C’est à peine croyable ! Le pouvoir de Macky Sall a cette
fâcheuse habitude de toujours poser des actes contraires à
ceux qui sont attendus de lui. Il s’agit de ce que les sénégalais
appellent la philosophie de “Ngor-contraire”.
On attendait, dans le cadre du scandale de Pétro-Tim,
l’inculpation de personnages-clé, sur la base du rapport de
l’IGE complété par de véritables enquêtes. On n’a eu droit qu’à
un appel à témoins aussi grotesque que révoltant et
paradoxalement à l’arrestation arbitraire et indigne de Guy
Marius Sagna, une figure de proue de la lutte contre la mal-
gouvernance et le bradage de notre économie par les
puissances occidentales.
Pour le report des prochaines élections locales, en lieu et place
du consensus proclamé urbi et orbi, il s’agit d’une stratégie du
fait accompli, que dénoncent des entités politiques aussi
importantes que le PASTEF, le PDS, le Congrès pour la
Renaissance Démocratique…
La mort prématurée et regrettable du premier secrétaire du parti
socialiste à l’étranger, a fourni à certains observateurs, militants
et activistes de la trempe du brave Guy, l’occasion de relever
l’état de dénuement dans lequel se trouve notre système
sanitaire. Au même moment, la presse nous rappelle la
signature, il y a un an, par le gouvernement, de conventions en
matière d’évacuations sanitaires, avec deux grands hôpitaux
des îles Canaries et nous apprend aussi que des milliards de
francs sont dépensés annuellement dans d’onéreuses
évacuations à l’Étranger.
Les performances de notre sélection nationale de football,
quoique satisfaisantes dans la dernière période, ne sauraient
occulter les piètres prestations de nos clubs dans le
championnat national et encore moins masquer les résultats
catastrophiques du baccalauréat, au grand dam des parents
d’élèves.
Tant et si bien qu’on ne peut considérer cette hystérie collective
“quasi-préméditée” de toute une Nation autour de la Coupe
d’Afrique des Nations, que comme une gigantesque entreprise
de diversion, qui laissera bientôt la place au douloureux vécu
quotidien des citoyens sénégalais.
En effet, la morosité économique consécutive aux dépenses
somptuaires électoralistes et irréfléchies du premier mandat ne
laisse pas d’autre choix à notre gouvernement que d’appliquer
les recettes maléfiques des institutions financières
internationales, qui prônent l’austérité pour les couches
populaires.
Pour faire face au désenchantement des larges masses
populaires, particulièrement celui des travailleurs et de leurs
syndicats, le pouvoir cherche des boucs émissaires et se sert
de l’alibi éculé du terrorisme, pour juguler les velléités de
résistance populaire.
Pourtant, il ne faudrait pas prendre à la légère les
avertissements de FRAPP/ France Dégage. En effet,
récemment, la jeunesse malienne, toutes tendances
confondues, a exigé, lors d’une manifestation monstre, le
départ de l’Armée française, qu’elle accuse de soutenir – au lieu
de les combattre – les groupes terroristes, qui sèment la mort et
la désolation dans leur pays.
Il n’est pas inutile de rappeler, que la problématique de
l’insécurité s’est exacerbée pendant la période du vrai faux
consensus à la malienne, durant laquelle, le pouvoir de
l’époque reposant sur une méga-coalition unanimiste comme
Benno Bokk Yakaar, occultait les vrais problèmes du pays. Le
coup d’état, qui s’en suivit, est à mettre sur le compte de la
démotivation profonde des forces armées maliennes mal
équipées face à des forces rebelles possédant des armements
sophistiqués.
Notre pays n’en est peut-être pas là encore, mais devant le
nouveau contexte politique, marqué par la découverte de nos
nouvelles richesses naturelles, il est grand temps pour le
Président de la République et sa grande coalition de remettre
leur démarche politique à l’endroit, en initiant des mesures
fortes pour rétablir la confiance entre acteurs politiques.
À défaut et devant la persistance du style de gouvernance
autoritaire voire autocratique de nos dirigeants, le peuple
sénégalais devrait craindre non pas une hypothétique et fausse
alerte au terrorisme mais plutôt une vraie alerte à la dictature.
NIOXOR TINE
leelamine@nioxor.com
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