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Opinions, Idées et Débats des Sénégalais

BËre Leen BËre Leen

BËre Leen BËre Leen

Esope, fabuleux fabuliste et philosophe antique, a dit de la langue chez l’homme, qu’elle était la meilleure et la pire des choses. Certes oui, puisque, tout uniment, elle pouvait, d’un claquement, vous mener au paradis comme vous conduire en enfer directement sans retard ni escale ! Mais les temps ont changé ; aujourd’hui la langue a muté, elle est devenue un langage et c’est celui du 2.0, de électronique, du WEB, de l’internet ou de comme on voudra le nommer. Si bien que la bonne vieille calomnie qui ne se répandait guère qu’à un train de sénateur, car de bouche à oreille, prend maintenant un train d’enfer et circule, positivement, à la vitesse de la lumière.

D’un seul clic à présent, le monde entier est atteint ou en situation de l’être par n’importe quelle fable ou calomnie ou peste à travers des réseaux que l’on appelle, gentiment, sociaux. Des choses, des idées, des jugements, des opinions qui auraient mis des jours, des mois voire des années à s’enraciner, s’incarner, prennent corps instantanément au plus profond des gens et c’est, à proprement parler, la croix et la bannière que de tenter de les extirper ! Mais il est impérieux pourtant d’essayer de le faire, pour la vérité et ce qui nous reste encore de notre humanité, de notre éthique de responsabilité. Ndioro Ndiaye a été ministre longtemps ici, chargée sous diverses appellations de la condition féminine. Abdou Diouf qui l’avait nommée, a quitté le pouvoir en 2000, comme on le sait. Il a rédigé des mémoires publiés en 2O14 par les éditions du Seuil à Paris.

Le 14 novembre dernier Le Témoin quotidien sort sous la plume d’un certain Mor Fall, un ‘’soi-disant’’ témoignage de ce même président Abdou Diouf en faveur d’Aminata Mbengue Ndiaye. Or ce témoignage n’est en faveur de la toute nouvelle secrétaire générale du PS et présidente du HCTT que par effet de miroir : c’était, en fait, une charge assez violente contre Mme Ndioro Ndiaye, ministre à l’époque de la Promotion féminine.

Aminata Mbengue Ndiaye occupait un poste dans l’administration de ce département sans en avoir les qualifications réglementaires requises. Ndioro a cru devoir l’en écarter pour se conformer à la loi. Elle sera, Aminata Mbengue ensuite, et à son plus grand profit si l’on s’en réfère à la suite de sa carrière, recasée à la présidence de la République comme chargée de mission. Mais, pour faire reluire Aminata, fallait-il nécessairement que Ndioro fusse tant noircie ? Ce n’est pas très joli et ce n’est pas juste mais bon, il peut arriver que de telles choses se produisent et en politique très souvent. Et là, nous y sommes en plein ! Mais, en attendant que d’y revenir voici : En relisant les mémoires de Diouf publiés par ‘’Le Seuil’’ en 2014, rappelons-le, on s’aperçoit avec stupeur que les passages reproduits, cités par le sieur Mor Fall (l’ogre, l’insatiable en argot militaire) et désobligeants à l’endroit de Ndioro Ndiaye, n’y figurent tout simplement pas ! Rien, nulle part, zéro ! Comment ça ? C’est de l’invention du ‘’fake’’ ?

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Interpellés à ce propos, les responsables du ‘’Témoin’’ ont excipé de leur bonne foi et fourni un ‘’pdf’’ reçu par eux, de ‘’l’insatiable’’ sans doute, et parfaitement identique, à la virgule près, au ‘’papier’’ qu’eux même avaient publié ! Une situation comme celle-ci s’appelle un ‘’Pat’’ au jeu d’échec, le match est nul. Sauf que là, on n’est pas dans un jeu, aux échecs en l’occurrence, mais dans la vie réelle et en politique pour tout dire. Et là il y a à faire et largement de quoi à faire. Qui est à la manœuvre ? Ou profite de ce semblant d’imbroglio ? Ndioro Ndiaye gênerait elle encore au jour d’aujourd’hui et en quoi gênerait-elle ? On a beau chercher l’on n’a rien pu trouver.

A moins qu’elle ne soit introduite, tout à fait à son insu, dans un autre jeu, d’une autre partie et d’un autre coup : celui du billard à trois bandes. C’est-à-dire que pour percuter une boule ‘’A’’ que la configuration sur le tapis ne permet pas d’atteindre directement, il faut passer par la bande, y rebondir et toucher une boule ‘’B’’ avant que d’atteindre sa cible à savoir la boule ‘’A’’. C’est la seule manière de faire un détour lorsqu’on ne peut aller tout droit ! C’est de l’adroite tortuosité en somme ! C’est le billard et la politique quelques fois ! Pour ceux, nombreux, qui ne connaissent pas en fait de billard, la manœuvre est la suivante : entrer dans les bonnes grâces de Aminata et s’assurer d’une reconnaissance future en ‘’débinant’’ l’une de ses anciennes ennemies avec l’onction, l’aval de son grand frère et mentor de toujours : le président Abdou Diouf ! A quelles fins pourra-t-on se demander ? Et pourquoi maintenant ?

C’est parce que hélas et c’est le lieu de le déplorer et de s’en inquiéter, dès le lendemain du jour où il a été réélu pour son deuxième mandat, la succession du président Macky Sall a été déclarée ouverte et a commencé et c’est le plus tragique, par ses propres partisans. Je ne parle pas de ses alliés officiels du PS ou de l’AFP mais bien des APR originels eux-mêmes et cet épisode malheureux pour Ndioro Ndiaye et pour Diouf de façon symétrique, ne serait que le résultat— un épiphénomène de la guerre de positionnement qu’ont commencé à se livrer les héritiers putatifs et diadoques autoproclamés du président Macky Sall ! Déjà ! Sitôt ! Cela est grave et extrêmement car qui sait qui sera encore de ce monde en 2024 au mois de février ? Pas moi, en tous cas, ni Mor Fall ou sa patronne dont les identités nous sont bien connues en dépit des masques et des noms d’emprunt.

L’univers 2.0 est entré en politique depuis longtemps déjà dans les pays développés que ce soit aux Etats-Unis ou en Grand Bretagne et encore que nous soyons toujours en voie de développement, nous y sommes confrontés à notre tour. Et ce à travers des figures assez emblématiques telles celle du Président Diouf dont nous savions tous combien il était courtois, posé, mesuré, taiseux et autant avare de ses paroles que des deniers publics lorsqu’il était aux affaires. Or ne voilà-t-il qu’il se retrouve piégé, par la faute de quelque collaborateur par trop distrait, étourdi, paresseux ou pressé aux prises avec la perversité des NTIC. On peut imputer à Diouf ce qui a reçu son imprimatur et aux éditions du Seuil ce qu’elles ont publié et ça c’est l’ouvrage que l’on peut trouver dans toutes les librairies tout le reste est du ‘’fake’’. Juridiquement parlant. Mais il reste que maintenant, grâce ou à cause des NTIC, tout devient possible, tout devient égal et donc se confond et ce sont les mal- intentionnés qui en tirent toujours bénéfice !

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Là c’est Ndioro Ndiaye qui est la victime directe et collatérale en même temps. Car, l’on peut imaginer que sa proximité actuelle avec le Président Sall ne fait pas que des heureux dans le cercle des héritiers putatifs. Elle qui avait pensé devoir servir son pays à la place où son cursus et son expertise pouvaient être utiles, la voici mise à l’index pour des raisons aussi imméritées qu’obscures.

Hors de toutes les courses ou compétitions pour des postes nationaux, elle est quand même la victime innocente de celles furieuses et effrénées que certains de décider de mener. Cela me rappelle une antienne, une vieille rengaine chantée naguère par Souleymane Faye « Bëre leen bëre leen bu leen berewule gni bëre bëree ba daanu seen kaw ». C’est vrai sans doute, mais aussi où peut-on bien aller comme ça ? Sera-ce loin, croyez- vous ? Je ne le pense pas !

ASAK

Ndlr : Sans chercher à polémiquer — ce que nous n’oserions même pas nous permettre s’agissant d’un de nos maîtres de la plume pour qui nous avons le plus grand respect —, nous voudrions juste dire à nos lecteurs que les passages reproduits dans nos colonnes relatifs à des appréciations portées par l’ancien président de la République sur Mme Ndioro Ndiaye figurent bien dans la version électronique de ses « Mémoires ». Et aux pages 131 et 132 que nous avons indiquées ! A ce que l’on sache, le Président Abdou Diouf, qui séjournera à Dakar à partir de demain pour assister aux obsèques de Mme Colette Hubert Senghor, n’a jamais démenti les propos que nous lui avons prêtés à propos de son ancienne ministre de la Promotion féminine ! Tout le reste relève de commentaires et… d’excellente prose. Merci de nous avoir régalés, cher Maître ASAK !

Les passages du livre en format pdf

131

« Lorsque Mantoulaye a quitté le gouvernement, Ndioro Ndiaye qui l’a remplacée a voulu liquider Aminata. Je l’ai dissuadé de le faire, en lui signalant l’erreur qu’elle commettrait, Aminata étant performante à son poste. Ndioro essaya de me convaincre, en me sortant pour argument qu’Aminata Mbengue n’était pas de la hiérarchie A. Je lui répondis qu’elle ne m’apprenait rien, parce que moi-même étant informé de ce fait depuis longtemps, mais j’avais fait de la nomination d’Aminata une exception, parce que je trouvais qu’elle était la femme de la situation. En dépit de tout, Ndioro décida de nommer une autre personne au poste, en me rassurant qu’elle allait donner un projet à Aminata. Comme quoi parfois les gens creusent leur propre tombe ; elle ne lui a rien donné à faire, et Aminata est restée à tourner en rond. A chaque fois que j’interpellai Ndioro sur le projet, elle me répondait: Oui, oui, je suis en train de le préparer, je cherche le financement. Vraiment Mr le Président, faîtes-moi confiance. quand j’ai attendu de guerre lasse, j’ai nommé Aminata Mbengue chargée de mission à la Présidence. Par la suite, Ndioro a fait une faute très grave. Le Sénégal devait abriter une très grande rencontre, la Conférence des femmes africaines pour préparer Pékin, à laquelle devaient prendre part les Premières Dames. En Conseil des Ministres, j’ai demandé à Ndioro de s’appuyer sur l’ensemble des Ministres, et je lui dis que j’allais mettre tout le monde à sa disposition pour les accueils, le protocole. Elle a voulu faire la championne en organisant toute seule dans son département cette manifestation d’envergure, qui devait préparer Pékin pour les femmes africaines. Elle a voulu tout organiser seule, et ce fut un fiasco total. Madame Abasha était là, tout comme Madame Rawlings. Il y avait d’autres Premières Dames mais ma femme n’était pas là. Pourtant, j’avais demandé à Ndioro de mettre à contribution tout le monde. La suite prouve qu’elle l’a fait exprès. En effet, à la sortie du gala à Sorano, le griot chargé de l’animation n’a fait que chanter Ndioro. Il l’enfonça d’ailleurs en disant «Ah! Nous venons pour la première fois de voir un ministre organiser seul un évènement, sans l’aide de personne, et le réussir ». Et dire que j’avais demandé qu’on lui apporte toute l’assistance nécessaire. quand le lendemain j’ai reçu à déjeuner la Reine Fabiola, connaissant mon état d’esprit, elle me dit « Monsieur le Président, pardonnez à votre Ministre ». Je lui répondis, Majesté, je vous ai comprise ». On ne peut pas diriger un pays s’il n’y a pas de sanctions contre les fautes graves comme cellelà. Surtout, on ne peut pas essayer de promouvoir son image personnelle au détriment de celle du pays, et en fin de compte, briser sa propre image et l’image du pays. C’est alors que

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132

Je me suis dit que celle qui connaît le mieux la femme c’est Aminata, la chargée de mission, parce que, si Ndioro l’avait comme directrice de la Promotion féminine, elle n’aurait pas commis ces erreurs. A la surprise générale, elle a fait un excellent travail auprès des groupements des femmes à Louga, au niveau de la région et dans le Sénégal.







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