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L’offensive Du « venant »

Dakar, dépotoir de l’Occident et de l’Asie ? Il ne sera pas trop de qualifier la situation qui prévaut présentement dans la capitale sénégalaise. Le décor est si banal et familier à notre quotidien que rares sont ceux qui s’en rendent compte. En effet, Dakar est envahie,ces dernières années,par des tonnes de matériels de toutes sortes en provenance de pays d’Europe, d’Asie ou des Etats-Unis. Presque chaque jour, des propriétaires de conteneurs déversent des produits et autres articles de seconde main communément appelés « venants » dans des quartiers de la capitale (banlieue comme Plateau).

Bon nombre de nos compatriotes semblent y trouver leur compte. La preuve, il est fréquent d’assister à des scènes de bousculades pendant les opérations de déchargements de conteneurs. On ne se fait pas d’ami ; chacun guette le moindre article de valeur pour y sauter. Ceci traduit la perception imaginaire que le Sénégalais a souvent du matériel importé, mais aussi la forte demande en équipements à laquelle font face nos populations devenues plus exigeantes. Non sans oublier l’émergence d’une classe moyenne soucieuse d’un mieux-être. Un matériel, d’habitude, apprécié pour sa bonne qualité et sa durabilité. Est-ce pour dire que les articles produits localement, s’il y en a d’abord, sont d’une qualité douteuse ? Quand allons-nous chasser ce stéréotype consistant à penser que l’importé est toujours meilleur que le local ? Ce ne sont pas ceux-là qui s’activent dans ce business qui vont aider la population à se départir de ces « venants » d’autant qu’ils y tirent leur épingle du jeu. 

Il s’agit, pour la plupart, d’anciens émigrés reconvertis en importateurs faisant la navette entre Dakar et les pays européens ou américains. Aujourd’hui, d’autres opérateurs les ont rejoints dans cette activité florissante, aiguisant de plus en plus l’appétit de femmes et d’hommes d’affaires. Dans ces foires en plein air éparpillées un peu partout dans la capitale, chaque citoyen y trouve son business. De l’importateur au consommateur final en passant par les intermédiaires qui font également de bonnes affaires autour de l’importation de ces produits de seconde main. Bien évidemment, les caisses de l’Etat sont également servies à travers les droits de douanes. 

Toutefois, l’on ne peut pas passer sous silence les dangers que peuvent représenter ces produits dits « venants » non seulement pour la population, mais aussi pour l’environnement. L’essentiel de ces articles est composé d’ordinateurs, de télévisions, d’imprimantes, de réfrigérateurs, d’armoires, de bureaux, de chaises… Aujourd’hui, les Déchets d’équipements électriques et électroniques (Deee) sont une grande préoccupation pour nos Etats qui, malheureusement, sont désarmés pour y faire face. Ces concitoyens qui se ruent vers les conteneurs sont-ils véritablement conscients des risques liés à la présence de métaux lourds (plomb, mercure, cadmium) et de composants toxiques dans les Deee ? On ne peut pas oublier ces véhicules importés qui remplissent les parkings de la capitale. 

Au regard de l’ampleur d’un tel phénomène, il urge de sensibiliser les populations sur l’utilisation de ces matériels de seconde main en quête d’une nouvelle vie en Afrique, de doter le pays d’un tissu industriel capable d’absorber la demande intérieure en matière d’équipements. Pour éviter de transformer le Sénégal en décharges numériques des pays développés, des programmes de recyclages et de récupérations peuvent être mis en place. Et l’Agence de l’informatique de l’Etat (Adie) semble prendre les devants en initiant le « e-déchets » qui vise à procéder au recyclage écologique des déchets électroniques tout en créant de la richesse.







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