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Babacar Justin Ndiaye, Lorsque L’éloquence Annihile La Pertinence

«A force de regarder l’abîme, l’abîme regarde en vous», disait Nietzsche. Comme tous les lundis, nous attendons avec empressement les analyses au laser de l’actualité la plus lancinante de notre grand-frère et très respecté Babacar Justin Ndiaye. Mais celles du 17 juin ont fait naître chez nous un effarement qui explique que nous empruntions au chirurgien son scalpel pour disséquer voire dépecer les idées que vous avancez.

Déjà, vos premiers propos dégagent un parfum de parti pris : «Moins de vingt jours après la cérémonie d’ouverture du dialogue national, (le 28 mai dernier), dans une ferveur patriotique et suivant une démarche grosse de consensus, voilà que l’Etat serre brusquement les dents, grimace subitement et griffe rudement tout ce qui bouge dans la rue.»

Non, grand-frère, les adverbes sciemment choisis tronquent la réalité. L’Etat n’a pas agi «brusquement», «subitement» et «rudement», mais a plutôt réagi au documentaire partisan, cabalistique et très sibyllin de la Bbc, aux attaques et accusations sempiternelles d’une opposition dite radicale, envahissant les médias et professant tout et son contraire, sans oublier le matraquage d’une certaine presse relayée dans les réseaux sociaux, rendant un verdict infamant d’une affaire qu’elle qualifie «scabreusement» de «scandale».

Au lieu d’une «crispation» comme vous dites, je vois une sérénité de la part des gouvernants, au premier chef desquels le président de la République. Voilà qu’on l’accable aujourd’hui avec ses défenseurs pour avoir riposté en vue de clarifier, alors que dans un passé très récent, on lui reprochait son manque de communication et son autarcie. Au lieu d’une «lucidité brûlée» ou d’une «clairvoyance calcinée» comme vous dites, je vois l’expression d’une gérance responsable de l’ordre public face à une opposition qui a refusé la main tendue du chef de l’Etat pour échanger sur la «res publicae» et qui a dit non au dialogue, gage de la stabilité et de la paix dans le pays. Ces réfractaires, préférant la confrontation à la concertation, sont aux antipodes de la paix. Et en démocratie, ne dit-on pas «point de liberté aux ennemis de la liberté ?»

Par conséquent, qualifier de sidérant l’attitude de l’Etat serait trop forcer le trait puisque cette frange de l’opposition n’indispose et ne désarçonne aucune autorité impliquée dans le processus du dialogue, d’autant plus que leurs soubassements ne sont pas loin des désirs d’existence et de reconnaissance tout récemment perdus lors de l’élection présidentielle où elle a été magistralement laminée.

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Cher grand-frère, je pense que vous vous êtes trompé cette fois-ci de lieu et de période. Le temps de Foccart est révolu et le palais de la République n’abrite pas de «faucons», mais de fidèles serviteurs de la République, des commis de l’Etat chevronnés et des membres du Cabinet présidentiel dévoués et rompus à leurs tâches, consistant à veiller au grain pour aider le chef de l’Etat à mieux mener la haute mission que le Peuple sénégalais lui a légitimement confiée. Mais cette outrecuidance aux allures de dénigrement n’a d’égale irrévérence que de parler d’une «létale conception de la démocratie sénégalaise» au moment où elle est zénith avec la main tendue du président de la République, récemment victorieux d’une élection exceptionnelle, à l’endroit de ses adversaires, avec l’ouverture du Cos/Petrogaz aux partis politiques (pouvoir comme opposition) et à la société civile, alors qu’il pouvait dérouler son «Sénégal pour tous» sans clignoter.

Par contre, là où vous laissez les bésicles du chirurgien au laser en portant les binocles de l’opposant pur et dur, c’est lorsque que affirmez : «Tout le Peuple peut voter, mais aucune fraction du même Peuple souverain ne peut manifester. Autrement dit, plus de 40% de Sénégalais doivent se tenir à carreau durant tout le quinquennat, en avalant des couleuvres aussi grosses que cette opaque affaire Petro Tim. Sans broncher civiquement.» Le dire serait excusable, mais l’écrire par vous-même demeure impardonnable puisque le premier mandat de son Excellence a été fortement marqué par de récurrentes manifestations autorisées au point que l’interdiction devenait l’exception. Avec ce mandat en cours, il s’ouvre à toutes les forces vives de la Nation pour parler, discuter et décider de ce que le Sénégal a en commun.

Sur quoi vous fondez-vous pour soutenir que nous vivons une «gouvernance qui broie le consensus, bonifie l’intolérance et sacralise le sectarisme» ? Le doyen Vedel disait à un de ses collègues : «Votre éloquence trahit votre pertinence.» J’ai peur que vous soyez tombé dans ce travers et risquiez le sort des sœurs danaïdes.

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Cher grand-frère, permettez-moi de laisser mon scalpel et de vous emprunter votre laser afin de m’adresser aux roublards et aux moissonneurs des temps révolus. La nouvelle donne exige de dépasser les clivages politiques traditionnels, inadéquats et inaptes à résoudre les problèmes du pays en finissant avec les faux débats et autres oppositions artificielles et stériles.

Il faut savoir que le pessimisme et la suspicion sont des humeurs à partir desquelles il est impossible de construire et d’avancer. L’optimisme, lui, est un état d’esprit qui, seul, permet de surmonter les difficultés et de franchir les obstacles. Bien sûr, il ne s’agit pas d’un optimisme béat qui serait ridicule, mais d’un optimisme lucide qui permet de progresser.

Et de lucidité, le Président Macky Sall n’en manque pas lorsqu’il invite à dépasser l’opposition stérile et systématique et à œuvrer en communion. Il appelle à la mobilisation générale de tous bords, par conséquent, capable de s’adresser à toutes les composantes de la société, d’en réunir tous les représentants légitimes et leur demander, face à la Nation, en toute transparence et lucidité, de répondre clairement, concrètement, à la seule et unique question qui vaille : à quoi sommes-nous prêts, à quels efforts, à quelles actions, à quelles initiatives, à quelles concessions, à quels sacrifices, pour aider notre patrie à s’en sortir ? Cartes sur table. Tous masques laissés au vestiaire.

En l’absence de cette impérieuse interrogation, le Sénégal peu à peu s’affaisse. Pas simplement à cause des débats vaseux et oiseux, mais sans doute à cause d’une opposition surannée et rancunière, avec ses égoïsmes et ses corporatismes, ses frivolités et ses enfermements, ses illusionnismes de confort et ses aveuglements partisans, ses certitudes binaires et ses exclusivismes manichéens.

Le Sénégal du pétrole et du gaz a besoin d’un vaste et puissant transfert du passif à l’actif, du négatif au positif, de l’immobile au dynamique, de ce qui pèse à ce qui propulse, de ce qui plombe à ce qui soulève.

C’est cette mobilisation de nos forces vives qui détermine cette résurrection tant prônée par son Excellence Macky Sall, comme toutes celles qui ont permis, depuis Blaise Diagne, à notre pays de rebondir et même de bondir. Elle ne sera pas, cette résurrection, la résultante laborieuse de reculades tactiques répétitives, de compromissions permanentes et de décisions molles. Elle ne s’épanouira ni dans la flasque ni dans le flou. Le Président Macky nous appelle à ce qu’on jaillisse des tranchées, qu’on cisaille les fils de fer barbelés, qu’on renverse les barrières et les murailles, qu’on franchise les lignes de démarcation pour qu’à chaque chose, nébuleuse ou douteuse, la lumière soit apportée. C’est tout le sens de la saisine du procureur de la République et son appel à témoins.

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Ainsi, libérés de tous les clivages, les bâtisseurs du Sénégal nouveau, de tous horizons, se fédèrent autour d’un projet, d’une perspective, d’une direction, d’une finalité et d’une volonté pour enfin asseoir et consolider l’alternative après la double alternance.

C’est en cela que l’opposition doit se réformer et changer de méthode. S’opposer est en démocratie ce que le vent est au feu. Il attise le grand, mais éteint le petit. De nos jours, elle doit troquer ses habits de hâbleur de rue, crachant dans la soupe gouvernementale au risque d’être antinationale sans le savoir et enfiler les souliers de l’ophtalmologue pour proposer des remèdes au mal qu’elle croit susceptible de nuire au Peuple. L’opposition de négation est démodée et obsolète. Celle qui est à la mode parce que salutaire est une opposition de participation, de proposition et de veille.

En définitive, la comparaison du Sénégal sous Macky Sall à d’autres pays africains frise la déraison puisque les causes étant totalement différentes, les conséquences ne sauraient être les mêmes dans notre pays où les lamantins s’abreuvent à la fontaine de Simal dans une concorde parfaite, une cohésion nationale et un dialogue fraternel. Et avec cette dynamique entreprise depuis mars 2012, vous savez très bien qu’on n’est pas tombé de Charybde en Scylla.

Mouhamadou Mounirou SY

Enseignant en droit public (Université de Thiès)

Président de l’Alliance pour une dynamique nouvelle (Adn)

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