L’Afrique peut-elle se mettre sur les rails du développement ? Cette question est importante à plus d’un titre et, constamment, peuple la corbeille du débat intellectuel africain. Entre querelles fratricides, pillage de ses ressources par l’Occident, manque de patriotisme de ses leaders, pandémies, dictature, violence, intolérance, divisions, antagonismes entre africains…, l’Afrique est à la croisée du chemin. Son peuple, tourmenté par le pillage orchestré par certains pays Européens notamment la France avec la complicité de ses hommes d’État, miaule sa détresse et vit une situation anxiogène. À quand le changement ?
La question de savoir à quand le changement mérite une réflexion profonde à la conclusion de laquelle, l’Afrique doit décider de son destin. Les chantiers auxquels nous devons, en tant que jeunes, faire face sont énormes. Il est opportun de promener un regard critique aussi bien sur l’Afrique elle-même que sur le rôle des puissances occidentales. Quelle est la responsabilité de la société et nos hommes d’États sur la situation qui sévit dans notre continent ? À méditer !?
Avec plus de 30,3 millions de km2 en intégrant les espaces insulaires, une population estimée à plus de 1,1 milliards d’habitants, l’Afrique est un continent qui rassemble quelques 2500 ethnies et, c’est cela son atout, bénéficie de richesses naturelles importantes. Mais pourquoi avec toute cette richesse naturelle, intellectuelle, ethnique, culturelle…l’Afrique ne décolle pas ? Voilà un paradoxe qui mérite une réflexion.
Les défis à relever sont énormes. Mais, à y voir de près, l’on constate que certains de nos dirigeants ne sont point préoccupés par les questions qui hantent et terrifient leurs pays. La population africaine souffre, galère et meurt à cause de la vulnérabilité de nos États face à diverses pandémies. En effet, plus de 90 % des enfants atteints par le VIH en 2011 sont des Africains. En trente ans depuis la découverte du SIDA, 30 millions de personnes sont décédées, dont 20 millions d’Africains. Et selon les estimations de la mission de l’ONU (Onusida), en 2013 près de 34 millions de personnes, dont 25 millions d’Africains, sont contaminés, avec près de 3 millions de nouveaux cas diagnostiqués.
Dans un brillant article de l’économiste le défunt Pr. Samir Amin sur le néolibéralisme que j’ai eu le plaisir de lire il y a un an, il nous signale sur la stratégie orchestrée par les pays du Nord (Amérique, Europe, Corée du Sud…) pour piller l’afrique. leurs instruments de pillage sont des organisations telles l’Onu, la Banque mondiale, le FMI, l’OMC… Les pays Africains, interpelle le professeur dans , auront plus d’intérêts de s’allier avec les pays du BRICS (Russie, Brésil, Inde, Chine, Afrique du Sud…).
Nos dirigeants Africains sont pourtant avisés. Mais, je crois que certains d’entre eux, animés par des intérêts crypto-personnels, œuvrent pour les intérêts de l’Occident au détriment de leurs pays. Leur attitude frise la dépendance psychologique. Au Sénégal, par exemple, c’est Total, une entreprise française, qui donne les bons de carburant à nos ministres, députés, hauts fonctionnaires… Bon sang ! C’est inimaginable que Touba Oil, une entreprise sénégalaise, donne des bons de carburants aux ministres, députés et hauts fonctionnaires français. La France, quant à elle, exerce une pression psychologique sur certains chefs d’État africains.
Certes, l’Occident pille l’Afrique en grande pompe, mais il y a des questions internes à régler : le patriotisme, des tares de la société africaines et l’union africaine. Ces questions évoquées sont, pour moi, les bases d’un développement inclusif et durable. Nous devons parfois oser promener un regard critique sur la société africaine. Un vent de fronde intellectuelle doit souffler sur l’Afrique pour déclencher la révolution contre tous nos dirigeants corrompus, comploteurs qui, en connivence avec l’Occident, bradent nos ressources à des fins politiques. Il faut faire sauter les verrous du système : la famille, les lobbyings, les amis.
Une des questions les plus fondamentales pour faire face aux défis énormes auxquels l’Afrique fait face est celle de l’union. Si les pays du Nord pillent l’Afrique c’est parce qu’ils sont unis. Le Sénégal ne peut pas se développer dans une Afrique désunie… Sans union rien ne peut se faire de grand. D’où l’importance de repenser la question de l’intégration sous-régionale. L’unité africaine, le président Wade nous montre les pistes dans « Un Destin pour l’Afrique » pour y arriver, ne peut être possible que dans et par le patriotisme. Nous ne pouvons pas être unis si chaque homme d’État pense à comment s’enrichir sur le dos de son peuple.
L’Afrique a souvent la malchance d’avoir des leaders faibles devant l’intimidation et l’oppression de l’Occident. Des leaders qui cherchent le pouvoir pour avoir de la fortune. Des leaders dont les actes sont aux antipodes des notions de patriotisme, de justice, d’équité, de morale… Or, le vrai leader, comme Thomas Sankara, Patrice Lumumba, Nelson Mandela…est celui qui, prêt à mourir pour son peuple, se sacrifie pour défendre les couleurs de sa nation quel que soit les conséquences qui pèseront sur ses épaules.
Reste que, à contrario de bien des clichés, la démocratie progresse en Afrique. Le bilan positif des alternances réussies, particulièrement en Afrique de l’Ouest, prouve qu’il y a une avancée considérable. Même s’il faut souligner la question de la fiabilité des scrutins. Pour reprendre Voltaire, « tout n’est pas bon, mais tout est au meilleur ». Certains médias occidentaux, bras armés des lobbyistes, doivent arrêter de peindre l’Afrique sous des jours sombres… « Si le Noir n’est pas capable de se tenir debout, laissez-le tomber. Tout ce que je vous demande, c’est de ne pas l’empêcher de se tenir debout », affirmait à juste titre Venance Konan en reprenant un poète africain-américain.
À l’image de la Plaie du romancier sénégalais Malick Fall, dont le personnage principal, Magamou, finit par guérir d’une vilaine plaie et Les Guérisseurs du romancier Ghanéen Ayi Kwei Armah, dont la problématique s’articule autour de la maladie et de la guérison, il demeure nécessaire de panser l’Afrique. Dans les deux romans cités, il y a un rapprochement entre la maladie et l’état de la société africaine que les deux auteurs présentent en ayant un recours à un moyen rhétorique qui est la métaphore. Dès lors, on note un transfert de sens, du corps de l’individu au corps social à travers les maladies dont souffrent les personnages.
Pour panser l’Afrique il faut d’abord éveiller la conscience de nos citoyens sur les faits qui les accablent pour être plus exigeant envers nos hommes d’État. Il faut que nos dirigeants guérissent de la maladie du manque de patriotisme. L’Afrique se fera par les africains. Chacun doit jouer un rôle déterminant pour une Afrique unie. Une Afrique de soleil. Une Afrique où on ne regarde pas l’autre comme un ennemi, mais comme un frère. Une Afrique rayonnante.