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Comment ArrÊter La Fabrique De PauvretÉ Globale

En ce jour du 12 Septembre 2019, la Banque Centrale Européenne vient encore de baisser son taux directeur qui était déjà négatif. Dans le même temps, elle annonce un nouveau programme de rachat d’actifs pour vingt milliards d’euros. En clair, elle continue de plus belle avec sa politique d’injection de liquidités dans une Europe ou le coût de l’endettement des entreprises et des ménages tend vers zéro.

Pourtant, avec de l’endettement toujours plus facile, la croissance inclusive et durable n’est toujours pas au rendez-vous, contrairement à ce que l’on pourrait attendre d’une politique monétaire aussi agressive. On pourrait me retorquer que c’est parce qu’il n’y a pas de concordance avec des politiques fiscales et budgétaires ? Justement : les états européens dépensent beaucoup, même trop, en même temps que leurs fiscalités se restructurent, voire baissent.

Qu’est-ce qui ne va pas ? Je dirais l’absence de politiques de développement fondés sur de la croissance inclusive. Comment s’y prendrait-on en Europe ? Je dirais que ce serait difficile mais pas impossible. Mais que le problème est qu’il n’y a presque plus de spécialistes de politiques industrielles en Europe alors que c’est le développement de la production de masse qui pourrait créer de la croissance inclusive sur le sol européen, distribuer des emplois de qualité bien réénumérés, créer du pouvoir d’achat durable et relancer l’économie. On se croirait en Afrique.

En lieu et place, un débat nouveau sur la pauvreté s’installe en France. Pas seulement pour discuter de la réalité de la progression foudroyante de la pauvreté dans un des pays membres du G-7, pays dits les « plus riches à économie de marchés », parce qu’un Français sur six est devenu pauvre, d’après diverses estimations et analyses. Mais aussi pour discuter des notions de « taux de pauvreté » ou autres « sentiments de pauvreté ». Comme si le fait de philosopher sur ces notions pouvait à soi-seul, changer le destin de populations qui s’appauvrissent. Hors sujet chez les politiques et dans les médias qui n’ont tout aussi pas vu arriver les phénomènes du genre Trump et Macron. Ils en verront d’autres, parce que c’est écrit dans le vent des mauvaises questions.

Assis devant mon poste de télévision, ce spectacle me renvoie aux douloureux épisodes de mes années de rébellion à Washington ou j’ai aussi assisté ahuri, à des discussions tout aussi « sérieuses » et tendues sur l’opportunité d’inviter de « vrais représentants des pauvres » dans des conférences internationales sur la pauvreté. Inutile de dire que mon manque de retenue par rapport à ces inepties a aussi contribué à me singulariser et à ne plus être invité dans ce genre de discussions. Comme si ceux qui conviaient ces réunions savaient par avance que la cohérence et la pertinence de leurs activités étaient inévitablement objectionnables. D’autres de mes collègues soucieux de faire carrière se pliaient à ce type de supplice intellectuel et moral, la mort dans l’âme. Ainsi fonctionnent les institutions bureaucratiques. Beaucoup de gens en ont souffert et morts de stress.

Voici exposés deux épitomes à l’impuissance des bureaucrates à trouver des solutions au phénomène de la fabrique de pauvreté pour tous. Cette impuissance structurelle renvoie les acteurs à l’occupation du terrain par des discussions qui donnent le sentiment qu’ils traitent les problèmes. C’est un des pendants de ce que j’appelle l’« événementiel de la pauvreté » tel qu’en illustrent certaines conférences internationales, certains ateliers et autres séminaires dont on sort en se promettant de plus jamais y revenir. Mais des shows auxquels on revient toujours se montrer avec le cynique prétexte de se dire qu’on n’y apprend certes rien, mais on y tisse des liens par les contacts. Le prix à payer par beaucoup d’experts et consultants pour vivre ? Une reddition à la machine impitoyable au terrorisme intellectuel et médiatique qui fait qu’on apporte sa caution a des messes auxquelles on ne croit pas ? Parce que le système compte ses amis et ses adversaires…

C’est comme cela que le système tant décrié par tous les acteurs, survit aussi au grand dam des peuples qui s’appauvrissent au point d’en arriver à des actes de désespoir. Un coup d’état permanent dont les auteurs qui sont ligués par le terrorisme institutionnel et le quasi-chantage aux gouvernements fauchés, savent reconnaitre leurs détracteurs avec des radars communs pour mieux les isoler en les présentant sous-cape, comme des ennemis de tous. Mais ce sont des balles que se tirent les politiques dans les pieds, parce qu’« on ne peut pas tromper tout le monde, tout le temps », comme le disait Mao Tse Tung. La note arrive maintenant quand les acteurs politiques sont encore assis à la table du restaurant. C’est ce qui se passe de nos jours, presque partout dans le monde.  

Le mouvement dit des « gilets jaunes » a été lancé en France le 17 Novembre 2018. Une expression inédite de la réaction des travailleurs face au développement de la pauvreté qui s’est insidieusement répandue dans plusieurs couches de la société française. Le gouvernement français a réagi en distribuant du pouvoir d’achat sous plusieurs formes, ce qui a permis de ralentir le mouvement, voire le faire s’essouffler avec le temps. Cependant, le problème à la base de ce mouvement est toujours là, les solutions proposées n’ayant pas vocation à enrayer les racines du mal de la pauvreté.

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Bien au contraire, on pourrait assister à la genèse d’autres mouvements de révolte, quand les solutions conjoncturelles qui sont actuellement proposées auront fini par montrer leur inefficacité à long terme, face au caractère structurel de la fabrique de pauvreté. De fait, ce qui était à la base du mouvement des « gilets jaunes » court toujours, ses ondes de chocs et autres effets de rémanence n’en finissant pas d’affecter la vie politique, économique et sociale en France. La politique fiscale du pays aussi. Il est toujours plus facile de tirer sur un porteur de mauvaises nouvelles. Mais on ne peut pas fuir son ombre. Tout plus pourrait-on y gagner du temps politique.

Parce que pour répondre aux revendications de tous ordres et de tous bords, la France dos au mur, dépense émotionnellement de l’argent qui ne provient pas de la création de richesses nouvelles. Elle emprunte à bon compte de l’argent à rembourser. Elle déshabille Jean pour habiller Paul. Elle n’investit pas vraiment dans la croissance inclusive pour enrayer les bases de la fabrique de pauvreté. Elle entretient donc une bulle spéculative qui va finir par exploser de la même manière que cela se passe sur les places boursières débridées, selon des cycles de plus en plus prédictibles.

Autre type de réaction musclée, je dirais presque tout aussi émotionnelle, certaines institutions-phares comme l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) semblent brutalement menacées dans leur existence. Est-ce la solution pour arrêter la fabrique de pauvreté ? C’est plutôt la reconnaissance spontanée du rôle des bureaucrates dans le dévoiement d’institutions et de modes de gestion des biens publics qui ont fini par fabriquer de la pauvreté. Quid de la politique de développement économique qui a été presque partout abandonnée dans les pays occidentaux ? Et les pays africains qui ont simplement copié ces modèles d’institutions et de « gouvernance » ?

Le « Grand Débat National » née de l’urgente nécessité pour les dirigeants français de réoccuper rapidement le terrain politique en réponse au mouvement des « gilets jaunes », a été ravivé en cette rentrée de Septembre et remis au goût du jour avec un président Macron de nouveau à l’écoute des travailleurs français. Ces fora rappellent furieusement les “Conférences Nationales Souveraines” qui se sont déroulées en Afrique, après les révoltes sociales qui ont suivi l’application des programmes de stabilisation et d’ajustement structurel nés du « Consensus de Washington » avec l’aggravation de la pauvreté par la destruction de structures de développement naissantes.

Premier responsable d’une situation non-désirée, l’application sans discernement du « Consensus de Washington », corps de la pensée unique en matière de politiques budgétaires et fiscales qui s’était de facto substituée aux politiques de développement économique et social dans presque tous les pays qui étaient en cheville avec les institutions de Bretton-Woods. Accéder aux ressources financières internationales ne pouvait se faire sans adhérer aux « Dix Commandements » du « Consensus de Washington ». Cette situation a donné la prééminence aux recettes-protocoles concoctées par des bureaucrates du Fonds Monétaire International, de la Banque Mondiale et de l’Organisation Mondiale du Commerce. Ces trois organisations multilatérales ont vu leurs doctrines, principes, disciplines et modalités d’intervention s’étendre aussi à la coopération bilatérale en matière de développement. De manière plus déterminante, la politique de ces institutions multilatérales a pénétré les secrétariats des organisations d’intégration économique et régionale en Afrique, tout comme la Commission Européenne. La Commission Économique pour l’Afrique et la Banque Africaine de Développement aussi. Le règne des bureaucraties commença.

Pour résumer, le sang du « Consensus de Washington » continue encore de circuler dans les veines de presque toutes les institutions de développement. Cette situation continue de faire des dégâts structurels en Afrique mais aussi en Europe, maintenant. Ce vaste mouvement d’intégration des systèmes et structures institutionnels de fabrique de pauvreté globale est catalysé, voire assuré par la transhumance institutionnelle des ressources humaines, donc des paradigmes, des stratégies, des programmes et des mêmes types de projets qui ont non seulement échoué, mais dont il a été démontré qu’ils fabriquent des structures de sous-développement et de pauvreté durable. Parce que ce sont les mêmes « experts » qui migrent entre institutions multilatérales, structures de coopération bilatérale, gouvernements et entreprises publiques et parapubliques.

Comment peut-on penser faire des politiques différentes en Afrique si les institutions africaines sont animées par les mêmes idées des mêmes personnes qui ont contribué à la fabrique de pauvreté depuis Washington, New York, Bruxelles, Addis-Abeba ou encore Genève et Vienne ? Comment des pays comme la France, la Grèce, l’Italie, Chypre et autres pays sous un ajustement structurel qui ne dit pas son nom, n’ont pas pu tirer des leçons de ce qui s’est passé en Afrique avec les mêmes types de programmes dont moult travaux ont pourtant démontré les chemins d’expansion vers de la fabrique de pauvreté ? Il semble que les responsables politiques des pays riches ont laissé grandir et se développer un monstre inter-institutionnel global qu’ils ne contrôlent plus. Les enfants naturels ainsi mis au monde, reviennent à la maison pour manger : immigration massive et chocs politiques qui n’épargnent aucun pays. Dangers d’accroissement de mouvements irrédentistes aussi ! Bref, un monde complètement déstabilisé avec des risques de guerres.

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Comment sortir de ce cercle vicieux, néfaste pour tous, riches ou pauvres ? Essayons de remonter la chaine de maitrise de la fabrique de pauvreté pour voir comment la défaire pour le bien de tous.

En fait, la démission collective vis-à-vis des politiques de développement et de croissance inclusive a donné naissance à ce que j’appelle “Le Globalisme”. Ce phénomène s’est durablement installé dès lors que tous les leviers de politique économique et sociale ont été rangés au placard par des fonctionnaires-bureaucrates pour décider sur base de critères simplistes et, appliquer des recettes univoques à tous. C’est bien cette situation qui fait que la fabrique de pauvreté a fini par toucher tous les pays développés tandis que la situation des pays sous-développés s’est aggravée.

Cela a donné naissance à des formes variées de révoltes qui ont tous les mêmes dénominateurs et identifiants : la pauvreté accrue ; des solutions politiques à court/moyen terme : les alternances politiques courtes et répétées sur fond de pouvoirs à faible longévité ; du “Dégagisme” comme on dit en France, en Italie, en Espagne, en Autriche, en Ukraine. Cela se voit presque partout dans les pays dits à économie de marchés. Cela a commencé depuis longtemps, l’arrivée de Donald Trump au pouvoir n’en n’étant seulement l’une des manifestations les plus significatives. Les professionnels de la politique sont piégés par les fonctionnaires-bureaucrates à qui ils ont confié le gouvernail de l’économie mondiale qu’ils exercent en mode “pilotage automatique”. Une des illustrations de la « Dialectique du Maitre et de L’esclave ».

En plus de ces conséquences socio-politiques ci-dessus évoquées, trois types de réactions ont été observées dans les pays riches face à l’expansion continue de la pauvreté.

La première réaction est du type de celles connues en Grèce, à Chypre et en Italie sous Matteo Renzi : les mêmes recettes qui ressemblent furieusement aux programmes d’ajustement structurel imposés aux pays sous-développés dans les années 80. Résultats : équilibres macroéconomiques parfois retrouvés mais pauvreté accrue sans indication de nouvelles sources de croissance sur lesquelles fonder un développement économique et social ; situations politiques larvées avec des risques d’explosion sociale. Certains de ces risques se sont avérés et continuent de l’être.

Deuxième type de réaction, les politiques économiques de l’administration Trump. Faisant de la politique comme il fait les affaires, Donald Trump élu président des États-Unis sur fond de pauvreté fabriquée par “Le Globalisme” décide de rompre avec tout ce qui touche au « Consensus de Washington ». Dénonciations musclées des « dérives inquisitoriales et des ingérences » des institutions multilatérales, pressions directes sur les partenaires commerciaux, renégociation d’accords commerciaux régionaux, etc. In fine, son pays se libérant progressivement des recettes obligatoires du “Globalisme”, retrouve les sentiers de la croissance inclusive et du plein emploi. Curieusement, des pays qui dénoncent les penchants dits “unilatéralistes” de l’administration Trump s’empressent pourtant de négocier avec elle de nouveaux accords bilatéraux. Plus étonnamment, ces mêmes pays s’alignent sur les propositions de réforme de la Banque Mondiale émises par l’administration Trump et David Malpass très critique des politiques de la Banque Mondiale en devient le président après avoir mené l’augmentation du capital de l’institution. Peut-on être contre la mission d’une institution comme la Banque Mondiale et mener l’augmentation de son capital ? La question est plus complexe qu’elle n’y paraît. Les enjeux aussi.

Le troisième type de réaction est en train de se dérouler sous nos yeux, en France. Pas d’ajustement structurel continue (a proprement parler), en réponse aux conséquences appauvrissantes du “Globalisme”. Mais de nouvelle politique économique non plus! Pas de remise en cause des procédés du “Globalisme” non plus! Encore une « Exception Française » ? À première vue, il s’agit d’essayer de contenir les révoltes sociales nées des effets du “Globalisme”. Mais les instruments jusqu’ici utilisés ne peuvent absolument déranger les gardiens du temple du “Globalisme” que si l’orthodoxie financière est menacée avec environ dix milliards d’Euros distribués pour augmenter le pouvoir d’achat des plus démunis ; des réformes fiscales ; des réformes du système électoral, etc. Mais aussi avec une mesure envisagée qui ne peut pas passer pas inaperçue : la suppression de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) !

Il faut rappeler que l’ENA est une des bases structurelles du schéma de reproduction de l’élite dirigeante en France. La supprimer semble relever d’une mesure violente qui ne pourrait certainement pas s’expliquer simplement par des « injustices sociales » dans son accès par des élèves venant de milieux favorisés. Si tel est le cas, pourquoi ne pas revoir les modes d’accès à l’ENA plutôt que de supprimer cette école-fleuron ?

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Il nous semble plutôt qu’il s’agit-là d’un rejet brutal tout aussi “psychiquement inconscient” d’un mode structurel de production de fonctionnaires bureaucrates-carriéristes enfin rendus responsables de tous les malheurs du pays. Ces mêmes bureaucrates qui dirigent les institutions dans la plupart des pays européens depuis l’avènement du « Consensus de Washington », donc fondamentalement responsables de la fabrique de pauvreté pour tous. Beaucoup de pays africains ont aussi créé leur ENA, ce qui fait que le système d’administration monolithique de l’économie mondiale globalisée s’est uniformisé, d’où les mêmes problèmes pour tous, les mêmes causes produisant les mêmes effets.

La réalité est beaucoup plus simple mais beaucoup plus difficile à admettre. L’ENA a aidé à reconstruire la France tout comme la Banque Mondiale a aidé à reconstruire l’Europe et le FMI à prévenir et à lutter contre les crises financières. Mais il s’agissait d’une situation particulière d’après-deuxième guerre mondiale. Et “reconstruire” des opportunités détruites n’est pas “construire” de nouvelles opportunités de développement inclusif. Pourtant les institutions mises en place dans ce contexte particulier, avec des missions particulières et dotées d’expertises particulièrement adaptées à leurs missions d’alors, se sont arrogées le monopole de gérer une globalisation qu’elles n’ont même pas comprise, pas plus qu’elles n’ont pu en appréhender les conséquences pour concevoir et apporter des politiques adaptées. Elles ont continué à fonctionner comme d’habitude, comme dans la situation d’après-guerre, en faisant alors du « Globalisme » par la tyrannie des procédures bureaucratiques et robotisées. Sans l’arme de stratégies de développement bien pensées pour s’adapter à leurs contextes opérationnels. Mais elles ont l’argent, le nerf de la guerre. Et qui paie commande.

Pire, par instinct de conservation, ces institutions multilatérales qui ont leurs pendants en Afrique et dans les pays occidentaux, ont accru leur résistance aux changements. Est-ce pour cela que le FMI n’a pas vu venir la crise fiduciaire de 2008 qui s’est muée en crise financière à l’échelle mondiale ? Est-ce pour cela que la Banque Mondiale ne réussit toujours pas à se reformer depuis plus de 20 ans, son département (interne) indépendant d’évaluation venant de publier (juste après la nomination de son nouveau président critique de l’institution) un rapport qui confirme que les réformes menées depuis 2012 par son dernier président ont non seulement échoué et n’ont pas abouti, mais ont encore ont-elles rendu l’institution plus inefficace dans la poursuite de sa mission que personne ne conteste?

Sans parler des dégâts occasionnés aux économies qui ont été mal servi par la Banque Mondiale ; sans parler des coûts engendrés par cette situation… Il faut à l’évidence changer de paradigme. D’urgence ! Comment refuser de tirer les conclusions qui s’imposent, si ce n’est parce que ces institutions sont devenues des monstres adultes, incontrôlables ?

Parce qu’administrer n’est pas gérer. Parce que diriger n’est pas forcement définir des stratégies et les mener. A l’instar de la France, de la Banque Mondiale et du FMI, les pays africains ont essayé de se doter d’administrations fortes. C’est une bonne chose en soi, les administrateurs devant faire en sorte de bien suivre des procédures établies pour des objectifs donnés dans des contextes bien définis. Mais cela devient contre-productif quand les administrateurs prennent le pas sur les leaders-entrepreneurs qui doivent faire en sorte que ce soient les choses justes, bonnes et pertinentes qui soient faites en fonction de situations bien précises.

Leaders et entrepreneurs doivent co-exister et se compléter. Cela n’a plus été le cas depuis l’avènement du « Consensus de Washington » d’où la perte de repères. Il est urgent que des pays qui se croyaient développés au point de laisser toutes prérogatives aux fonctionnaires-bureaucrates se rendent compte qu’ils sont devenus des pays sous-développés au regard de leurs potentiels et de l’accroissement de la pauvreté qui touche de plus en plus de populations. Il est aussi temps de faire le bilan du multilatéralisme afin d’en repenser les orientations.

Le problème ne se résoudra pas avec des réponses ponctuelles et isolées comme seuls les bureaucrates peuvent le croire. Il faut inventer un nouveau partenariat gagnant-gagnant à l’échelle mondiale. C’est dans cette perspective que la Chine tisse sa toile avec les “Les Nouvelles Routes de la Soie”, une initiative qui gagne du terrain partout, y compris en Europe, au grand dam des fonctionnaires bureaucrates qui ne voient rien arriver.

Le monde change, les politiques économiques et sociales doivent aussi changer. Mais on ne pourra pas faire du neuf avec du vieux. Il est temps de bâtir des expertises nationales et internationales pour former des entrepreneurs institutionnels et adapter le multilatéralisme pour enfin répondre aux défis (anciens) d’une globalisation qui a fabriqué plus de pauvres dans tous les pays.

Papa Demba Thiam est économiste International, Entrepreneur-Conseil en deéveloppement industriel intégré par les chaines de valeurs 







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