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Qu’est-ce Que Nous Apprend Le Scandale Petro-tim Au Sénégal Sur La Bourgeoisie Bureaucratique Néo-coloniale ?

L’indignation populaire se répand comme une nappe de pétrole ou une échappée de gaz dans tous le pays. L’acte qui met en cause incontestablement l’actuel Président de la République est qu’il a signé le décret d’application attribuant à Petro-Tim les deux lots contre l’avis du rapport de l’Inspection Générale d’Etat (IGE) qu’il a lui même commandité. C’est donc une forfaiture en toute connaissance de cause contre l’intérêt national du pays au profit d’intérêts privés familiaux (son frère employé de Petro-Tim) et étrangers (Petro-Tim/Frank Timis).

Le pouvoir libéral de Macky/APR/BBY et ces valets de l’ex-gauche, à défaut d’arguments sensés, s’embourbent dans une ligne de défense cherchant à faire peur en rappelant à tous que les Multinationales n’hésitent pas, comme dans le cas de la Libye, de l’Irak, de la Syrie, à faire intervenir leurs Etats impérialistes pour détruire les pays et s’emparer des hydrocarbures de leurs sous sols.

Les renégats de la gauche convertis au libéralisme assènent que « pétrole et gaz attirent les appétits des prédateurs » de la Françafric, l’Eurafric et l’Usafric sans avoir le courage de les nommer.

La BBC, chaîne anglaise, « s’ingère dans les affaires intérieures du Sénégal » disent les laquais de l’ex-gauche pour inverser les rôles en accusant l’opposition « d’agents de l’étranger ». Certains redécouvrent même les accents « anti-impérialistes » d’antan qu’ils avaient jeté aux oubliettes, obnubilés qu’ils sont par la lutte des places.

Puis le Procureur de la République se dit lui même commis d’un « mandat de s’auto-saisir » et invite, ce qui montre le manque de sérieux, les uns et les autres à aller à la DIC ou à la CREI déposer leurs témoignages ou plaintes. Une auto-saisine du Procureur de la république commanditée sous la pression de l’opinion publique et de l’opposition suite à l’effet BBC alors que nombre de patriotes Sénégalais déclarent l’avoir saisi auparavant sans réponse de sa part.

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A peine « réélu » par la grâce de son vol électoral, voilà le pouvoir libéral de la seconde alternance pris en flagrant délit de malversation visant les richesses nationales du pétrole et du gaz.

Les exigences légitimes de la vérité, d’un procès en bonne et due forme et d’une renégociation des contrats en toute transparence en faveur du peuple doivent faire l’objet de mobilisation du peuple jusqu’à leur satisfaction.

En quoi ce scandale confirme-t-il le rôle de pilier de classe de la bourgeoisie bureaucratique du néocolonialisme au Sénégal ?

En ce que le pays a été légué en 1960 à une bourgeoisie bureaucratique qui avait collaboré avec le colonisateur Français.

Cette bourgeoisie bureaucratique a réprimé le PAI, véritable parti indépendantiste, l’a interdit, a balkanisé la Fédération du Mali et a phagocyté par la contrainte et la ruse les autres partis dans un parti unique l’UPS en leur imposant les « accords de coopération » France-Sénégal, le CFA, les bases militaires Françaises, etc.

C’est ce système néocolonial qui fait que les Multinationales principalement Françaises dominent l’économie, s’accaparent des richesses minières et vassalisent la classe politique social-démocrate et libérale bénéficiaire des deux alternances. La seconde alternance allie les deux fractions de la bourgeoisie bureaucratiques qui ont alterné jusqu’ici au pouvoir.

Cette bourgeoisie bureaucratique – social-libérale (PS/AFP, etc.) et libérale (PDS/APR/REEWMI, etc.) – ont un seul et même programme dicté par les institutions impérialistes que sont l’OMC, le FMI, la BM.

Elle est intégrée à la re-mondialisation impérialiste par la soumission au système inique de la dette, des plans d’ajustement structurel libéraux, puis la dévaluation du franc CFA, des privatisations des entreprises publiques et parapubliques.

Elle ne tire son accumulation de capital en milliards de francs CFA que par le vol des deniers publics, donc de l’argent produit par le travail du peuple et les dessous de table de la corruption inhérente à son intégration vénale à la « mondialisation » capitaliste par le maintien du pays comme néo-colonie.

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La bourgeoisie bureaucratique empoche l’argent du peuple, mais ne fait pas d’investissements productifs créateurs d’emplois dans le pays. Cet argent volé alimente plutôt les fuites de capitaux qui sont placés dans les banques des pays impérialistes.

Le pouvoir politique est devenu dans les néo-colonies le moyen le plus sûr, le plus rapide et le chemin le plus court pour devenir milliardaires en francs CFA.

La bourgeoisie bureaucratique est passée du parti « unique » au multipartisme « limité » et au multipartisme « intégral » sous un régime présidentiel pyramidal toujours plus renforcé qui fait du président un autocrate au dessus de tous les autres pouvoir (législatif, judiciaire, etc).

Sous la chape de plomb du pouvoir de la bourgeoisie bureaucratique néocoloniale socialiste et libérale s’est développée une bourgeoisie nationale commerçante importatrice, dans les transports urbains et inter-urbains, de PME et PMI et même issue du secteur informel.

Ces « opérateurs économiques » nationaux se trouvent de plus en plus freinés, voire bloqués dans ses activités et de ses affaires par l’ogre bureaucratique détenant le pouvoir politique.

Cette bourgeoisie commerçante, agraire et proto-industrielle entre de plus en plus en contradiction avec la bourgeoisie bureaucratique, laquelle utilise le pouvoir politique pour se soumettre la bourgeoisie nationale.

La servilité de la bourgeoisie bureaucratique à l’impérialisme est un autre facteur de la contradiction montante avec la bourgeoisie nationale commerçante et productive.

En effet, celle-ci est condamnée soit à subir le parasitisme corrompu et corrupteur des politiciens bourgeois soit à devenir sous-traitants des donneurs d’ordre que sont les Monopoles impérialistes.

La contradiction devient ouverte quand la bourgeoisie bureaucratique met directement en concurrence les commerçants nationaux mal organisés avec les Monopoles impérialistes de la grande distribution Française qui ont délocalisé tout en se reconvertissant en Europe et en France dans la vente en ligne.

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L’état de non développement du pays résulte fondamentalement de l’oppression néocoloniale qui a succédé à l’oppression coloniale. La découverte du pétrole et du gaz fait que non seulement la situation de délabrement économique, sociale, culturel des populations en devient encore plus insupportable tout en semant l’illusion du « miracle » d’un avenir meilleur.

Ce n’est pas ce que montrent les exemples du Gabon et du Congo et n’oublions pas que le « miracle » du cacao et du café Ivoirien pour lequel Houphouët Boigny a trahi le projet du Rassemblement Démocratique Africain (RDA) « d »indépendance dans l’unité » s’est fourvoyé dans le « mirage » de l’ethnicisme ivoiritaire insufflé par les conseillers impérialistes Français .

Le pétrole, le gaz et les richesses du sol et du sous sol africain ne seront une « chance » pour le développement des pays africains qu’à la condition qu’advienne au pouvoir l’alternative patriotique s’appuyant sur la mobilisation du peuple sans et contre l’alternance de la bourgeoise bureaucratique social-libérale et libérale au pouvoir au Sénégal.

La jeune génération des patriotes de ce pays doit apprendre et garder en mémoire l’enseignement des précurseurs de la lutte de libération nationale.

Seydou Cissokho avait raison ainsi que toute la littérature de la gauche historique ne cessait de le répéter : « Tant que la bourgeoisie bureaucratique sera au pouvoir le développement de ce pays ne sera pas assuré ».

 

Fodé Roland Diagne

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