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Ces Anglophones D’afrique

Tout francophone ayant séjourné dans un pays anglophone a vécu des épisodes similaires de la part de nos frères anglophones. Ces derniers se croient plus « libres » que nous autres et pensent que nos actes et pensées sont toujours définis et dictés par la France. Ils ne font aucune distinction entre le pouvoir politique et les peuples ni entre les intérêts économiques et la vie des citoyens. Ainsi, mes amis kenyans ou ougandais me reprochaient de boire du café comme les français, ce a quoi je leur retorquais qu’ils buvaient du thé au lait comme les anglais à 10h du matin et 4h de l’après-midi. Ils me reprochaient de m’habiller et de parler comme un français, sans accent, et je leur faisais comprendre que leurs juges portaient des perruques blondes et cela les faisaient rire car ils ne s’en rendaient pas comptes. Ils se gaussent de nos problèmes avec le franc CFA qui représente pour eux l’exemple ultime de soumission. Je peux continuer indéfiniment les exemples mais le fait est que les francophones considèrent que parler l’anglais est un atout dans leur carrière et leur évolution tandis que les anglophones africains considèrent le français comme une sous-langue non nécessaire. Loin de moi l’idée de défendre le français mais j’ai remarqué que la plupart de mes collègues blancs, anglais ou américains, qui travaillent dans un pays francophone prenaient des cours de français et parlaient cette langue au bout de six mois alors que la plupart des anglophones africains résidant en francophonie résistaient et continuaient à parler l’anglais même dans les marchés d’Adjamé ou de Sandaga ou à leur personnel de maison. Le ridicule ne tuant pas, ils prétendent que l’anglais étant la langue internationale, ils sont mieux dotés que les pays francophones.

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On leur a beau fait comprendre que la chine, le japon et la Corée du Sud ont utilisés leur propre langue et leur alphabet pour se développer et créer les technologies les plus pointues, ces africains anglophones s’arc-boutent sur leurs préconceptions avec des œillères.

Cet état de fait nuit à l’unité africaine et créent des problèmes y compris à des niveaux très enlevés. Tout le monde se souvient de l’attitude de Thabo Mbeki face au plan Omega de Wade ou lorsqu’il avait demandé à son ambassadrice de féliciter Sarkozy après son fameux discours de Dakar. Aussi, la Banque Africaine de Développement qui avait adopté le français et l’anglais comme langues officielles, devient de fait monolingue car nos amis anglophones ne font aucun effort avec tous les disfonctionnements que cela peut causer et au grand dam de certains francophones.

Cette notion de francophone et d’anglophone est de plus en plus battue en brèche. Le Sénégal devient ainsi wolophone, le mali bambaraphone, la Guinée fulaphone ou soussouphone, sans compter le Swahili en Afrique de l’est et le Kirundi, le Kinyarwanda, et le Lingala en Afrique du centre. Seules quelques élites, l’administration ou intellectuels parlent parfaitement les langues léguées par les anciens colons.

Le récent débat sur l’utilisation des langues africaines, entre Souleymane Bachir Diagne et Boubacar Boris Diop, relayé par SenePlus, a ainsi toute sa place dans le contexte linguistique africain actuel. Ce débat doit continuer sans ces aspects émotionnels. Cheikh Anta Diop avait véritablement compris assez tôt ce problème de langues et d’accès direct à la connaissance.

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A mes amis anglophones, je leur conseille donc la lecture de Cheikh Anta Diop et d’Achille Mbembe pour appréhender ce qu’un esprit francophone peut produire de meilleur et d’authentique.







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