Pour répondre à El Hadji Momar Sambe qui prétend refuser d’être un tirailleur de la BBC, je dirais simplement ceci : dans cette affaire il ne saurait y avoir un camp de tirailleurs et un camp de soldat républicains réguliers. Il y a le camp de la recherche de la vérité et le camp des partisans de la nébuleuse, du brouillage.
En ce qui nous concerne, nous préférons être des tirailleurs de la BBC plutôt que ceux du mensonge, de l’affairisme d’Etat et d’un clan bien connu.
Nous ne sommes pas tirailleurs de la BBC : dans cette affaire, c’est au contraire la BBC qui pourrait être taxée de tirailleur (encore que ce serait injuste) car l’affaire a été localement dénoncée bien avant ses investigations.
Dans la recherche de la vérité, chacun apporte sa contribution, ainsi que nous le montre l’édifice scientifique où chaque pierre apportée s’insère dans l’édifice dont la construction vacille entre thèse et antithèse, « conjectures et réfutations ». Il s’agit ici d’une délibération nationale autour d’une question qui, depuis quatre ans, tient le peuple en haleine. Vous ne pouvez pas manquer de respect à vos concitoyens au point de les réduire à de simples tirailleurs de la BBC. Les moyens dont dispose cette firme médiatique pour approfondir ses enquêtes sont hors de portée des citoyens que nous sommes, mais nous ne serons pas victimes de la « fierté mal placée » que dénonçait votre ami Macky contre Wade à propos de la libération des emprises foncières par l’armée française : nous irons chercher la vérité où qu’elle se trouve.
Vous n’êtes pas tirailleur de la BBC, nous non plus : mais là où le bât blesse, c’est quand vous ne trouvez rien à dire sur le fait qu’un Etat soit mobilisé pour être un tirailleur d’une personne et de sa famille ! Les gens peuvent délaisser et renier leurs valeurs et principes, mais ça ne saurait être une preuve de la faiblesse ou de la perversion de ces valeurs et principes. Ce délaissement montre en revanche la perversion de leur auteur. La vérité transcende nos pauvres chapelles politiques, la volonté du peuple, le seul Souverain, a un ascendant divin sur nos mesquins rapports avec le pouvoir temporel.
Monsieur Sambe, quand un minuscule insecte déploie, avec sa minuscule force, ses minuscules ailes, il peut avoir l’illusion que son entreprise affecte profondément monde, mais nous savons tous que l’illusion de sa grandeur est proportionnelle à sa minuscule taille, à son insignifiance. Nos positions partisanes sont tellement insignifiantes et mesquines par rapport à l’intérêt national que tout forme de chauvinisme est à la fois ridicule et assassin.
Les peuples peuvent se tromper, mais ils ne sont jamais fous : c’est pourquoi leur riposte est très souvent foudroyante et subite. Ils peuvent ruminer leur mécontentement le temps de constituer les arguments et les forces nécessaires à leur usage, mais ils n’abdiquent jamais dans leur quête de la bonne gouvernance. Ils peuvent donner l’impression d’être indolents et à la limite serviles à leurs dirigeants, mais ce n’est qu’apparence : ils finissent toujours par répondre à l’appel de la volonté générale. Ne croyez pas que vos vociférations et vos mises en scène médiatico-juridiques nous feront désespérer ou abdiquer. Et voilà pourquoi il est infiniment plus digne et plus passionnant d’être le tirailleur du peuple que d’être celui d’une oligarchie.