Le policier maltraite le civil, le gendarme apeure ce dernier, le douanier le rackette, les civils eux-mêmes, ou les hommes génériquement parlant se haïssent, se médisent et se regardent en chiens de faïence en permanence.
D’où vient le problème ? Le mal n’est-il pas dans la racine ? Le problème n’est-il pas l’Homme, ou plus particulièrement le senegalo-senegalensis ?
Les hommes de tenue, militaires, policiers, gendarmes, douaniers, agents du service de l’hygiène, sapeurs pompiers, défendent l’intégrité territoriale, assurent la sécurité des personnes et de leurs biens, et la sauvegarde et à la licéité de l’économie nationale, veillent à la salubrité, au bien-être et à l’assainissement du cadre de vie.
Pour ce telos, ils ont droit à notre respect et mieux à notre estime et considération, car sans eux, point de paix, d’ordre, encore moins de la liberté dont la carence entraîne ipso facto la carence de dignité et d’humanité. Pour s’en convaincre, imaginons une société où il n’y a pas ces forces de défense et de sécurité que Louis Althusser appelle » l’appareil répressif » de l’État. C’est une société où règne le plus fort sur le plus faible, où la débandade est au paroxysme, où la violence et l’insécurité dictent leurs lois, où la jalousie naturelle et la méchanceté atavique de ce dernier sortent de leur état de puissance pour en arriver à leur actualisation, terme dont la saisie nécessite une référence à l’aristotélisme ou plus exactement au sens qu’Aristote donne aux concepts d’ACTE et de PUISSANCE.
Cependant, ces éléments, dont l’intérêt et la nécessité dans la vie et la stabilité de la société ne sont plus à démontrer, doivent recevoir une instruction et une formation supérieure leur permettant d’être au-dessus de la mêlée et d’inhiber les attributs belliqueux, bestiaux, larcins et agressifs de ceux qu’ils sont sensés gérer.
Malheureusement, quelle que soit la volonté bonne et affable de l’État d’offrir une formation de qualité à ces corps, en tenant en compte le respect de la personne et sa dignité et la sacralité de la vie humaine, on trouve partout et toujours des énergumènes, des éléments incontrôlés et incontrôlables qui se laissent souvent dominés par leurs penchants naturels et tymocratiques au point de fouler au pied tous les principes humains et humanitaires dûment inscrits sur la sellette des différents modules de formation. Mais cela ne doit absolument nous amener à leur manquer de respect ou à ne plus leur faire confiance, car ils sont les symboles et l’incarnation de notre État de droit dont le mépris conduit inéluctablement à l’anomie et à la déréliction, pour parler comme Durkheim, et cela risque d’être fatal à tout le monde. Ces cas isolés doivent seulement être considérés tels de l’ivraie qu’il faille sortir du vrai.
Faisons un tour dans les marchés, furent-ils Sandaga, Colobane, Okass, Thiaroye, HLM, hebdomadaires, Diourbel et Diakhao (jeudi), Nguékokh (dimanche), Ndiob (lundi), etc., on ne peut s’empêcher de constater soi-même comment les uns essaient de rouler les autres dans la farine. Comment les gens mentent, trichent, volent, chipent les plus crédules, les plus naturels, les plus cons qui sont les bons…
Faisons un tour à la gare routière et observons le commerce des apprentis chauffeurs avec les passagers. C’est un commerce qui frise vraiment l’insolence, la désinvolture et l’incivisme. Ils ne négocient pas avec les clients, ils ne stationnent pas non plus au bon moment et à l’endroit requis pour descendre un passager, mais seulement pour en prendre un autre. Malheur à celui qui, par mégarde, oublie quelque chose dans la voiture…quelles que soient sa finesse et sa promptitude à rebrousser chemin pour le réclamer, il n’a aucune chance de le retrouver. Et l’apprenti se défend avec une nette dextérité qu’on dirait que le mensonge, la filouterie et la roublardise s’apprennent dans la rue.
Faisons un petit tour au ministère, on trouve rapidement de petits fonctionnaires qui se prennent pour de hauts et qui, pour cela, maltraitent tout le monde, rapetissent toute personne étrangère au service, et offrent un accueil ostensiblement négatif. Ils sont prompts à éconduire gaiement le plus malheureux qui débarque chez eux. Leur position leur donne automatiquement le droit d’être arrogants envers tout le monde.
Allons au niveau des établissements scolaires pour voir les rapports qu’entretiennent les directeurs, les principaux, les proviseurs et les inspecteurs. La relation de domination et de suprématie qu’incarne le supérieur sur le subalterne est exécrable. Ces autorités scolaires se comportent devant leurs collègues enseignants comme si elles n’ont jamais touché ni frôlé la craie. Elles sont visiblement hautaines et paranoïaques. Et quand arrive la période des notations administratives, elles agissent comme des nobles devant leurs serfs. Elles deviennent plus distantes, moins bavardes, plus renfrognées, plus froides et moins chaleureuses avec leur personnel. Certaines d’entre elles, plus culottées vont jusqu’à faire chanter les plus malléables et les moins fiers des enseignants.
Le journaliste, quant à lui, se prend comme plus important que tout un chacun qui n’est pas journaliste. Il substitue son pouvoir à celui des médias. Autrement dit, son métier lui confère un sentiment de fierté, un pouvoir illusoire qu’il troque avec le devoir de régner sur toute autre personne exerçant un métier outre que le sien. Ce n’est qu’une vue de l’esprit. Ces dernières sont une arme incontestablement redoutable. C’est ce qui amène l’homme de média qui ne s’est pas approprié les dispositions déontologiques inhérentes au code du journalisme et d’hommes de média de considérer tout le monde comme de moins que rien, de vaurien ou de vaurienne. Avec la moindre occasion l’homme de média nous fait savoir qu’il est journaliste, animateur ou je ne sais quoi, surtout quand il est muni de cette plaque imprimée « PRESSE ».
Du côté des politiciens, nous voyons au quotidien des hommes qui traitent tout le monde comme des sous hommes. Ils oublient qu’il y a moins de cinq ans ils quémandaient la voix de ceux sans lesquels ils ne seront que des coquilles vides. Les politiciens sont tellement ingrats, injustes et malhonnêtes que faire la politique chez nous est synonyme de reniement, de blasphème ou l’autoflagellation morale, sociale, religieuse et même idéologique. Ils sont tellement préoccupés par l’efficacité qu’ils sont des stars dans l’art de mentir et de feindre la vérité. C’est dans ce contexte que le professeur de philosophie Alassane Kh. Kitane dit, dans Les épreuves de la dissertation et du commentaire philosophiques en classe de terminale, p. 42, que » L’homme politique est comme le sophiste, il donne la priorité à la persuasion et non à la vérité « . Aujourd’hui, ces politiciens occupent malheureusement le faîte de la pyramide sociale à cause du renversement des valeurs et du « crépuscule des idoles ». C’est vraiment le Sénégal à l’envers où les anti et pseudo-valeurs sont érigées en valeurs et prêtes à la consommation bénigne et sans danger.
Cette situation regrettable à laquelle on assiste atone, aphone et aphasique fait que partout se dressent des guignols, des clowns et des crapules pour endoctriner les moins avertis. Des personnes malveillantes s’affublent de tuniques et de tenues efféminées et emportant avec elles une masse aveugle de jeunes dont le seul tort est d’être daltoniens intellectuels. Ces stars qui, malheureusement, devaient dessiller les yeux aux moins avisés, conscientiser et sensibiliser les plus égarés des jeunes, sont les bras séculiers des puissances occultes et lobbies internationaux dont la seule mission est d’élever le niveau de perversion de notre société à son état maximal. C’est ce qui fait que ces joueurs de sales boulots sont solidement protégés, même par des structures tellement bien organisées qu’elles n’hésitent pas à se faire passer pour des » Régulateurs sociaux « . Ils ne régulent rien. Ils sont uniquement mus par l’argent et la recherche effrénée de gain et de jouissance immonde, sordide et immorale. Aujourd’hui, au Sénégal » l’AVOIR » a malheureusement pris le dessus sur « l’ETRE ».