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Tanor, Enfant De La RÉpublique Et Serviteur De L’État

Il a entamé son itinéraire en optant pour la carrière diplomatique et pouvoir devenir, ainsi, un grand serviteur de l’Etat. Il a fini par devenir à la fin de son itinéraire un homme politique et un chef d’un parti qui est passé du pouvoir à l’opposition avant de devenir un parti allié dans une nouvelle majorité présidentielle où le leadership était détenu par un nouveau parti et son leader. La vie, la trajectoire et le destin d’Ousmane Tanor Dieng peuvent résumer admirablement l’histoire politique nationale de ces quarante dernières années. De la splendeur et de l’hégémonie du parcours socialiste sous Abdou Diouf, de 1981 à l’an 2000, à la descente aux enfers de ce même parti, entre 2000 et 2012, avec l’avènement de la première alternance sous Wade et sa résurrection sous le même OTD à partir de 2007, malgré les coups de boutoir d’un adversaire politique aussi dur et cuirassé qu’est un Abdoulaye Wade devenu 3e Président de la République du Sénégal ne l’ont jamais fait scier ou flancher. OTD est toujours resté droit dans ses bottes, malgré l’impitoyable acharnement du prophète du Sopi à démanteler l’historique parti senghorien que lui, Tanor, venait d’avoir en héritage après l’exil de Diouf en France avant sa seconde vie politique à l’OIF. Tanor que Wade condamnait à un destin de Sisyphe rependra plutôt l’escalade du rocher pendant que les rats quittaient le navire donnant mode à la transhumance et finira ainsi par ramener le PS au pouvoir en 2012 après la chute du tombeur de Abdou Diouf.

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Il n’y a pas loin du Capitole à la Roche Tarpéienne et l’homme démontrait, ainsi, son endurance et sa capacité à conduire ses troupes à la victoire après la longue traversée du désert pour un parti qui, avant l’an 2000, n’avait jamais goûté à l’opposition. De Tanor Ousmane Dieng car il était plus estampillé Tanor que Ousmane Tanor Dieng, les annales politiques du Sénégal retiennent l’élégance vestimentaire d’un homme de grande taille, un dandysme vestimentaire de l’homme qui le mettait à son aise et le rendait agréable pour ses contemporains qu’il soit habillé à la mode traditionnelle ou occidentale. Ce fier sérère de la Petite Côte, attaché à ses racines, sportif accompli et supporter inconditionnel de tous les sportifs sénégalais et de toutes les équipes nationales en compétition pour défendre les couleurs nationales, ne s’économisait jamais pour leur apporter son soutien. Cet homme avait quelque chose de très rare dans la vie, il savait faire la différence entre l’essentiel et l’ostentation. Ce qui l’a toujours rendu avare en propos et commentaires alors que, sur la scène politique nationale, le bavardage est considéré comme une qualité ou un don par certains. Il en est de même, d’ailleurs, de la recherche permanente d’une image à polir ou à entretenir. Ce scientifique de formation, devenu juriste après un passage à la Faculté des Sciences Juridiques et Economiques de l’Université de Dakar, actuelle Cheikh Anta Diop (UCAD), manifestait un véritable culte pour le service de l’Etat et de son pays car il s’est toujours proclamé être un fils de la République. Ainsi, lors de son installation à la présidence du HCCT, il a tenu dans son discours à magnifier ce sacerdoce car, pour lui, sérère et fils de paysan « c’est l’école de la République qui était venue à moi en ouvrant ses classes dans mon terroir d’origine » qu’est le village de Nguéniène, situé entre la paroisse de Ngazobil et la ville de Joal, celle de l’illustre poète et humaniste Léopold Sédar Senghor. Ce senghorien d’obédience, devenu dioufiste par sa carrière, n’a pas fait qu’hériter du fauteuil de Secrétaire Général du parti que Léopold Sédar Senghor a fondé et a légué à Abdou Diouf. Du penseur et visionnaire Senghor, Tanor aura beaucoup lu, appris et retenu de ses enseignements.

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L’organisation et la méthode constituent le viatique dont il usera durant son service au sein de l’Etat et son exercice à la tête du PS. C’est certainement pour l’avoir bien revisité que, de 1981 à l’an 2000, après son envol à partir de 1989 sous l’ombre d’Abdou Diouf, Tanor est passé du fonctionnaire au grand commis de l’Etat pour finir par être l’homme politique qu’il est devenu. C’est-à-dire un homme de pouvoir qui a toujours su que le pouvoir d’Etat s’exerçait par la capacité à opérer de la distance sur les hommes et les évènements, par la retenue face aux multiples enjeux, aux nombreuses contradictions, aux aléas et aux tentations de la vie. Sans jamais céder à la passion ou à l’exagération lors de son service et durant son exercice. Ainsi reconnaît-on l’étoffe d’un grand serviteur de l’Etat. Et chez « Grand-Bi », cela se traduit par l’itinéraire d’un jeune haut fonctionnaire qui voulait devenir un grand commis de l’Etat comme en raffolait le Président Senghor, qui s’est cru devenir un technocrate avec Abdou Diouf alors que le Destin, lui, avait choisi pour lui le costume d’homme politique qu’il a fini par devenir sans pour autant l’avoir choisi mais tout en l’acceptant comme étant la main de Dieu.







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