Le texte ci-dessous est tiré du livre « Servir » de l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye, paru en 2014 chez Didactika.
Le programme de mise en œuvre de la stratégie nouvelle en matière d’électricité accuse peut-être quelques lenteurs à la fin août 2013. Mais la bonne direction est prise, et l’option consistant à privilégier les projets se dénouant le plus rapidement est respectée, tout en essayant de conserver une marge de sécurité significative entre la production et la consommation maximale projetées.
Sous la préoccupation de la priorité à donner aux projets susceptibles d’entrer le plus rapidement en production, la solution qui avait ma préférence n’a pas été retenue. Il s’agit de la proposition « Sénégal 500 » reçue de la société américaine «General Electric» (GE). Elle consistait à mettre en place au Sénégal un « Power Park » de 500 MW d’ici 2018, dont 240 MW rendus disponibles dès 2015.
Cette solution porte mes faveurs pour plusieurs raisons :
Elle est conforme à l’option stratégique forte de laisser la production à des investisseurs privés concluant avec la SENELEC des contrats d’achat d’énergie.
Du haut de son chiffre d’affaires annuel de près de 75 000 milliards FCFA, le maître d’œuvre de l’investissement est une des plus grandes entreprises mondiales. Les risques de non réalisation et de non respect des délais sont donc faibles. En outre GE se fait fort de réaliser le «Power Park» et de trouver les investisseurs qui en seront propriétaires. Le modèle proposé est donc « clés en main ». Son représentant pour le Sénégal, me rend d’ailleurs visite avec le premier des trois opérateurs qui devront être retenus.
Le concept de « Power Park » repose sur la recherche d’un optimum par lequel plusieurs centrales de production d’électricité partage une série d’équipements communs, ce qui permet une économie d’échelle, et donc une baisse du coût du projet de 30 %. La production d’électricité se ferait à partir de gaz naturel liquéfié (GNL) ou compressé, en conformité avec le projet de mix retenu par le Sénégal. C’est de l’énergie propre, et l’avenir des prix du gaz pousse à l’optimisme.
Il est annoncé possible d’obtenir un soutien du fonds mis en place par le Président Barack OBAMA « Power for Africa », lequel n’a pas encore de bénéficiaire francophone. Ce fonds permettra le financement sous forme de don d’une partie des frais d’étude et de mise en œuvre du projet jusqu’à un montant de 35 milliards FCFA. Cela amoindrira d’autant le montant de l’investissement initial, et donc le prix de vente du KWh à la SENELEC.
En même temps que je propose de soumettre au Président OBAMA en visite au Sénégal le projet et la requête de recours au fond «Power for Africa», j’attire l’attention sur certains promoteurs qui pourraient nous faire lâcher la proie pour l’ombre. On a en effet peut être trop misé sur le projet « Liberty » de 300 MW au gaz, proposé par une société créée après avril 2012, n’ayant jamais réalisé de centrale électrique, et traînant déjà un contentieux aux Etats-Unis. De plus les projets charbon de notre plan stratégique accusent des retards qui pourraient s’allonger. Enfin, les pays de la sous-région prétendant à l’émergence ont retenu cette option puisque le Nigeria (10 000 MW), le Ghana (1 000 MW) et la Côte d’Ivoire (1 000 MW) se sont engagés par MOU dans la solution Power Park de GE.
Je garde de ce dossier un sentiment de belle opportunité ratée.