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Des Obstacles Ont Enraye La Volonte De Changement

Des Obstacles Ont Enraye La Volonte De Changement

Il y a cinquante ans (septembre 1969), de nouvelles associations sportives et culturelles voyaient le jour.  Pourquoi une Réforme des clubs ? Qu’est ce qui a expliqué ce désir de changement  à un moment où on ne pouvait pas dire que le football sénégalais  et les autres disciplines majeures notamment l’athlétisme et le basket étaient au plus mal ?

De 1961, année de naissance de l’équipe nationale de football à 1968, les résultats n’étaient pas aussi mauvais que ça ! La preuve, en 1961, aux Jeux de l’Amitié à Abidjan, l’équipe est demi-finaliste. Deux ans plus tard, en 1963, elle remporte la médaille d’or des jeux de l’Amitié à Dakar. En 1965, 1ère participation à la CAN en Tunisie, même si l’équipe est par la suite éliminée en qualification des Jeux africains de Brazzaville. 

En 1968, à Asmara, 2èmeparticipation à la CAN avec une participation jugée brillante. Au niveau des clubs, la coupe d’Afrique des clubs champions  née en 1965 n’est pas encore une compétition très populaire. Dans les compétitions locales de clubs, il y avait une rivalité entre les clubs de Dakar, Thiès et Saint-Louis. Alors qui est ce qui explique cette volonté de changement, de « structurer les clubs » selon le vocable utilisé à l’époque.   En mars 1969, la ligue de football du Cap Vert préconise  « un regroupement de l’élite sportive dans des clubs structurés ». Cette proposition vise vingt clubs cap verdiens jouant en 1ère et 2eme divisions.  Une commission planche sur la Réforme. Elle est composée notamment de Abdoulaye Mathurin Diop, Oumar Marone, Ababacar Ndir, Jean Baptiste Diop, Salif Diop et El Hadj Malick Sy Souris ». Mais il  semble selon certains témoignages que c’est un événement qui a précipité les choses même si certains ont tendance à le minorer.

En fin janvier 1969, les chefs d’Etat des pays membres de l’OCAM participent à un sommet à Kinshasa. En même temps, un tournoi international de football est organisé. Les joueurs suivants avaient fait le déplacement : Amady Thiam, Toumani Diallo, Yérim Diagne, Alioune dit Petit Guèye, Edouard Gnacadia, Issa Mbaye, Vieux Faye, Moustapha Dieng, Louis Gomis , Saliou Cissé Chita, Mamadou Samassa, El Hadj Sarr, Abdoulaye Diop Pelé, Alpha Touré, Ibrahima Coulibaly, Amadou Diouck et Yaya Diakhaté

Devant les chefs d’Etat, les Congolais surclassent le Sénégal sur la marque de 4 buts à 0, le 26 janvier 1969 au stade Tata Raphael de Kinshasa. D’après certaines sources,  le président Senghor a ressenti comme une humiliation cette lourde défaite devant ses pairs africains. Quelques jours plus tard, après son retour à Dakar, Amadou Makhtar Mbow, ministre des Sports réunit un groupe de réflexion qui fait des propositions pour une meilleure prise en charge des  problèmes sociaux des joueurs  de l’équipe nationale.  La chronologie des événements semble donner du crédit à ce fait.  – Le 18 juin, Lamine Diack est nommé commissaire aux Sports.  Il devient le maître d’œuvre de cette transformation souhaitée dans le sport sénégalais. Lorsqu’il prend fonction, il déclare :”je ne suis pas un messie, je suis un vieux pratiquant qui a vécu aux côtés d’hommes qui ont toujours eu foi en l’éducation sportive.” – Le 10 octobre, la fédération est dissoute, un comité national provisoire chargé de gérer le football est mis sur pied. Le président est le journaliste Ababacar Ndir et le secrétaire général, le magistrat Abdoulaye Mathurin Diop.  – En septembre 1969, la fusion de nombreux clubs est  effective. Jaraaf. Almadies, Niayes, Saltigues, Mbosse, Casa, Lat Dior, Niani, Niayes, Ndiambour, Mbosse, Barack, Lamassas,  Linguere, NDar Guedj, Dial Diop sont créés. La liste n’est pas exhaustive. 

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Dans la résolution générale de la fusion qui a abouti à la création du Jaraaf, les dirigeants du Foyer et des Espoirs forment le vœu « d’oublier tout ce qui a pu les séparer et de consacrer toutes leurs forces à faire vivre et développer la nouvelle association ».  On note quand même qu’il y a deux grands clubs traditionnels sur la touche. Il s’agit de la Jeanne d’Arc et l’US Gorée qui ne fusionnent avec aucun club.  Dans une lettre publiée par le quotidien Dakar-Matinen date du 20 septembre 1969, la JA se prononce sur la Réforme. «La Réforme devait  réunir un club dit « fort » et d’un autre dit « faible » par le moyen soit d’une intégration, soit d’une fusion. La JA est pour la formation de clubs mieux structurés, plus forts, pouvant rivaliser dans un premier temps avec les meilleurs clubs d’Afrique (…)

Elle conclut sa lettre en constatant que « dans la situation présente, une menace d’isolement pèse sur elle et sur l’U.S. Gorée, et ceci par le simple fait d’une interprétation erronée (…) de ce que la Réforme a voulu instaurer. » Il n’empêche que la fusion des clubs est finalisée avec les 85 clubs de l’époque. Certains avaient belle allure avec la   sélection  des meilleurs joueurs des différentes équipes.

Le  Jaraaf avait une équipe qui faisait rêver …La rigueur du Foyer ajoutée à la fantaisie des Espoirs donne un produit de qualité… Dans l’ensemble, on assiste pendant quelques saisons à des compétitions locales assez relevées. Pendant un et demi, le Jaraaf est invaincu, il subit son premier échec en championnat, en mars 1971 face à l’US Gorée (1-2). Mais au plan africain, les résultats ne suivent pas. Cette équipe du Jaraaf taillée pour pouvoir faire face aux meilleurs clubs continentaux va connaître une amère expérience contre le Stade malien en 1971. Le club dakarois est éliminé (0-4) après avoir gagné à l’aller (3-0).     Mais en moins de vingt ans, on allait assister à la disparition ou au délitement de plusieurs clubs issus de la Réforme.

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Notamment Lamassas, Mbosse, Niani, Barack devenu entre-temps Bracks. Un nouveau paysage de l’élite va se dessine avec : les clubs d’entreprise  ou ceux créés au sein des sociétés d’Etat, de l’administration ou des forces de sécurité et de défense. Certains ont fait un procès à cette catégorie de clubs, celui de fonctionner à partir des subsides de l’Etat mais aussi  de n’avoir pas d’assise populaire.  Reste que ces clubs (clubs de type nouveau disaient certains) n’ont pas mieux fait au plan africain que les équipes issues de la Réforme  Aujourd’hui les clubs traditionnels ne peuvent plus revendiquer d’assise populaire. L’érosion  progressive de la base affective de ces   équipes est une réalité. On n’est plus supporter par exemple de père en fils pour la JA, le Jaraaf ou Gorée .

 Les dernières générations s’identifient plus aux ASC des Navetanes qu’aux clubs de leurs parents  et de leurs aïeuls. C’est à se demander si les jeunes  générations  ne  regardent pas les clubs traditionnels un peu comme des reliques voire des fossiles. Mais parmi les clubs traditionnels, la JA sous Oumar Seck constitue une exception. La JA non  issue de la Réforme ne différait en rien dans sa structuration des clubs nés de la fusion.  Ce club qui se débat actuellement dans de grandes difficultés  a été classé équipe du Sénégal numéro 1 par la CAF lors de son cinquantenaire en 2007. Ce classement, il le doit surtout à la période où Oumar Seck a été président (1997-2003), même si avant dans son histoire, elle avait disputé deux demi-finales continentales (demi-finaliste coupe des champions en 1974 et coupe des vainqueurs de coupe en 1975). 

Avec une finale de la Coupe CAF en 1998 et une demi-finale en coupe d’Afrique des clubs champions en 2004. Cette  JA-là a été une éclaircie dans la grisaille de la participation des clubs sénégalais dans les compétitions continentales de clubs.  Pour donner une idée  de la faiblesse de nos clubs au niveau  africain, depuis 1965, 113 finales de coupes continentales (coupe des clubs champions, ligue africaine des champions, coupe de la CAF, coupe de la Confédération) ont été joués. Une seule fois, un club sénégalais est parvenu en finale. 1 sur 113, Cela se passe de commentaire.  Quels ont été les obstacles de ces clubs?   Ils sont nombreux. En résumant, il faut noter l’insuffisance de moyens, l’absence d’infrastructures et de ressources humaines qualifiées pour gérer un club.

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L’absence de moyens  est indexé en premier lieu mais le mal est surtout une maîtrise insuffisante des contraintes de la compétition sportive devenue  un spectacle avec des obligations de résultats nécessitant une meilleure intégration de la composante économique.  Le développement du football nécessite des moyens importants. Il faut prendre des initiatives, faire preuve d’imagination, trouver des sponsors…On constate un déficit dans ces différents domaines.  On a aussi parfois déploré un  soutien insuffisant des pouvoirs publics. . L’Etat ne peut pas être l’unique bailleur de fonds du sport.  Mais c’est à lui que revient la tâche de mettre l’accent sur les infrastructures. Sur ce plan, en dépit de la construction récente des Arènes de lutte et de la salle de basket, le Sénégal accuse  un retard structurel. De nouvelles entités comme Diambars, GF, Dakar Sacré Cœur ont mis en place des installations modernes.

Les anciens clubs de Dakar et des autres villes n’ont pas su intégrer  au cours de leur longue existence la nécessité d’avoir des infrastructures leur appartenant. Au point que certains d’entre eux en sont réduits aujourd’hui à  louer  des terrains ou s’entraîner.

A l’époque, trouver un terrain à Dakar par exemple était chose plus aisée que maintenant surtout pour ces clubs dont certains dirigeants  étaient des personnes qui avaient de l’entregent. Dans les régions, la situation est à  peu près l’exact reflet de ce qui se passe à Dakar. Aujourd’hui, les équipes de Dakar vont jouer dans la banlieue. Raison : aucune enceinte ne peut abriter un match dans les conditions requises. . Qu’est-ce que « l’ère professionnelle de nos clubs »  qui date de 2009 a apporté ? 

On constate qu’au plan africain, les clubs sénégalais font toujours partie des derniers de la classe. Avec la  réforme, on a cherché à regrouper, à renforcer l’existant. Aujourd’hui, l’éparpillement est plus important. On parle de 150 clubs à Dakar.

Le football formel a pris les formes du navetane avec une prolifération incontrôlée de soi-disant centres ou académies pour former des footballeurs. Mais en réalité, c’est un système qui profite beaucoup à des réseaux dont certains exploitent les jeunes footballeurs et leurs parents.  Que faire ? Une autre réforme est-elle envisageable ?

En l’état actuel, force est de constater que le club est le grand malade du foot local, il est dans l’impasse. La situation  de nombreuses entités nées de cette Réforme renseigne à suffisance sur cette situation. La Réforme n’a pas apporté les changements attendus, on a manqué de l’adapter, de trouver des solutions aux défis qui se sont présentés au fil de son évolution. 

Mamadou KOUME 

Docteur En Sciences de l’Information et de la communication, Paris 2 

Journaliste

Bp 4286 Dakar – Sénégal







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