Parlons simplement ! L’interpellation de monsieur Adama Gaye, suite à des posts publiés dans son mur sur un réseau social, a suscité de nombreuses réactions dont certaines nous étonnent grandement, pour ne pas dire qu’elles nous scandalisent tout en nous interpellant. M. Gaye a écrit en tant que citoyen libre et doit assumer la responsabilité de ce qu’il dit, écrit, diffuse, publie… Il en est ainsi pour tout le monde.
Alors pourquoi, des organisations dont Amnesty International- Sénégal, reporters sans frontière (RSF) se sont levées, aussi promptement, encore, pour réclamer la libération de M. Gaye. C’est une attitude insultante pour la justice et la présomption d’innocence. Ne devraient-elles plutôt lui payer un avocat au lieu de proclamer son immunité si tant est que M. Gaye se réclame du même idéal que ces organisations-là ?
Ce qui a été publié dans Facebook n’est pas un article de presse comme le prouvent les nombreux posts borderline, la gestion d’une irritabilité dépressive des interventions de « ses amis » sur son mur.
L’auteur a été journaliste et il peut encore se réclamer du métier s’il en remplit les conditions. Cependant, il n’a pas, une seule fois, déclaré qu’il publie des articles de presse ou mieux qu’il s’agit d’un blog, comme d’autres en créent et en font une page d’expression et d’informations. Enfin, ce qu’il écrit sur son mur n’a ni la forme d’un papier de presse ni la consistance. Ne bénéficiant de quasiment aucun soutien de la presse nationale, on peut en tirer une conclusion simple : ce que monsieur écrit n’est pas considéré comme de la presse. Faudrait-il croire que les posts de Trump, c’est de la presse ? RSF qui s’est engagé brutalement dans cette affaire n’avait pas, à juste raison, soutenu son président, Robert Ménard, quand celui-ci a été viré parce que l’organe qui l’employait ne savait plus s’il faisait du journalisme ou exprimait ses opinions.
Au Sénégal, des journalistes ont été arrêtés pour divers délits liés à des articles utilisés comme moyens de chantage, aucune de ces organisations qui crient à l’intolérance n’a élevé une seule protestation. Alors, M. Gaye est-il plus digne de soutien parce qu’il s’attaque au président de la république ? C’est l’impression que me donne cet activisme de ces organisations, toujours debout, quand il s’agit de dénigrer notre pays, appuyer ceux qui rejettent nos valeurs culturelles et piétinent nos institutions. La virulence, la vulgarité et la grossièreté inqualifiables des écrits de M. Gaye indignent beaucoup de monde.
Tant qu’ils restaient dans le cadre de l’expression libre d’une opinion sur des faits publics libres d’interprétation, ils ne susciteraient que des réactions propres à l’écosystème des réseaux sociaux. En revanche, les écrits qui lui valent son interpellation ont été appréciés par l’autorité judiciaire comme susceptibles d’être soumis à un juge. Qu’ils en soient ainsi ! Nul n’est au-dessus des lois.
Racine Talla est journaliste, DG RTS