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La Controverse Autour Du Choix Du «chef De L’opposition»

La Controverse Autour Du Choix Du «chef De L’opposition»

Les gens parlent du choix du «chef de l’opposition» comme s’il n’y avait pas de jurisprudence dans ce domaine au Sénégal. L’on ne devrait pas oublier que c’est avec Abdoulaye Wade que le «chef de l’opposition» a été institué, et que le choix fut impossible entre Tanor, qui avait plus de suffrage aux Législatives, et Niasse, qui avait plus de députés.

Il n’a pas été possible d’avoir un consensus dans l’opposition d’alors pour décider du choix de l’un d’entre eux. Le Président Wade ne pouvant pas constitutionnellement choisir l’un d’entre eux, la fonction de «chef de l’opposition» n’a jamais été occupée.

Aujourd’hui, c’est rebelote ! Qui choisir entre Idrissa ayant le plus grand suffrage à l’élection présidentielle que le Pds a boycottée, et Wade qui seul dispose de groupe parlementaire parmi les partis d’opposition.

Cette arlésienne résulte du fait que la trajectoire politique de l’opposition au Sénégal est unique en Afrique et s’est structurée autour de partis politiques qui ont produit des hommes d’envergure nationale et internationale ; et qui se sont toujours affrontés dans l’opposition.

Cela rend impossible de dégager en leur sein un chef de façon consensuelle. Tandis qu’ailleurs en Afrique, la trajectoire de l’opposition a produit un «homme fort» face au pouvoir.

Donc, il est utopique de vouloir recopier au Sénégal cette forme de cohabitation entre le pouvoir et l’opposition en dehors de l’Assemblée nationale qui est le «chef de l’opposition».

Au Sénégal, cette cohabitation entre le pouvoir et l’opposition se fera, ou bien au sein de l’Assemblée nationale autour de groupes parlementaires, ou bien ne se fera pas.

D’où la nécessité d’une plus grande démocratisation de l’accès à l’Assemblée nationale par l’instauration d’un scrutin proportionnel supérieur au scrutin majoritaire, à l’image du Conseil départemental où ses deux scrutins sont respectivement 55% et 45%.

Le Sénégal a dépassé le stade où un «bipartisme» pouvait renforcer le processus démocratique. Depuis la première alternance en 2000, notre pays s’est résolument inscrit dans un système multi-partisan, dont la cohabitation harmonieuse ne peut se produire que dans l’Assemblée nationale, dans le cadre de groupes parlementaires par affinités politiques, et/ou idéologiques.

Il est donc inadmissible de continuer à accepter que l’Union européenne, par l’intermédiaire de la Société civile, fasse reculer notre processus démocratique vers les 70 et 90 d’avant alternance.

Ibrahima SENE

Pit/Sénégal

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