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Une GÉnÉration En ColÈre

Tremblez grands dirigeants ! Les jeunes sont en colère. De Melbourne à Paris, en passant par Wellington, Sidney ou Londres, les militants du mouvement Extinction Rebellion (XR) multiplient, depuis le 7 octobre, les rassemblements et les opérations de désobéissance civile à travers la planète visant à dénoncer l’inaction « criminelle » des gouvernements face au changement climatique. A Paris, des centaines de militants écologistes ont occupé, pendant dix-sept heures, le centre commercial de la place d’Italie, un « symbole du capitalisme » situé dans le 13e arrondissement. Excédés par l’inaction des gouvernements, malgré les pétitions, le lobbying et les manifestations alors que « le temps presse », ces militants écologiques, en majorité des jeunes, ont décidé de se « rebeller » pour pousser les dirigeants mondiaux à déclarer une « urgence climatique et écologique » et prennent les mesures qui s’imposent pour sauver la planète. Né en 2018 au Royaume-Uni, XR, l’association à l’origine de cette « rébellion », met en garde contre une imminente « apocalypse » environnementale. Les méthodes utilisées par ces « intégristes » du climat ressemblent à celles des anarchistes, observe le sociologue Michel Fize (sur France 24, le 8 octobre), avec une absence d’un leader unique ou de programme écrit. Ce qu’ils veulent, c’est une nouvelle façon de faire la politique, inventer une nouvelle économie différente du capitalisme pur et dur.

Fin septembre, devant les dirigeants de la planète réunis à New York dans le cadre de l’Assemblée générale des Nations Unies, la jeune suédoise Greta Thunberg, 16 ans, devenue la figure de proue de cette génération en colère, faisait feu de tout bois : « Nous sommes au début d’une extinction de masse et tout ce dont vous pouvez parler, c’est de l’argent et du conte de fée d’une croissance économique éternelle. Comment osez-vous ? », lance-t-elle aux dirigeants du monde. Avant d’ajouter, sous la forme d’une menace à peine voilée : « Vous nous avez laissés tomber. Mais les jeunes commencent à comprendre votre trahison. Si vous décidez de nous laisser tomber, je vous le dis, nous ne vous pardonnerons jamais. Nous ne vous laisserons pas vous en sortir comme ça ». Il y avait quelque chose de terrifiant sur le visage de cette adolescente qui, comme elle le dit, « devrait être à l’école » et non devant cette tribune d’adultes. Les mots choisis, le ton, l’expression de son visage, tout traduisait, si ce n’est de la haine, une profonde colère. Une colère futuriste, si l’on peut dire. Le 8 octobre, à Copenhague (Danemark), c’est une autre adolescente, l’Américaine Jamie Margolin, 17 ans, qui, à l’ouverture de la réunion du C40, un réseau composé de 94 des villes les plus puissantes du monde, qui était venue lancer cette mise en garde : « Soit vous faites ce qui est nécessaire (…), soit vous dégagez. »

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De façon générale, l’activisme et les menaces de ces « ados » ne passent visiblement pas auprès des grands dirigeants, suscitant même de l’ironie moqueuse de certains grands dirigeants. « Comment ose-t-elle ? », se demandent certains, détournant ainsi la formule fétiche de la jeune suédoise devant l’assemblée générale de l’Onu. Eh oui, il faut plus pour faire peur à ces grands messieurs habitués à débattre de choses « plus sérieuses » ! Pourquoi tant de haine contre ces « ados » qui, quoique « maladroite » soit leur démarche, appelle quand même à une prise de conscience sur l’urgence climatique. Les réactions dédaigneuses des dirigeants mondiaux ne fait que refléter leur sentiment de culpabilité. Ils sont mécontents qu’on les mettent devant leurs responsabilités. Comme des pères de familles peu responsables, ils n’aiment pas que les enfants viennent fouiner dans leurs « affaires ». En revanche, certains adultes se sont montrés plus réceptifs aux arguments des jeunes. Ainsi, les membres du réseau de villes C40 villes, qui vise à lutter contre le réchauffement, se sont engagés, mardi 8 octobre, à « placer l’action climatique au cœur de toutes les prises de décision ». Ont-ils cédé aux menaces des « ados » ? Allez savoir.

Et l’Afrique dans tout cela ? De façon globale, la jeunesse du continent est restée à l’écart de cette « rébellion » climatique. Mais beaucoup de jeunes africains sont aussi en colère. Pour d’autres raisons, il est vrai. Ici, beaucoup de jeunes s’accommoderaient d’une destruction de la planète à condition d’avoir des emplois, un minimum de revenu décent, un meilleur accès aux services sociaux de base et surtout une meilleure gouvernance de nos Etats. Un jeune confrère de la sous-région, m’expliquait récemment que son pays est « le plus corrompu au monde ». Il dénonçait « la trahison » du gouvernement, alors que son pays doit faire face à un défi sécuritaire qui menace même son existence. « Je me demande ce que nous avons fait au bon Dieu pour mériter cela ? », se demande-t-il, avec tristesse. Mais ça aussi, ce n’est pas une question que doit poser un jeune, diront les adultes.

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