Faut-il croire au rapport annuel de la Banque mondiale qui fournit des données sur la facilité de faire des affaires après une analyse de 190 économies du monde au regard des dix indicateurs établis ou non ?
En tout état de cause, le Sénégal le ‘’maudit’’ ou le ‘’bénit’’ selon le rang qu’il y occupe. Pour preuve, dans le classement du Doing business 2014, le ministre de la Promotion des investissements et du partenariat Diène Farba Sarr avait voué aux gémonies l’étude de la Banque mondiale en ces termes: «Je doute de la sincérité des résultats proclamés dans le cadre du Doing Business», disait-t-il.
M. Sarr, alors directeur général de l’Agence pour la promotion des investissements et des grands travaux (Apix), soulignait que ce rapport tombait «au moment où le Sénégal est cité en exemple un peu partout et que son expertise est sollicitée par nos voisins de la sous-région». Diène Farba Sarr ajoutait que «la Banque mondiale, dans ce document qui s’intéresse à l’environnement des affaires dans les pays, n’a pas tenu compte de la possibilité de création d’entreprises en 24 heures, depuis janvier 2013». En conclusion soutenait-il: «Avec le classement du Sénégal, je subodore que le Doing Business ne peut plus être un référentiel pour les investisseurs et un outil de travail pour les administrations». De plus, M. Sarr, disait ceci: «les indicateurs retenus ne suffisent plus comme étant des éléments déterminants pour attirer les investisseurs». Bien au contraire, avait-t-il insisté, «la stabilité d’un pays et la bonne gouvernance rassurent les investisseurs. Et dans ce domaine, notre pays est un exemple».
Le chef de l’Etat recevant le vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique, Makhtar Diop n’avait pu manquer non plus de faire remarquer à son hôte tout son mécontentement par rapport au classement du Sénégal dans le rapport du Doing business 2014.
Macky Sall s’était même permis de porter des rapproches avec d’autres normes de comparaison internationales, comme l’indice Mo Ibrahim ou le Classement du Forum de Davos, pour se féliciter que sur ces deux instruments, le Sénégal était beaucoup mieux classé.
Son prédécesseur, le Président Wade, n’a jamais été satisfait du classement du Sénégal dans le Doing Business, ce qui a d’ailleurs amplement justifié la tenue plus ou moins régulière du CPI et son ouverture à une bonne partie du secteur privé national. Même à l’étranger, les dirigeants français ne se sont jamais reconnus dans le positionnement de leur pays dans ce classement. Néanmoins, personne ou presque, ne s’était montré aussi virulent que Macky Sall dans ses critiques.
Aujourd’hui, avec ce classement «favorable», il faut sans doute s’attendre à un beau discours qui laisse croire que le travail de la Banque mondiale sur l’environnement des affaires est une ‘’bible’’. Ce qui justice d’ailleurs, l’expansion de la joie de Mountaga Sy allant jusqu’à ambitionner de placer le Sénégal dans le Top 100 mondial. Or, ce qu’on attendait du directeur de l’APIX, c’est de montrer, des chiffres à l’appui, combien d’entreprises étrangères ont rejoint le Sénégal entre le dernier rapport et le nouveau. Sinon, ce rapport va rester un «machin» à l’image des pompeux chiffres relatifs au taux de croissance sénégalais mais ne peinent à se faire sentir dans le papier de la ménagère.
JEAN PIERRE MALOU