L’image est parlante. Elle raconte la place de subalternes que certains chefs d’Etats acceptent d’occuper dans l’ordre actuel du monde : quatre chefs d’Etats africains discutant avec la directrice générale du Fonds Monétaire International (FMI) de la soutenabilité de la dette et du développement durable, comme si leurs ministres chargés de l’Economie et des Finances n’étaient pas des interlocuteurs suffisants et pertinents sur ces sujets-là… A part une intervention du président béninois Patrice Talon, jugé d’ailleurs téméraire par certains, les discours convenus successifs ont confirmé l’embrigadement des aspirations africaines. Le refus ou la peur de laisser les africains jouer un rôle significatif dans la marche du monde en se développant aux meilleures conditions possibles est perceptible à vue de nez. Le débat sur la monnaie, qui préoccupe de larges franges de la jeunesse et de la société civile ouest africaine, a été occulté. Les supplications, quant à la révision de la perception de la dette africaine par les Institutions internationales, n’y changeront absolument rien. Nous nous contenterons du satisfecit, sur le bout des lèvres de la directrice du FMI, sur les « performances » macroéconomiques du Sénégal. Sans nous demander à quel prix ! Il se dit même que les vrais objectifs du déplacement de la directrice générale du FMI seraient liés à sa volonté de « mener une campagne active contre le système des garanties souveraines utilisées par de nombreux États africains pour masquer leur niveau réel d’endettement… », selon la dernière livraison de la Lettre du Continent. En fait, une manière de garder sous tutelle nos politiques économiques et de limiter l’envergure de nos projets ! On peut, au demeurant, se demander si le forum, dit de haut niveau, n’aurait pas dû être ouvert à d’éminents économistes africains susceptibles de porter la contradiction aux « experts » internationaux triés sur le volet pour venir nous prêcher la bonne parole…
Non. Nous continuerons à nous réjouir des appréciations trompeuses des agences de notation internationales qui contribuent à limiter le seuil de nos ambitions légitimes. Et les mesures draconiennes d’ajustement structurel de notre économie vont se suivre, les unes après les autres, au détriment des plus démunis et d’une classe moyenne qui souffre de plus en plus. La dernière hausse sur l’électricité, précédée par celle du carburant et d’autres denrées moins stratégiques, en atteste. Pendant ce temps, la campagne arachidière, sensée procurer des revenus aux paysans, a du mal à démarrer en raison du prix de 210 cfa le kg, jugé trop bas par les producteurs. Ceux-ci préfèreront vendre au plus offrant des spéculateurs plutôt que de se préoccuper de fournir à l’industriel national la graine qui est son principal intrant. Qui est fou ?
La fièvre du front social, signalée par les préavis de grève dans les secteurs sociaux comme la santé, l’Education, la distribution de l’eau, est un indicateur des tensions latentes qui couvent un peu partout. Mais nos dirigeants ont le regard ailleurs. Vers les pays du nord dont ils attendent tout au lieu d’éduquer leurs populations et de les soigner pour les rendre aptes à développer leurs pays en comptant d’abord, et surtout sur elles-mêmes.
C’est triste à dire mais notre plus grand mal nous est causé par nos dirigeants politiques.
Car, à y regarder de près, des progrès significatifs sont opérés tous les jours par des citoyens sénégalais et africains dans tous les secteurs de l’activité humaine et à tous les coins du monde.
Au plan économique, des entrepreneurs ont créé des success stories dans des domaines aussi variés que le bâtiment et les travaux publics (BTP), les assurances, les télécommunications, la pêche, la culture, le tourisme, l’artisanat, l’industrie, etc. La jeunesse sénégalaise à la faveur du développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication invente, innove et cherche à conquérir le monde. Des centaines de produits et d’initiatives envahissent le web à l’initiative des jeunes sénégalais. Tous ces efforts épars subissent, bien souvent, les contraintes d’un environnement juridique, fiscal et réglementaire dont la définition dépend, hélas, des hommes politiques !
A quand les états généraux de la politique et surtout des politiciens ?