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Masslikul Djinan : La Preuve Que Le Travail Est Le Chemin De La Rédemption (par Alassane Kitane)

Masslikul Djinan : La Preuve Que Le Travail Est Le Chemin De La Rédemption (par Alassane Kitane)

CONTRIBUTION

Nous n’interviendrons pas sur le débat stérile et illégitime concernant le coût que certains ignorants jugent élevé de la mosquée Massilikul Djinan. Nous rétorquerons simplement que la transcendance de Dieu n’a pas de limite : ce qui lui est dédié non plus. La magnificence de cet édifice religieux est un message que l’œuvre de Cheikh Ahmadou Bamba (Khadimoul Rassoul) nous envoie. Nous avons l’obligation de méditer davantage cette œuvre dont la richesse nous échappe si souvent à cause de la ferveur religieuse. Au-delà de la grandeur et de la beauté de la mosquée, nous devons y voir l’expression, l’extériorisation d’une philosophie dont la fécondité n’est pas encore suffisamment explorée. Le travail érigé en culte est la clé du paradis. Nous laisserons le soin aux théologiens et autres prêcheurs d’expliquer la mission de l’homme sur terre, mais nous pensons pouvoir donner notre point de vue sur l’importance du travail dans cette mission.

En érigeant le travail au rang de culte, le mouridisme nous donne la preuve que rien n’est impossible pour des hommes qui ont la foi. Le disciple mouride, comme le pensent d’ailleurs les Protestants, considère que le véritable ascétisme n’est pas dans le puritanisme austère qui tourne définitivement le dos au monde réside, mais plutôt dans l’oubli de soi dans le travail. Contrairement à ceux qui pensent que le travail est source d’asservissement le disciple mouride trouve dans le travail un moyen pour accomplir doublement l’aspiration : se détacher de la mondanité excessive (une voie pour prendre ses distances par rapport aux péchés) et faire de la terre le miroir de l’ingéniosité de Dieu (Max Weber parle de gloire et de générosité de Dieu). Le travail ainsi perçu est par conséquent purificateur, un ascenseur à la fois vertical et horizontal. Une véritable maïeutique de l’ascension (après la chute sur terre) se joue dans la conception du travail chez l’aspirant.

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Ascenseur vertical, le travail l’est assurément, car si comme le dit l’adage, l’oisiveté est la mère de tous vices, il faut se sacrifier dans le travail comme sacerdoce pour retrouver la pureté originellement perdue. Ascenseur horizontal, car, on l’oublie souvent, mais le travail raffermit les liens sociaux et cultive l’entraide : la solidarité entre musulmans et entre disciples est une vertu cardinale à cultiver chez l’aspirant. Le fait de bénir le Hadiya (il est souvent perçu comme une institution) a une vertu émulatrice pour l’aspirant : le plaisir de faire un cadeau à son guide dans le chemin de Dieu est comme un dopage spirituel et psychologique pour lui. Et ce, pour deux raison : d’abord parce que le détachement qu’il requiert combat l’avarice et la cupidité, ensuite parce que c’est un témoignage d’attachement au guide et, par conséquent, à Dieu.

On nous objectera que la pratique systématique du Hadiya comporte le risque de condamner le guide à l’oisiveté et à la mondanité qu’il est censé combattre chez son disciple. C’est une déviation certes possible, mais y a-t-il au monde une invention qui ne soit pas potentiellement source de perversion ? De toute façon les fossoyeurs des bonnes œuvres ont toujours eu la même détermination et presque la même ingéniosité que les initiateurs de ces bonnes œuvres. Aussi, chaque saint a-t-il ses Hypocrites ou son Juda. Travailler durement, de façon licite et faire un Hadiya à son guide est aussi une façon directe de contribuer à la force et à la solidarité de sa communauté. On ne parle jamais de ces milliers de disciples démunis qui profitent de ces dons ou cadeaux symboliquement faits au guide.

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Le véritable jardin d’Adam doit être cette terre : il n’est pas question de l’entretenir par la simple invocation. Le travail devenu rite est révélateur de la responsabilité de l’homme : notre présence sur cette terre est un pacte par lequel nous devons mériter la confiance que Dieu a placée en nous. Ce que le mouride (aspirant) du 21 e siècle doit savoir, c’est que le temps de son exemplarité sur tous les plans est venu. La rhétorique agressive a fait son temps, et c’est méconnaitre l’œuvre Serigne Touba que de chercher à la confiner dans les limites d’une confrérie. L’aspirant véritable doit, parallèlement au culte du travail et à la religiosité comme culture, comprendre que son leadership est dans l’action et non dans la parole. L’aspirant véritable doit veiller à la salubrité de son lieu de travail, il doit faire de la réussite de sa communauté un sacerdoce. L’aspirant a un défi énorme dans ce 21e siècle, à savoir concilier le profane et le sacré. Pour ce faire, il doit s’offrir comme modèle dans la générosité envers ses semblables ; or la générosité, c’est la miséricorde, la tolérance et la croissance de son pays sur tous les plans.

 

 

 

 

Alassane K KITANE

Professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès

Président du Mouvement citoyen LABEL-Sénégal

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