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Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

De L’immixtion De La Famille PrÉsidentielle Dans Les Affaires De L’État

De L’immixtion De La Famille PrÉsidentielle Dans Les Affaires De L’État

L’affaire Petrotim aura mis en relief la problématique de l’immixtion de la famille présidentielle dans les affaires de l’Etat. Cette anomalie peut engendrer des situations fâcheuses aux conséquences incommensurables. Ulcérés par ce phénomène, des Sénégalais se sont érigés contre cette pratique qui fait aller à vau l’eau tous les efforts en vue d’encadrer et de guider les pas de nos démocraties fragiles, vulnérables et titubantes.

C’est d’abord Ciré Aw, professeur de philosophie, diplômé en environnement et en gestion de projets, qui fait une analyse pertinente de la situation : “Dans une République qui se respecte, il n’est pas acceptable, que le fils, le frère ou tout simplement un membre de la famille présidentielle soit dépositaire d’une parcelle du pouvoir du peuple à moins que cela découle de ses compétences intrinsèques ou de ses mérites personnels. On nous objectera sans doute à ce propos qu’aux États-Unis, réputés être “la plus grande démocratie au monde’’, par exemple, Georges Bush, le père, et Georges Bush, le fils, ont présidé aux destinées de la nation américaine; c’est perdre de vue que les conditions politiques, sociales et juridiques qui ont rendu possible cette situation, ne sont nullement comparables à celles en vigueur au Sénégal dont la démocratie est non seulement encore en gestation, mais de plus les réticences culturelles et traditionnelles empêchant des élections libres et transparentes sont encore vivaces. Il est vrai que les membres de la famille présidentielle sont des citoyens à part entière, ayant les mêmes droits en principe que tous les autres citoyens, et pouvant légitimement aspirer à des postes de responsabilité ; mais encore faudrait-il que leur participation dans la gestion du pouvoir soit la résultante d’une compétition équitable où ils partent à chances égales avec les autres citoyens, au lieu de reposer sur la volonté d’un “Prince’’ prêt à tout pour protéger son clan en cas de mal gérance.

À cette occasion, il y a lieu même de questionner les prérogatives de la Première Dame, lorsque celles-ci dépassent le domaine social, envahissant ainsi la sphère politique, puisque ses pouvoirs devraient être en principe symboliques et se cantonner à des actions sociales, des œuvres de bienfaisance ou caritatives. De ce point de vue, le statut de la Première Dame devrait être clairement défini pour éviter toute confusion afin qu’elle ne soit pas encline à usurper le pouvoir politique que le peuple a conféré à son “président-mari’’ par la voie des urnes. Au fond, dans les pays comme le Sénégal, où la démocratie est encore en gestation, en dépit des alternances politiques générant plus des changements d’hommes que de système qui ont eu lieu, où les corps de contrôle en matière de bonne gouvernance sont fragilisés par la mainmise de l’Exécutif dans le choix de leurs acteurs, permettre à un membre de la famille présidentielle de détenir des pouvoirs politiques devient imprudent en ce qu’il ouvre la porte à tous les excès.

C’est pourquoi, il urge que l’éthique politique et la décence prennent le dessus sur la loi en ce qui concerne l’immixtion de la famille présidentielle dans l’arène politique; cela d’autant plus que la tentation est toujours grande pour le premier magistrat du pays d’octroyer aux membres de sa famille des pouvoirs qui outrepassent les limites de ses pouvoirs constitutionnels. Cette mise à l’écart de la famille présidentielle dans la prise en charge des affaires de l’État aura au moins l’avantage d’évacuer toute opacité dans la gestion du pouvoir et de réaffirmer la volonté du président de mettre en avant la patrie en lieu et place de sa famille ou de son parti; cela en attendant que notre démocratie atteigne son apogée”.

A la suite de Ciré Aw, Moustapha Diakhaté, ancien président du Groupe parlementaire de Benno Bokk Yaakaar à l’Assemblée nationale et ancien chef de cabinet politique du président Macky Sall, a pesté contre ce phénomène de confusion entre les affaires familiales et les affaires étatiques : “Le président Macky Sall doit retirer les membres de sa famille et de sa belle-famille du gouvernement. Cela doit même figurer dans la Constitution de notre pays, afin d’interdire à nos chefs d’Etat, une fois élus, d’impliquer leurs proches parents dans la gestion des affaires publiques”. C’est aussi débile de voir ces situations où on convoque une terminologie et des éléments de langage qui relèvent l’affectif, des relations filiales, paternelles, maternelles ou fraternelles, qui sont du domaine de la famille biologique, alors qu’on est en République.

Les exemples sont à foison. Fils aîné de François Mitterrand et de Danielle Gouze, Jean-Christophe Mitterrand est affublé par Le CANARD ENCHAINÉ du surnom de “Papamadit” (papa m’a dit), en raison de sa manière de gérer ses relations avec les autorités africaines. Lors de la réception d’une partie des travaux de la corniche de Dakar, dans le cadre de la préparation du 11ème sommet de l’Organisation de la Conférence Islamique (O.C.I.), le président Abdoulaye Wade, comblé de bonheur, et ne pouvant plus se retenir, avait laissé parler son cœur en s’adressant à Karim Wade : “Karim, je dirais à ta mère que tu as bien travaillé”. En effet, en ce temps là, Karim Wade avait en charge la présidence du Conseil de surveillance de l’Agence Nationale de l’Organisation de la Conférence Islamique (A.N.O.C.I.). A la tête de cette agence, il a conduit et réalisé de gros et importants chantiers routiers et hôteliers, ce qui a donné un nouveau visage à la capitale sénégalaise.

Le jour de la fête de la Korité, le jeudi 7 juin 2019, sur le perron de la grande mosquée de Dakar, le président Macky Sall, dans une déclaration décalée, déphasée et inopportune, n’avait rien trouvé de mieux à dire que d’aller au secours de son frère, Aliou Sall, englué dans le scandale PETROTIM où il a trempé les deux mains à fond dans le cambouis. Les termes employés par le président de la République, à savoir “Sama rakk” (mon jeune frère), laissent perplexe et donnent raison à ceux qui estiment que Macky Sall ne fait pas la différence entre la famille et la patrie. A cet égard, Pape Djibril Fall, journaliste au GROUPE FUTURS MEDIAS (GFM), a bien fait de reprendre de volée le président Macky Sall : “République khamoul rakk khamoul doom…”. Toutefois, cette intrusion intolérable des proches du chef de l’Etat dans les affaires de la République, qui fait vraiment désordre, n’est pas l’apanage du Sénégal, car on la retrouve, avec des variantes, dans bien des contrées du monde, et même dans des pays considérés comme des démocraties très avancées.

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DE LA TOUTE PUISSANCE DES PREMIÈRES DAMES

“Le rôle de Première dame, ce n’est pas qu’inaugurer des chrysanthèmes”. Cette assertion, beaucoup d’épouses de chefs d’Etat l’ont prise à la lettre et ont fait un dépassement de fonction qui les a fait sortir l’ornière et des seconds rôles souvent imposés par le protocole.

Leïla Ben Ali (Tunisie)

Leïla Ben Ali est la seconde épouse de Zine el-Abidine Ben Ali, président de la République tunisienne de 1987 à 2011, et par conséquent Première dame de Tunisie, de son mariage le 26 mars 1992 au 14 janvier 2011. Lors de l’élection présidentielle de 1999, elle participe activement à la campagne de son mari. Ses activités à la tête de l’association caritative Basma pour la promotion de l’emploi des handicapés, association qu’elle dirige à partir de sa fondation le 7 mars 2000, sont très médiatisées par le pouvoir tunisien. Ses prises de parole se font alors plus fréquentes : présente à toutes les cérémonies officielles, elle lit parfois des discours à la place de son mari. L’exposition médiatique accrue de Leïla Ben Ali durant la campagne électorale pour les élections présidentielles et législatives d’octobre 2009, où elle aurait occupé à cette occasion 14,12 % de l’espace consacré aux élections dans la presse tunisienne, devant l’ensemble de l’opposition, a fait considérer cette situation comme l’amorce d’une possible volonté de celle-ci de succéder à son mari, en raison notamment de la santé du président parfois considérée comme chancelante, ou de favoriser ses proches, son gendre élu député et le parti au pouvoir, à l’occasion de ces élections. Elle est à l’origine d’une généralisation de la corruption dans son pays, dont les principaux bénéficiaires sont les membres de sa propre famille, les Trabelsi, qualifiée selon les observateurs ainsi que par les services de l’ambassade américaine en Tunisie, de “clan quasi-mafieux”.

Ainsi, la fortune personnelle du couple Ben Ali, amassée pendant les 23 années de pouvoir, et estimée à quelques milliards d’euros placés sur des comptes bancaires à l’étranger ou investis dans l’immobilier, serait essentiellement le résultat des détournements de fonds opérés durant cette période par le clan Ben Ali-Trabelsi. Cette situation est l’un des principaux éléments déclencheurs de la révolution qui renverse le régime en 2011. Comme son mari, elle part alors en exil en Arabie saoudite où elle réside toujours, même si elle fait l’objet d’un mandat d’arrêt international. L’ensemble de ses biens sont réquisitionnés par l’État et placé sous tutelle. Le gouvernement tunisien demande, au niveau international, son extradition vers la Tunisie. L’association caritative Basma, qu’elle dirigeait, est placée sous administration judiciaire. Son procès s’est ouvert à Tunis le 20 juin 2011, sur des chefs d’accusation civils. Leïla Trabelsi et son mari, Zine el Abidine Ben Ali, sont condamnés à 35 ans de prison par contumace ainsi qu’à 45 millions d’euros d’amende, pour détournement de fonds publics et malversations. Lors d’un second procès, elle est condamnée à 6 ans de prison pour complicité et possession illégale de devises. Selon des sources bien informées, l’ascension au sommet du pouvoir de Leïla Ben Ali, a permis à certains membres de sa famille de s’impliquer graduellement dans plusieurs secteurs de l’économie tunisienne. Elle s’est transformée en acteur politique de premier plan, certains observateurs croyant discerner son influence derrière certaines promotions dans les sphères de l’Etat tunisien.

Pour Jean-Pierre Séréni, du journal Le Monde Diplomatique, Leïla Ben Ali symbolise pour l’opinion publique la rapacité de la famille présidentielle, même si sa fortune reste difficile à estimer. Selon Abdelaziz Barrouhi, journaliste, diplômé de sciences politiques de l’Université de Paris-Sorbonne, chaque frère et sœur de Leïla, ainsi que leurs enfants, recevaient chaque mois une enveloppe contenant entre 200 000 et 300 000 dinars. Imelda Marcos (Philippines) Imelda Marcos, est la femme de Ferdinand Marcos, dixième président des Philippines de 1965 à 1986, qui mourut en exil le 28 septembre 1989. Imelda Marcos était surnommée “le papillon d’acier” ou “le papillon de fer”. Après la chute du régime, elle fut accusée, avec son mari, de détournement de milliards de dollars. Revenue en politique, elle est actuellement députée. Mais, c’est le train de vie d’Imelda Marcos, aussi fastueux que celui de son mari, qui fit entrer dans l’histoire le nom de cette Première dame et de ce couple. En 1979, ils dépensèrent cinq millions de dollars lors d’une tournée de lèche-vitrine à New York, à Rome et à Copenhague. En 1983, elle affréta un avion privé à destination de l’Australie, afin d’aller chercher du sable blanc pour sa plage privée. Elle acheta pendant les années 1980 un nombre important d’appartements à Manhattan, notamment dans le Crown building (51 millions de dollars) et le Herald Centre (60 millions de dollars). Elle posséda dans ces derniers, 175 œuvres d’art, dont celles de Michel Ange, Botticelli et Canaletto, qui furent saisies lors de la chute du régime. Elle organisa des évènements publics coûtant plusieurs millions de dollars, notamment l’élection de Miss Univers 1974, qui nécessita la construction, pendant trois mois, du Théâtre des Arts populaires, qui compte 10 000 places. Elle orchestra le “Kasaysayan ng Lahi”, un extravagant festival mettant en scène l’histoire des Philippines. Elle fut notamment critiquée pour les trois mille paires de chaussures qu’elle s’offrit aux frais du régime et les constructions pharaoniques qu’elle lança à travers le pays, comme le Centre culturel des Philippines, des Instituts médicaux du cœur, des poumons et des reins, le Centre de convention, le Palace “Coconut” et le Centre cinématographique de Manille, un bâtiment de 1982, construit pour accueillir un éphémère festival de cinéma international. En 1985, les prêts contractés par le gouvernement atteignirent 28 milliards de dollars, totalisant en un an, plus de dépenses que pendant les vingt années précédentes.

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Raïssa Gorbatchev (URSS)

une influence décisive sur l’évolution de la condition féminine dans son propre pays. Raïssa Gorbatchev joua un rôle essentiel dans l’affirmation publique de la volonté réformatrice de son époux de président de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS), tandis que son charme et son élégance fascinaient les medias et l’opinion internationale au cours de visites officielles à l’étranger à l’impact spectaculaire. Après la mort de Raïssa Gorbatchev, les premiers jugements de la presse russe et les témoignages recueillis auprès de la population de Moscou, insistèrent sur les qualités humaines et morales de la disparue et même les reproches concernant son omniprésence dans les media et un comportement perçu comme trop occidental, en rupture avec l’effacement traditionnel des épouses des dirigeants soviétiques.

Danielle Mitterrand (France)

Danielle Mitterrand, était l’épouse de François Mitterrand, président de la République française de 1981 à 1995. Ancienne résistante et personnalité engagée dans le monde associatif, elle a créé la fondation France Libertés – Fondation DanielleMitterrand en 1986, qu’elle a présidée jusqu’à sa mort. En 1981, après l’élection à la présidence de la République de son mari, François Mitterrand, la nouvelle “Première dame” de France se plie au protocole en remplissant ses obligations d’hôtesse pour les invités de marque du Palais de l’Elysée; néanmoins, elle prévient qu’elle compte imposer son style : “Je ne suis pas une potiche”. Celle qui préférait se faire nommer “l’épouse du président de la République” que “Première dame de France”, avait son bureau personnel au Palais présidentiel de l’Élysée, mais habitait toujours au 22, rue de Bièvre (5e arrondissement de Paris). Le couple présidentiel passait ses vacances à Latché, où était même invité le dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev. Danielle Mitterrand était aussi connue pour ses prises de positions en politique internationale française. Elle se créa un espace autonome d’engagement politique tiers-mondiste très marqué. Ses prises de positions politiques et humanitaires étaient très ancrées à gauche. Ces positions avaient quelquefois mis son mari, François Mitterrand, dans une situation diplomatique délicate pendant sa présidence. Ses prises de position en politique étrangère française, étaient sans préjudice de ses prises de position en politique intérieure. Elle était la première épouse d’un président français à prendre clairement position sur la scène politique nationale : lors d’une interview au JOURNAL DU DIMANCHE, en décembre 1986, elle critiqua fortement le gouvernement de droite de Jacques Chirac, qui, selon elle, “fait tout et n’importe quoi”. Danielle Mitterrand resta active entre la fin du mandat de son époux, en 1995, et la mort de celuici, en 1996. Danielle Mitterrand s’éteignit le 22 novembre 2011, à l’hôpital Georges-Pompidou, à l’âge de 87 ans.

Simone Gbagbo (Côte d’Ivoire)

Simone Gbagbo est une syndicaliste et femme politique ivoirienne. Députée dans les années 1990 et 2000, elle est Première dame de Côte d’Ivoire de 2000 à 2010, en tant qu’épouse de Laurent Gbagbo, président de la République, sur lequel elle exerce une certaine influence. En 2015, elle est condamnée par la justice ivoirienne à 20 ans d’emprisonnement pour atteinte à l’autorité et à la sûreté de l’État. Elle est amnistiée par le président Alassane Ouattara en 2018. Première dame du pays à partir du 26 octobre 2000, alors que son époux devient président de la République, elle participe à la cérémonie d’investiture alors que la campagne présidentielle s’est terminée dans le sang. Elle choisit toutefois de ne pas se cantonner à un rôle de représentation. Elle se retrouve au cœur même des grandes décisions politiques de son pays. Le mandat présidentiel de Laurent Gbagbo s’étant déroulé dans un contexte post-guerre civile, avec des affrontements réguliers, Simone Gbagbo, en réaction, choisit de faire preuve de fermeté. Il s’agit désormais d’un couple uniquement politique, Simone Gbagbo faisant chambre à part. Ses actions dans le pays ne se limitent donc pas aux associations caritatives. Elle se présente le 10 décembre 2002 pour redevenir députée d’Abobo. Son bagage de syndicaliste et de femme politique, lui permet de prendre ouvertement position sur la politique de la Côte d’Ivoire. Elle veille cependant à ne jamais contredire son époux en public et participe rarement aux réunions officielles ou interviews, pour laisser Laurent Gbagbo seul en scène. Sa position de Première dame lui vaut également le fait de passer pour une conseillère de l’ombre de son mari, sinon de peser sur la vie politique du pays. Elle déclare ainsi à L’Express : “Tous les ministres ont du respect pour moi. Et on me situe souvent au-dessus d’eux”. Certains membres du gouvernement de son époux étaient des proches de Simone Gbagbo avant de se retrouver dans l’équipe gouvernementale. En juillet 2001, le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, déclare après un sommet sur la Côte d’Ivoire : “Si les décisions arrêtées ici rencontrent des difficultés pour être appliquées, il nous faut envisager la prochaine fois d’inviter Mme Simone Gbagbo à nos travaux. Sa meilleure compréhension des solutions peut nous aider à les mettre vite en œuvre”, illustrant en filigrane l’influence de la Première dame. Le 18 août 2011, comme son mari, elle est inculpée par la justice ivoirienne et placée en détention préventive pour “vol aggravé, détournement de deniers publics, concussion, pillage et atteinte à l’économie nationale”. Le 26 décembre 2014, le procès de Simone Gbagbo s’ouvre formellement à Abidjan pour “atteinte à la sûreté de l’État”. Le 10 mars 2015, elle est condamnée à 20 ans de prison, à l’unanimité du jury, pour “attentat contre l’autorité de l’État, participation à un mouvement insurrectionnel et trouble à l’ordre public”. Son pourvoi en cassation est rejeté le 26 mai 2016. Le 6 août 2018, le président Alassane Ouattara annonce l’amnistie de 800 prisonniers, dont Simone Gbagbo, dans un souci de “réconciliation nationale”. Simone Gbagbo est libérée de l’École de la gendarmerie deux jours plus tard, le 8 août 2018.

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Rosine Soglo (Bénin)

Rosine Soglo, est une femme politique béninoise. Aujourd’hui députée à l’Assemblée nationale du Bénin, elle est également membre du Parlement panafricain. Épouse de Nicéphore Soglo, elle est Première dame du Bénin entre 1991 et 1996. Au Bénin, Nicéphore Soglo, ancien administrateur de la Banque Mondiale, remporta avec 67%, l’élection présidentielle de 1991, contre le général-président Mathieu Kérékou. Au cours de son mandat, Nicéphore Soglo s’entoura de technocrates africains occidentalisés, issus, pour certains, d’institutions internationales. Comme pour incarner “la nouvelle modernité”, son épouse, juriste de formation, s’engagea, elle-aussi, résolument en politique, à 58 ans. Le 24 mars 1992, elle créa un parti politique, la Renaissance du Bénin (RB), pour soutenir son mari et en prît les rênes. Mais, contre toute attente, Nicéphore Soglo perdit, tour à tour, les élections présidentielles de 1996 et de 2001, contre l’inusable Mathieu Kérékou. Pourtant, il est admis et même attendu, dans la plupart des pays, que la Première dame s’investisse dans le domaine social, par le biais d’associations, fondations, organisations non-gouvernementales (ONG) ou autres institutions de bienfaisance. Elle est également appelée à incarner à l’étranger, l’image de la femme du pays, en accompagnant son époux dans les voyages officiels. L’engagement de la Première dame dans la sphère politique, peut aussi consister à assumer la présidence d’honneur de la section féminine du parti de son époux ou prendre la forme d’un engagement personnel dans la campagne électorale, aux côtés de Ce dernier. Cependant, les exemples de Premières dames jouant un rôle politique de premier plan sont, le plus souvent le fait de femmes dont le militantisme avait précédé l’arrivée de leur mari à la tête de l’Etat (exemple de Simone Gbagbo). Rosine Soglo est, quant à elle, la première femme de président, sans passé militant, devenue chef de parti politique alors que son mari exerçait le pouvoir suprême.

Marème Faye Sall (Sénégal)

Epouse du président Macky Sall, Marème Faye Sall est la Première dame du Sénégal depuis 2012. D’une influence de plus en plus grandissante, elle a mis sur pied une fondation, “Servir le Sénégal”, qui fait, certes, de très bonnes actions, mais empiète sur les plates-bandes de beaucoup de ministères. Elle a sa cour, ses courtisans et ses troubadours. Des ministres, hauts-fonctionnaires et députés lui font la révérence, au prix de tirage de chapeau (bonnet), de génuflexions et de courbettes. Simple ménagère avant que son mari ne soit devenu président de la République, Marème Faye Sall est aujourd’hui assise sur un insolent et impressionnant patrimoine immobilier et financière, et compte pour l’une des plus grosses fortunes du Sénégal. Même si elle n’a aucune fonction officielle dans l’armature institutionnelle du Sénégal, Marème Faye Sall est au cœur des grandes décisions qui engagent l’Etat du Sénégal. En plus d’être la confidente, la conseillère privée et l’oreille du président Macky Sall, Marème Faye Sall agit à visage découvert et ne fait pas mystère de son omniprésence dans la vie publique. C’est quand même sidérant d’entendre tous les jours au Sénégal, des segments socioprofessionnels dire publiquement qu’ils vont saisir la Première dame, Marème Faye Sall, pour espérer voir leurs problèmes résolus. Comme s’il n’y avait pas d’Etat au Sénégal, et que seule, Marème Faye Sall, est l’alpha et l’oméga de la Nation sénégalaise, réceptacle de toutes les doléances et porteuse de solutions à toutes les revendications. Le 1er mars 2016, Marème Faye Sall se rend chez Youssou Touré, qui a démissionné de son poste de ministre et de l’APR. En effet, ce jour-là, avant l’appel du muezzin pour la prière de Timis, Youssou Touré, président du réseau des enseignants de l’APR, par ailleurs secrétaire d’Etat à l’alphabétisation et des langues nationales, signe son divorce avec Macky Sall en annonçant sa double-démission.

Et c’est Marème Faye Sall herself qui est intervenue, en se rendant illico presto au domicile du tonitruant “ministre” pour le faire revenir à la raison. C’est ainsi que, avant la prière de Guéwé, Youssou Touré a ravalé sa langue. Qui ne se rappelle pas aussi de la grosse révélation-bourde de Mbagnick Ndiaye, aussitôt nommé ministre, qui avait crié haut et fort, sur tous les toits, que Matar Bâ et lui sont devenus ministres, grâce à la Première Dame, Marème Faye Sall, à qui ils sont redevables de tout. Ce que le chef de l’Etat et ses collaborateurs n’ont jamais démenti d’ailleurs. Et depuis lors, Mme Sall est considérée au sein de l’opinion, comme celle qui fait et défait les carrières des femmes et des hommes autour du chef de l’Etat, parce qu’intercède toujours en faveur de ses amis et proches. Il s’y ajoute que, d’après des gorges profondes, Macky Sall est un homme très timoré, influençable et qui a du mal à s’assumer. Qui est plus indiqué que son épouse, Marème Faye Sall, pour nous dire qui est véritablement l’homme qui gouverne le Sénégal depuis 2012, que les Sénégalais ont élu le 25 mars 2012 et réélu le 24 février 2019, sans bien le connaître réellement ? Et Marème Faye Sall, sans sourciller, de révéler dans une interview accordée au journal L’EXPRESS, reprise par SUD QUOTIDIEN dans sa livraison du jeudi 24 juillet 2014, page 3 : “Macky est un sentimental, lorsque c’est difficile, qu’un dossier est très compliqué, je demande qu’on me transfère les dossiers, mon mari est sentimental et sensible, faut pas lui donner des dossiers lourds”. Souleymane Jules Diop l’avait dit : « Voter Macky, c’est élire Marème».







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