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L’importance De La Compréhension De La «shahada» Et De Toute Profession De Foi Religieuse Dans L’humanisation Des Comportements Du Citoyen

Dans ce texte, le choix de l’Islam n’est justifié que par la position majoritaire que cette religion occupe au Sénégal. Dans le souci de mieux circonscrire la portée du sujet, mon propos débutera par ce cri du cœur : «L’Islam n’est pas fonctionnel au Sénégal.» C’est en réalité celui d’un jeune adepte de la voie de la Mouridiyya, face au chroniqueur Mamadou Sy Tounkara de la 2STV (Emission Sénégal ca Kanam). J’ai été impressionné par sa jeunesse et sa clairvoyance d’esprit. Sa remarque traduit simplement une très bonne compréhension de Masalik-al-Jinan, œuvre de son guide spirituel, notre vénéré et grand-père spirituel Cheikh Ahmadou Bamba. Un tel état d’esprit autorise l’optimisme quant à l’avenir de notre jeune Nation qui ne demande qu’à être bien gouvernée pour émerger.

En effet, le Coran, fondement de la religion musulmane, est à la Piété (Sagesse) ce que la Science (enseignée par le Créateur) est à la Technologie ; et le tout constitue la condition sine qua non de tout développement qui, au-delà d’une bonne gouvernance, n’est réalisable que par la Science et la Technologie, qui elles, se fondent sur la Vérité.

Le constat le mieux partagé est que depuis notre accession à l’indépendance, les Sénégalais vivent un malaise économique et social persistant malgré les différents gouvernements qui se succèdent de 1960 à nos jours. En réalité, c’est tout le sens à donner à la préoccupation de ce jeune citoyen, apparemment bon croyant. Mais n’est-ce pas cet état de l’Islam (décrit par ce jeune Sénégalais) qui justifie, en partie, l’incapacité de nos dirigeants à trouver la voie du bien-être que chaque citoyen devrait attendre d’un pays dont la majorité est composée de croyants engagés dans des religions (chrétienne et musulmane) ? En tous les cas, il est tout à fait incompréhensible de voir la majorité des Sénégalais choisir ces deux grandes religions qui véhiculent quasiment le même message divin et s’éloigner de la logique humaine qui leur dicte d’arrimer leur vécu à la Vertu.

Créé à l’image du Créateur, aucun homme n’a le droit, compte tenu de ce privilège exclusif et incommensurable, de trahir cette image. L’Homme est fait de vertus. Malheureusement c’est le temps qui le lui fait oublier, au fur et à mesure que la matérialité le colonise.

Par conséquent, sur cette planète Terre qui est un cadeau de notre Créateur, destiné à l’évolution de notre Race (une seule et même race humaine), l’Homme a été choisi pour en être le Roi. Or, un Roi, s’il ne dévie pas de sa fonction divine, ne doit gouverner que par la noblesse qui exclut toute forme de bassesse ; le Créateur le lui rappelle d’ailleurs, à chaque fois qu’il y verse. Oui, toute bassesse ou acte répréhensible, venant d’un être humain, est délibéré. Pour rappeler que nous sommes les seuls êtres ainsi formatés. En effet, à chaque fois que nous accomplissons un acte, notre conscience nous place devant un choix entre le Bien et le Mal. Le choix de notre bonne conscience au moment de l’accomplissement de tout acte, rejoint celui de notre Créateur omniprésent et nous éloigne, à cet instant précis, de notre capacité à faire le choix alternatif, celui de l’ingratitude et de la cupidité.

A mon humble avis, les religions ne sont que des rappels à l’ordre de notre Créateur, pour nous remettre sur le droit chemin, à chaque fois que notre tendance vire à la déviation ; Dieu nous aime et le dit clairement à travers les livres sacrés que nous transmettent des prophètes, nos semblables.

Pour dire que la foi en Dieu, doit référer, et cela, au quotidien, nos comportements à ceux d’une liste de noms de Dieu qui nous y renvoient (les seuls accessibles aux humains, s’entend). C’est dans cette liste que chaque croyant sincère, doit choisir les comportements qu’il juge adaptés à sa propre gouvernance. Il est donc certain que pour pouvoir gouverner, il faut apprendre à bien se gouverner. Ainsi, l’exemplarité devient-elle le modèle divin et humain de la Gouvernance.

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Dans un pays où les «Guides religieux» enseignent le message divin nuit et jour, où les prêcheurs se bousculent dans les émissions radiophoniques et télévisuelles, où les disciples des précurseurs des confréries religieuses récitent et chantent des poèmes de ces derniers à tout moment de la journée, où les «gamous» et les «magals» se succèdent d’année en année, il est très difficile de concevoir la perte des valeurs qui gagne la majorité de la population sénégalaise à 95 pour cent musulmane. Une telle situation, tout à fait regrettable, devrait interroger notre conscience de croyants sur une question toujours éludée : la compréhension réelle de la «Shahada» (profession de foi en arabe) qui demeure la quintessence de la foi musulmane voire de toute foi religieuse.

Il est important de rappeler que la profession de foi, soufflée dans l’oreille du nouveau-né, ne constitue qu’un vœu de ses parents qui espèrent ainsi en faire un musulman ; c’est donc, arrivée à la majorité (l’âge n’étant pas déterminant en Islam), que la personne doit confirmer ou renouveler cet acte de foi pour s’engager sincèrement dans la voie tracée par Dieu à travers le Coran.

En effet, la Profession de foi islamique (acte abstrait), est le premier des cinq (05) piliers de l’Islam. Les quatre (4) autres, excepté le Pèlerinage à la Mecque, sont des actes concrets renouvelés quotidiennement, pour fortifier notre attestation de foi qui demeure donc un engagement presque définitif et qu’on ne peut renouveler indéfiniment. Donc, loin d’être banale, la profession de foi constitue un acte majeur, profondément réfléchi, qui doit guider le choix de la religion islamique pour chaque croyant, pris individuellement. Personne ne peut le faire à la place de l’autre. C’est une décision tout à fait individuelle qui se prend, en toute responsabilité, en toute liberté, sans contrainte aucune et dans une conscience de plénitude. La «Shahada», ainsi bien analysée, permet à chaque individu de mesurer et d’apprécier à sa juste valeur, les trois dimensions indissociables de Dieu que sont : l’omnipotence, l’omniscience et l’omniprésence. Ces attributs exclusifs du Créateur sont, en réalité, au-delà du choix de religion, à la base de toute profession de foi véritable.

Dès lors, il est impératif de placer la «Shahada» au cœur de nos causeries religieuses en rappelant que l’Islam, au-delà de l’importance des confréries, appelle plutôt à une unité de foi au Coran qui, seul miracle, a fait du Prophète Mohamed (Psl), le modèle exclusif de tout musulman.

La Religion islamique nous enseigne que le Prophète Mohamed (Psl), est le seul messager et le modèle exclusif de vie pour tout musulman. A partir de cet instant, le Prophète (Psl), à travers le Coran et la Sunnah, doit être considéré comme le médium, au travers duquel, Dieu nous dicte sa Loi qui énonce, en réalité, tout ce que le croyant doit faire. Mais le véritable secret niché dans cette assertion divine est qu’en tant que Créature divine, tout croyant est formaté pour savoir ce qu’il ne doit pas faire. D’où la corrélation qui existe entre le mensonge et l’absence de foi. En effet, faire ce que l’on sait répréhensible relève du mensonge et de l’inacceptation de la dimension d’omniprésence de Dieu qui est le Seul à même de tester la sincérité du croyant ; la majorité des croyants n’ayant point ce don. C’est exactement cette compréhension de l’Islam que les fondateurs des différentes confréries ont voulu, unanimement léguer, par des pédagogies différentes, à leurs concitoyens sénégalais ; Eh oui ! Un héritage d’exemplarité dans toutes les vertus qu’incarnait ce modèle prophétique.

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Après presque dix (10) siècles d’islamisation, même s’il faut reconnaitre que l’Islam s’est réellement implanté au Sénégal après le déclin des royaumes dont la mort en 1886, du Roi du Cayor (Lat-Dior Diop), a sonné le glas, le constat de la déliquescence des valeurs au niveau de la population sénégalaise, devrait nous amener à nous interroger sur le portage ou non de l’héritage des propagateurs les plus connus de cette religion importée de l’Arabie depuis les années 1000 (El Hadji Omar Tall, Cheikh Ahmadou Bamba, El Hadji Malick Sy, Seydina Limamou Laye, Cheikh Moussa Kamara…).

Ces derniers, en toute bonne foi, n’ont fait que s’évertuer à se conformer au modèle prophétique et c’est à cela qu’ils nous invitent, à travers leurs écrits basés sur des pédagogies enseignées dans leurs communautés de disciples respectives. Ils ont tous œuvré pour le même dessein, celui de vivifier le flambeau allumé par leurs prédécesseurs comme le Cadi Omar Fall (créateur de l’Université de Pire en 1603), Thierno Souleymane Baal, Almamy Boubacar Kane, pour fortifier davantage la foi de leurs concitoyens.

Notre Créateur, à travers le premier verset (l’Adhérence, Al-Alaq ou Ikhra), dicté au Prophète Momahed (Psl), nous exhorte à le connaitre avant de l’adorer en nous exigeant, pour cela, l’humilité dans la contemplation. Contrairement à la compréhension populaire, ce verset nous appelle à l’appréhension des trois dimensions exclusives de notre Créateur d’autant plus qu’aucun enseignement spécifique n’y est précisé. En effet, l’Etre humain a tout à apprendre ; tout ce qu’il sait (de sa naissance à sa mort), lui est enseigné par la seule volonté de son Créateur.

Dès lors, à travers le Coran, Dieu s’adresse exclusivement à la seule Race Humaine dont la particularité est d’avoir le grand privilège de la Raison. En effet, sans m’opposer au Poète Léopold S. Senghor, loin d’être Hellène, la raison est tout simplement humaine. Seulement, même s’il n’est pas donné à tout le monde d’appréhender facilement ce qui apparait comme une évidence, chaque être humain observateur sait, au moins, que Dieu a l’exclusivité de la vie et de la création de la Matière Vivante. La Race Humaine ne détenant, en réalité, que la plus grande partie du monopole de la créativité matérielle et c’est cela qui donne un sens à la création de l’Homme sur Terre. Dès lors, la distance entre le Créateur et le créé est celle qui existe entre la vraie Science (détenue par Dieu) et ce que j’appellerais la «Quasi-Science» (enseigné à l’Homme), mais aussi entre la Matière Vivante et le Matériel. Il faut donc sublimer la Raison, qui seule, est en mesure de permettre à l’Homme de concevoir l’existence dans l’immatérialité.

Ainsi et dans un souci pédagogique, la question suivante mérite-t-elle d’être posée et partagée : peut-on réellement croire en quelque chose que l’on ne voit pas ? C’est dans la réponse à cette question, à priori difficile, que se situe le point de départ de la recherche et de la connaissance de Dieu. N’est-ce pas à ce niveau, que se situent tous les errements que l’on constate dans la pratique des religions et de l’Islam en particulier. En effet, et ce n’est qu’un avis, les religions, contrairement à la Science et à la Technologie (qui sont des instruments à la disposition de l’Homme, pour construire le Monde), ne servent qu’à construire l’Homme dans toute son Humanité et l’empêcher de sombrer dans la bestialité. Pour dire simplement que la connaissance du Créateur relève d’un exercice de Cogitation que l’on doit considérer comme un travail cérébral plus évolué que le simple fait de penser. C’est pourquoi, l’exercice de la Cogitation est une posture intellectuelle, à la portée de toute Créature humaine. Une telle posture, exclusivement humaine (de contemplation), permet à tout Homme de libérer tous ses sens pour les mettre en branle en direction d’une seule volonté de comprendre son environnement et de se connecter ainsi à l’Etre Suprême (Dieu) qui est à l’origine de sa création. C’est à partir de cet instant que tout Homme arrive à dépasser sa position de simple «Etre vivant pensant» pour évoluer, pas à pas, dans la vraie posture d’intellectuel, base de la compréhension des abstractions de son environnement et de la créativité humaine en général.

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Pour mieux servir les croyants sénégalais et les aider à parfaire leur foi, il est impératif qu’une large réflexion soit menée dans le but d’améliorer aussi bien les contenus que la pédagogie qui sous-tendent les prêches. Nos prêcheurs doivent insister davantage sur la «Shahada» dont l’incompréhension justifie la perte des valeurs et toutes les tares existentielles constatées au quotidien chez la majorité de ceux qui se réclament de l’Islam (trahison, méchanceté, duplicité, cupidité, corruption, concussion, détournement de deniers publics, tricherie au travail, malhonnêteté, ingratitude,…) en gros, tout ce qui illustre le mensonge (ou péchés sous toutes ses formes), qui exclut, d’office, le croyant de toute religion révélée et de l’Islam en particulier, surtout si cette tare est délibérément renouvelée au quotidien.

La complexité de la gouvernance d’une Nation, en compétition avec toutes les autres du Monde, avec une population qui ne cesse d’augmenter en nombre et en besoins, exige plus de sérieux de la part de nos Dirigeants. Les Sénégalais ne leur demandent pas de recréer le monde. Mais simplement, de copier et bien copier ce qui se fait de mieux ailleurs. L’humilité s’impose quand on ne crée pas. Dans un pays qui regorge d’atouts pour servir d’exemple aux autres pays de notre Afrique-Mère (au regard de sa trajectoire historique et de l’héritage légué par les colons), il ne reste qu’à mettre certains concepts au cœur de nos réflexions, pour leur meilleure compréhension, à savoir : citoyenneté, démocratie et laïcité. Il est aussi impératif de tirer la sonnette d’alarme en invitant ceux qui ont le privilège d’être considérés comme «Guides religieux» à s’impliquer davantage dans la Chose Publique (République) et à s’inspirer du Prophète Mohamed (Psl), Premier Commandeur des croyants à son époque et Homme politique au sens noble du terme «L’art de gérer une Cité».

Pour conclure, ma conviction est que la pratique des religions révélées par notre Créateur s’identifie à un apprentissage de la spiritualité. En effet, l’Etre humain, au-delà de sa constitution matérielle, se doit plutôt d’être spirituel. Cela renvoie d’ailleurs à la grande sagesse souvent attribuée à André Malraux quand il disait, je le cite : «Le vingt-unième siècle sera spirituel ou ne sera pas.» J’ajouterais que la vie est un mirage et nous devons la consommer avec l’Esprit. L’Homme Moderne est simplement, une illusion. Et pour Julien Green : «Tout homme est un prophète.»

Abdourahmane SY

Thiès, Keur Massamba Guèye 1

Sud Antennes

boumalick1@yahoo.fr

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