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Ne Faisons Pas De La Démocratie Ce Qu’elle N’est Pas !

Faut-il le noter pour le regretter, la démocratie, pilier fondamental de la République, de l’Etat de droit, est en passe de subir un sacré coup, une mauvaise interprétation  dommageable pour la cohésion sociale, la paix et la stabilité du pays. La cause  fondamentale à une telle situation  vient de la frivolité des intellectuels sénégalais et leur propension à papillonner sur les concepts (surtout venus d’ailleurs) pour lesquels beaucoup d’entre nous ne se donnent pas le temps, les moyens de maîtriser, l’historicité, le sens et les enjeux, et l’on en fait usage à tout bout de champ et devant toutes situations. Ainsi sous le couvercle de la démocratie, l’amalgame est devenu une pathologie endémie au Sénégal (prérogatives pro­cureur/juges, inculpa­tions/condamnations, démocratie/anarchie, société civile/ partis politiques, rumeur, opi­nion/faits, opposition/adversité etc.

Certains politiciens et alliés activistes, en mal d’audience qui pensent que par ce stratagème ou par la manipulation et l’intoxication ils parviendront à ferrer les masses pour leur cause à défaut de forger pour notre pays une image qui n’est pas la sienne, en ont décidé ainsi, aidés par une certaine presse qui doit sa survie au sensationnel, à des mises en scènes à la radio ou à la télé pour certains hommes publics aigris ou représentants d’organisations étrangères ou de la société civile, des mélodrames qui permettent à ces derniers de se valoriser ou  de légitimer aux yeux  de leurs délégataires leur statut ou rente. Ainsi assiste-on à un accaparement des médias par les mêmes qui cherchent ainsi par la tyrannie du discours à imposer aux non avertis leur perception biscornue de la démocratie.

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Jugeons-en, à les entendre caricaturer la démocratie, ils semblent dire que démocratie égale négation d’autorité, liberté de ton, d’actions dans l’impunité, anarchie, qu’en démocratie, il ne peut plus y avoir de mandat de dépôt, que le maître des poursuites chargé de veiller sur le respect de l’ordre public par la société et pour la société (l’Exécutif via le procureur et son chef) doit fermer les yeux sur tout ce qui se dit ou se trame, ou pour agir il doit consulter de soi-disant «comité» ou machins d’experts de droits de l’Homme. Ils vont plus loin pour insinuer qu’en démocratie il faut tolérer les offenses et certains poussent  l’audace jusqu’à vouloir banaliser et accréditer l’insulte dans nos cultures parce que, disent-il, nos enfants s’insultent à longueur de journée. Alors se pressent-ils pour avoir pignon sur rue, de demander la suppression de l’article 80 du Code de procédure pénale, en oubliant que les mêmes dispositions existent dans d’autres textes qui protègent tous les agents commis de l’Etat dans l’exercice de leurs fonctions et par voie de conséquence, la force publique de manière générale, incarnation de la société, de l’Etat : Pourquoi diable n’ose-t-on pas offenser le policier, le gendarme qui vous contrôlent, le magistrat, dans l’exercice de leurs fonctions et que l’on puisse concevoir qu’on puisse offenser le chef de l’Etat, symbole de la Nation, garant de l’ordre public ? Pourquoi le député bénéficierait-il d’une protection tout le long de son mandat (immunité) et pas le chef de l’Etat, clef de voûte des institutions ?

L’on avance péremptoirement que dans certaines grandes démocraties de telles dispositions ont été levées, sans dire avec quels citoyens, quelle culture ? Non, avec ce mimétisme irrationnel, qui étreint nos intellectuels et étouffe nos spécificités, on va droit au mur, vers la perversion. Oublie-t-on que l’injure ou l’offense a emmené des victimes  d’ici ou sous d’autres cieux  à laver l’affront de manière tragique ! Arrêtons donc pendant qu’il est encore temps cette hypocrisie, cette farce de mauvais goût qui consiste à donner l’impression qu’on aime et on travaille pour son Peuple, son pays pendant qu’on travaille à nous affaiblir et souvent sous commande de nos objecteurs de conscience. La démocratie telle que l’appréhendent beaucoup de nos citoyens nous conduit inéluctablement vers un «no man’s land» qu’elle n’a pas produit sur ces terres d’origine (Bassin gréco-romain).

La démocratie est trop sérieuse pour être laissée à la divagation intellectuelle et aux convulsions d’appétits politiques des uns et des autres, c’est le pilier de la République qui reste encore la forme la plus juste, la plus équitable, d’organisation du pouvoir. La démocratie est le meilleur mécanisme de régulation de la vie politique et de normalisation des relations citoyennes, mais elle a ses exigences dont la force de l’autorité acceptée de la majorité sur la minorité, adossée au droit ; c’est le résultat d’une organisation méthodique de la vie publique en un système de représentativité et de représentation codée. Elle fonctionne sur la base d’un certain nombre de principes et de valeurs dont le respect (lois et règlements, institutions), citoyenneté (biens publics, droits d’autrui, environnement), la discipline (interne et externe), l’humilité, la sublimation, l’éthique et la morale. C’est un processus itératif.

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 Walmack NDIAYE

Observateur politique 

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