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Le Football : L’opium D’un Peuple Volé Et Privé De Liberte

Le Football : L’opium D’un Peuple Volé Et Privé De Liberte

Quand on a l’habitude de fêter la défaite, la victoire n’a plus d’enjeux sur le plan psychologique. La défaite est intériorisée et elle inhibe tout instinct de gagneur. Les ressorts psychologiques de la révolte sont ainsi brisés et l’on ne peut devenir excellent que par le recours aux procédés mystiques.

Voilà comment on fabrique un peuple peu ambitieux, peu exigeant, fataliste et peu enclin au sursaut et à la révolte. Un peuple autant pillé et broyé par la misère, mais qui se contente d’une deuxième place, de cinq buts marqués malgré tout le potentiel qu’on a ! Cette euphorie au lendemain d’une énième défaite ressemble à une névrose populaire, elle-même symptôme d’une dramatique manie d’autoglorification. Un peuple qui déborde de joie devant le palais d’un homme qui leur refuse leurs libertés constitutionnelles, les appauvrit et leur ment tous les jours… Syndrome de Stockholm ou domestication de EROS ?

Et à la fin de chaque campagne de coupe d’Afrique, c’est le même refrain : on n’a pas eu de chance, l’arbitre était contre nous, on nous a mystiquement combattus, etc. Pourquoi nos joueurs perdent autant de balles ? Pourquoi tant de maladresses devant les buts et dans l’exécution des coups francs ? Pourquoi les équipes adverses ont plus de facilité à entrer dans notre surface que nous dans la leur ?

A quoi sert une possession sans efficacité en football ?  Se relever d’une défaite, ce n’est pas faire la fête au soir d’une défaite, c’est plutôt prendre conscience des causes de ses défaites répétitives et s’employer résolument à y remédier.

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Même en Corée du nord, on sait transformer la défaite en « victoire » ; on sait imprimer des sentiments favorables au leader dans le cœur de citoyens pourtant torturés, humiliés, comme de vulgaires cafards et coupés du monde. Mobutu faisait faire ses louanges aux descendants de ses propres victimes.

Ce cynisme dans l’art politique est maîtrisé par les chefs d’Etat les plus médiocres. On avait bien préparé une grande opération d’absolution populaire, mais la providence n’épouse pas toujours les contours de nos calculs mesquins. On allait certainement dissoudre ou freiner l’exigence de transparence dans l’octroi de licences d’exploration du pétrole dans des scènes de liesse populaire. Quel dévergondage !

La grégarité est malheureusement toujours là pour occulter la solitude et l’impopularité du chef. Il faut forcément fêter la défaite-victoire parce qu’on ne doit pas laisser au peule un temps de lucidité, un temps d’introspection salvatrice. Au lieu de faire des critiques et des autocritiques rédemptrices, on préfère se consoler de la médiocrité.

Au lieu de s’attaquer à nos démons, nous nous projetons sans cesse sur les autres en leur faisant endosser la responsabilité de nos échecs répétitifs. Après la fête, toutes les fautes, les erreurs et ratés commis au Caire, seront bientôt oubliés et on recommencera à fantasmer. Le cycle de la désillusion n’est pas brisé, parce que nous refusons de voir la réalité, notre propre réalité. Nous aimons la facilité, nous n’avons pas la culture de gagneur : tout se négocie, y compris les diplômes et le paradis.

Nous ne croyons pas en nos forces, parce que nous refusons de prendre conscience de nos faiblesses. Alors, nous confions notre destin aux saints, aux forces obscures et autres charlatans aux allures hystériques. En 2002 j’aurais compris ce débordement de joie après la perte d’une finale, car c’était la première fois…

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On évoque la possession de la balle pour encore se contenter de chiffres factices : qui avait la possession quand le Sénégal battait la France ? Comment comprendre que malgré cette possession nous avons été incapables de revenir au score ? Depuis quand notre équipe nationale n’a jamais réussi à revenir au score ?

Au lieu de cultiver le culte du sacrifice on se complait à sacrifier de pauvres bêtes pour soi-disant conjurer un mauvais sort qui n’est au fond rien d’autre que nous-mêmes. Pourquoi le mental de nos joueurs est toujours mis en cause sans qu’aucune solution psychologique ou culturelle ne soit apportée à ce fléau ?

Pourquoi l’agressivité des autres équipes nous tétanise et nous empêche de jouer notre football ? Comment, à ce stade de la compétition, l’absence d’un seul joueur peut-elle déstabiliser toute une équipe ? Comment expliquer que dans les chantiers techniques de l’équipe nationale le problème d’un tireur de balles arrêtées se pose avec autant d’acuité ?

J’attends la réponse à ces questions pour comprendre nos désillusions chroniques en coupe d’Afrique. En attendant, mobilisons-nous pour les questions vitales comme celles relatives à la démocratie et aux ressources naturelles.







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