargie de 1991.

A ce rythme, une chose est sûre, avec le temps : l’épitomé du passage de Macky Sall au pouvoir ne sera pas avare en mots flatteurs. Sa conception politique de gestion partagée du pouvoir a permis, pour la première fois dans l’histoire du Sénégal, à une coalition aussi large que «Bennoo Bokk Yaakaar» de se maintenir aussi longtemps. Une telle longévité fait forcément appel à une capacité de management très affutée, irriguée en permanence par le sens du partage et de l’humilité.

En somme, la démarche de Macky Sall obéit à l’idée qui est à la base de la création de son parti : lorsque ce fut incertain du fait de velléités monarchistes, s’imposa à lui d’agréger autour de sa personne «un désordre de courages», dixit André Malraux qualifiant la Résistance française, pour faire face au péril qui guetta la République, avant d’appeler à une alliance de toutes les compétences pour servir cette dernière et le pays.

Et comment ?

Entre autres moyens, mettre en œuvre une politique de réparation sociale qui ouvre les ressources du Sénégal à ses catégories sociales les plus démunies ; mettre en œuvre une politique d’équité territoriale qui reconnecte les zones les plus reculées.

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C’est dire que Macky Sall a toujours été un fervent adepte de l’inclusion. Son ouverture, par conséquent, ne date pas d’aujourd’hui. Elle se nourrit d’un parcours difficile qui l’a vu, pur produit de l’école sénégalaise, gravir les échelons de la République pour arriver, aujourd’hui, à un niveau où il peut épouser la cause du peuple qui lui est familière parce qu’il vient de ce peuple.

Pour finir, revenons à Malraux, qui disait : «Dans un univers passablement absurde, il y a quelque chose qui n’est pas absurde, c’est ce que l’on peut faire pour les autres».

Y a-t-il plus belle définition de l’action politique ?







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