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L’enfer Des Hémodialysés

Je dédie à ma collègue Mme Coumba Thiam, qui s’active bénévolement et en toute discrétion pour assister les insuffisants rénaux. Une seule phrase pour vous présenter cette brave dame : « Les anges ne sont pas seulement dans le ciel, ils sont parfois parmi nous, avec nous. »

Ils sont des milliers à en souffrir, mais seules quelques centaines bénéficient de la dialyse. Et quelle dialyse ! Cette terrible maladie ronge non seulement les tissus organiques, mais très souvent aussi la dignité du patient. L’insuffisance rénale tue deux fois : lentement elle dévore l’individu, socialement elle l’exclut de façon sournoise. Cette détresse inhumaine qui frappe des milliers de sénégalais est couverte dans un concert de politique pseudo sociale brouillonne, folklorique et peu efficace. Les casseroles font généralement plus de bruits quand elles sont vides que quand elles servent à faire la cuisson. Dans un pays où l’on parle de couverture maladie universelle, les hémodialysés n’ont même pas accès à des salles de dialyse suffisantes. Ils meurent à petit feu dans la souffrance et dans l’anonymat total tout près d’un luxe insolent.

Dans un pays où on engloutit des milliards dans un  TER, les hémodialysés manquent cruellement de lit pour bénéficier de ce précieux sésame. Dans ce pays à majorité de croyants, on préfère investir des milliards dans une arène de lutte ou dans un Dakar-Aréna plutôt que de sauver la Santé gravement malade. C’est ce qu’on appelle ignorer le sens des priorités. Mais le plus grave, c’est qu’aucune statistique viable sur les causes de cette pandémie n’est livrée aux Sénégalais. Le nombre de cancéreux, de diabétiques et d’insuffisants rénaux est exponentiel dans ce pays. Pourquoi tant de maladies rénales ? Pourquoi tant de décès ? Dans tout pays normal, des enquêtes ou études scientifiques auraient été commanditées depuis longtemps pour déterminer les causes de cette pandémie.

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La politique de gratuité de la dialyse au Sénégal est un scandale à l’image de toute la politique sanitaire de nos gouvernants. C’est triste et révoltant de voir comment des êtres humains pouvaient faire preuve d’une si grande cruauté envers leurs semblables. Les hémodialysés vivent un enfer, une injustice inhumaine, un scandale indigne d’un peuple civilisé : leur situation mérite que les organisations des droits de l’homme portent leur combat. Ça ne peut plus continuer, ça ne doit pas se passer au Sénégal. Ils souffrent : ils ont soif mais ne peuvent pas boire, ils ont faim, mais n’osent pas manger à leur faim, la chaleur suffocante les étouffe, mais ils ne peuvent faire autre chose que de la supporter. Imaginez une personne qui meurt de soif, mais qui a peur de boire par crainte de la gêne qui pourrait en résulter !

Comment peut-on engloutir des milliards dans des dépenses de prestige alors que des citoyens sont une situation aussi dégradante ? Ces milliards dépensés dans ce serpent de mer qu’on appelle bourses de sécurité familiale, ces milliards que madame la première dame distribue en son nom propre au point de rallier à sa cause tous les rabatteurs sociaux, (pseudos artistes, communicateurs traditionnels, légendes en faillite) ces milliards investis dans une arène de lutte qui ne peut pas abriter un grand combat… Tous ces milliards n’auraient pas été plus utiles à relever le plateau technique de nos hôpitaux ? Le Mouvement national des insuffisants rénaux du Sénégal (MIRS) avec à sa tête El Hadji Hamidou Diallo, mène un combat héroïque pour améliorer la situation de ses membres, mais ce serait une utopie que de penser que ce combat de titan pourra être remporté par des moyens aussi modestes.

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L’enfer à ciel ouvert, l’enfer dans l’enfer ! Avez-vous déjà rencontré un insuffisant rénal ? Cette terrible maladie fait des ravages et les politiques n’ont trouvé autre chose à faire que de politiser, comme à leur habitude, sa prise en charge. Lorsqu’en France on a constaté une augmentation des cas de 5 à 7 % par an, les autorités ont pris à bras-le-corps le problème de l’insuffisance rénale qui figure d’ailleurs parmi les priorités de la loi de santé publique de 2004. Mieux, les états généraux du rein (EGR) organisés en 2012-13 ont permis une amélioration de la prise en charge des malades. Chez nous, on préfère plutôt entretenir la nébuleuse : Les hémodialysés ont besoin d’être édifiés sur un certain nombre de questions. Combien coûte réellement le kit de dialyse sur le marché international ? A quel prix l’État l’acquiert-il et pourquoi ? Qui le vend à l’État et par quel circuit ? Combien de kits de dialyse sont achetés par L’État l’année ? Tous ces kits sont-ils exclusivement utilisés au Sénégal ? L’affaire des antirétroviraux est encore fraiche dans les mémoires et devrait inciter à plus de vigilance.

Nous savons que 4000 nouveaux cas d’insuffisance rénale chronique apparaissent chaque année. Il est donc très facile de savoir combien de kits de dialyse devraient être commandés par an. Si l’on en croit El hadji Hamidou Diallo (MIRS) le Sénégal dispose de 25 centres publics qui assurent une gratuité totale de la dialyse et de 5 centres privés qui dialysent entre 65.000 frs et 250.000 frs la séance. Face au déficit de lit dans le public, les patients moins infortunés se rabattent sur le privé. Pour celui qui a les moyens et qui fréquente les centres privés, il doit le faire 12 fois par mois, soit un coût annuel variant entre 9.360.000 FRS et 36 millions par an ! Pourquoi l’Etat ne réquisitionne pas les centres privés pour les obliger à avoir comme client l’Etat et non les patients ? Et ce, d’autant plus qu’il n’est pas exclut qu’il y ait des connexions suspectes entre certains professionnels du public et ces centre privés : il y a souvent des rumeurs sur l’existence de rabatteurs du privé dans le public !

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De toute façon les faits sont confus, la rumeur enfle et les malades se plaignent : ne serait-ce que pour mettre fin à ces soupçons, l’OFNAC devrait, à notre avis, se saisir de cette affaire pour éclairer a lanterne des patients et des Sénégalais. Ce système et, de façon plus générale, la CMU doivent être audités pour dissiper les soupçons. La corruption se comporte toujours comme un serpent : elle se faufile dans les circuits où on s’attend le moins à sa présence et frappe de manière sournoise. Le venin de la corruption agit exactement comme celui de certains serpents : il est neurotoxique, car il endommage le système nerveux.







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