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RÉvolte LÉgitime Du Secteur PrivÉ National

« Nous ne devons pas être des sous-traitants dans notre propre pays», sic. Ce cri du cœur du Secrétaire exécutif du Club des investisseurs sénégalais (Cis), Abdourahmane Diouf, à l’endroit de l’Etat, sonne comme une révolte du secteur privé national qui semble déterminé à prendre son destin en main. Le contexte dans lequel cette déclaration a été faite est tout aussi symbolique d’autant que c’était en présence du ministre des Infrastructures, Me Oumar Youm. Un des départements les plus budgétivores en matière d’investissements avec les nombreux projets structurants contenus dans le Plan d’actions prioritaires (Pap 2) du Plan Sénégal émergent sur la période 2019-2023. Cette sortie du Cis est à saluer pour plusieurs raisons. D’abord, elle traduit une volonté du secteur privé national de repousser ses limites en allant à la conquête d’autres part de marchés dans l’activité économique. Ensuite, elle reflète une ambition de s’imposer comme un maillon essentiel dans la chaîne de valeur de la commande publique aussi bien au Sénégal que dans l’espace Uemoa. Enfin, ce cri du cœur du Secrétaire exécutif du Club des investisseurs sénégalais (Cis) résonne comme une réponse au chef de l’Etat qui ne cesse de réitérer son appel à renforcer la place stratégique et le rôle majeur du secteur privé national dans le financement et l’exécution des programmes et projets publics durant la période 2019-2023 du Plan Sénégal émergent (Pse).

Cette volonté affichée par notre secteur privé de ne pas rester d’éternels sous-traitants mérite une attention particulière de la part de l’Etat qui, de son côté, doit décrypter ce message en leur trouvant une issue favorable. Si nous voulons produire des champions nationaux et des capitaines d’industrie capables d’impulser une dynamique à l’activité économique et d’accompagner l’Etat dans son objectif de placer le Sénégal sur les rampes de l’émergence, nos entreprises ne doivent pas être de simples wagons tirés par la locomotive des multinationales étrangères sur les rails des marchés publics.

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Elles doivent être prises en compte dans l’octroi des grands marchés de l’Etat afin d’en faire le fer de lance de l’activité économique interne conformément aux exigences des textes réglementaires régissant la commande publique. Certes, cette revendication du Cis semble être légitime au regard des marchés juteux captés par les entreprises étrangères implantées dans notre pays, mais nous ne devons pas passer sous silence les opportunités offertes dans le code des marchés publics au profit des entreprises locales. La sous-traitance que rejette le secteur privé national est une sorte de contrat prévu par l’article 48 du code des marchés publics de septembre 2014 qui stipule que le titulaire d’un marché public de travaux ou d’un marché public de services peut sous-traiter l’exécution de certaines parties du marché jusqu’à concurrence de 40 % (…).

Cependant, il faut le constater pour le déplorer sous nos cieux. Elles sont nombreuses ses entreprises sélectionnées par des majors suivant un contrat de sous-traitance et qui peinent à remplir convenablement les conditions au moment de l’exécution d’un marché de travaux de l’Etat. Qu’est ce qu’il faut dire sur ces entreprises locales titulaires de marchés de l’Etat qui livrent des ouvrages à la qualité douteuse ? N’avons-nous pas vu des routes dégradées quelques mois après la cérémonie d’inauguration en grande pompe ? Et que dire de cette agence de l’Etat qui a attendu plus d’une décennie pour enfin voir ses nouveaux locaux sortir de terre ? N’est ce pas là encore une œuvre de nos propres entreprises ? Oui, on ne veut plus être sous-traitant pourvu que l’on parvienne à réaliser et à livrer les marchés dans les délais requis avec une qualité insoupçonnée. Et ceci requiert non seulement une bonne assise financière mais également une expertise technique irréprochable. L’Etat, soucieux de mettre à la disposition de ses populations des ouvrages de qualité et durables, a l’obligation d’attribuer ses marchés à des titulaires qualifiés (techniquement et financièrement) suivant, bien sûr, les règles du code des marchés. Il doit, en outre, respecter les principes qui régissent les marchés à savoir l’économie (rapport qualité/prix), la transparence, l’équité, l’ouverture, la mise en concurrence.

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Bien évidemment, il y a de ces sociétés qui font, aujourd’hui, notre fierté après avoir prouvé leur savoir-faire au Sénégal et dans la sous région. Elles méritent respect et doivent inspirer les autres entreprises. En attendant de trouver une réponse favorable à la complainte de notre secteur privé national, celui-ci gagnerait d’abord à se mettre ensemble, en conjuguant ses efforts pour devenir plus fort. Et à ce tire, l’article 47 du code des marchés publics lui offre la possibilité se regrouper.







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