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Hommage Aux Reines De Gno Yam

Hommage Aux Reines De Gno Yam

L’Institut de la Culture Afro-européenne à Paris (ICAEP) que j’ai fondé, a pour ambition de faire prendre conscience que l’on a une part de l’autre en nous. La France a une part d’Afrique, pour reprendre les propos d’Emmanuel Macron ; et l’Afrique a une part d’Europe. Aujourd’hui, pour que ces deux continents prennent conscience de leur imbrication, il faut plus d’Afrique, et plus d’Europe. Et peut-être moins de France, ou en tous les cas une autre coopération !

Mon Institut est partenaire officiel de l’UNESCO depuis 2010. A ce titre, nous mettons en œuvre un programme de l’UNESCO sur l’égalité des genres. Notre projet s’appelle Gno Yam. J’ai voulu une approche résolument africaine. Comment l’égalité femme homme est-elle appréhendée en Afrique ? Quel sens lui donne-t-on ? Existe-t-il des leviers traditionnels pour gérer cette thématique ? Que nous apprend l’histoire des grandes femmes africaines ?

Dans cet éditorial, un peu particulier, puisqu’il s’agit de vous offrir une très petite pièce de théâtre que j’ai écrite pour les enfants GNO YAM de cette 1ère édition, je voudrais citer toutes ces femmes sénégalaises qui ont contribué à la mise en œuvre de ce projet :

Amina Seck, une grande auteure et scénariste, cheffe du projet Gno Yam.

Maïmouna Astou Yade et Assiétou Diop, deux femmes très engagées dans la cause de l’égalité des genres. Elles sont chargées des ateliers de la sociologie et des violences faites aux femmes.

Mame Camara, auteure d’un livre sur le sujet « Une Femme de Roc » ; Adia Isseu Cissé, arbitre qui anime l’atelier sportif ; Ndeye Astou Faye, une talentueuse artiste et professeure à l’Ecole Nationale des Arts ; Djibé Diawara une chanteuse très prometteuse ; Ndeye Arame Dieng qui nous transporte avec ses slams venus d’ailleurs ; Awa Diouf, comédienne attachante ; Patricia Gomis, marionnettiste reconnue. Merci aussi à Narri pour son amitié.

Elles sont dans l’ombre du projet. Mais elles aussi méritent la lumière : Lissa Ladive Bolera et Daba Sambake pour la logistique et leur dévouement. Comment ne pas citer non plus Awa Ba fondatrice de notre école partenaire, l’Ecole Bilingue Ouest Africaine (EBOA) et sa directrice pédagogique très compétente, Myrième Dia.

Je n’oublie pas ma chère représentante, Me Abibatou Samb, une grande travailleuse. Et l’infatigable Ndeye Khar Faye et sa tv dédiée aux femmes, www.vftv.online.

Pour finir, tous mes remerciements à Maram Ballà, professeure aux USA, pour m’avoir conseillé dans le projet Gno Yam, dès le début.

Vous êtes donc les Reines de GNO YAM, l’âme du projet en partenariat avec l’UNESCO. Ces femmes méritent plus de considérations de notre part, et surtout qu’on leur donne plus de responsabilités en lieu et place de celles et ceux qui viennent d’ailleurs. Le talent est au Sénégal. C’est ce que ce projet m’a appris.

Vous êtes les dignes héritières de la Reine Ndette Yalla Mbodj !

Bonne lecture pour la pièce consacrée à cette Reine sénégalaise !

5 personnages :

La griotte (Une jeune fille d’aujourd’hui. Elle connait l’histoire de la Reine Ndatté Yalla Mbodj, telle qu’elle lui fut racontée par sa grand-mère, originaire du Walo).

La Reine Ndatté Yalla Mbodj

L’esprit (Sa mère, Fatim Yamar Mbodj)

L’amazone (Guerrière, conseillère et confidente de la Reine)

La foule (Elles et Ils)

L’abbé David Boila (Métis, amoureux du Sénégal, âme d’aventurier)

Prologue : Le patrimoine culturel du Sénégal

Une griotte (conteuse) s’avance vers le centre de la scène.

La griotte (Regarde le public, marque un temps d’arrêt, et commence son récit avec une voix posée) : Vous connaissez tous son nom ? Vous avez entendu parler de l’acte héroïque des femmes de Nder et de sa mère, la Linguère Fatim Yamar Mbodj ? C’est la Reine, notre Reine, à tous les Sénégalais : Ndatté Yalla Mbodj ! La dernière du Royaume de Walo !

La foule (A ce moment-là, apparaissent sur la scène 5 enfants qui chantent en chœur) : Ndatté Yalla Mbodj, Notre Héroïne-femme, Notre Reine-pouvoir, Notre Mère-patrie, Notre Sœur-courage.

La griotte : L’histoire que je vais vous conter aujourd’hui, est celle d’une femme qui régna, presque 10 ans, avec sagesse et courage, sur un petit royaume dans le Nord-ouest du Sénégal, à quelques encablures de la ville de Saint-Louis, et limitrophe de la Mauritanie actuelle.

La foule (Reprend en chœur en marchant vers le centre de la scène) : Ndatté Yalla Mbodj, Notre Héroïne-femme, Notre Reine-pouvoir, Notre Mère-patrie, Notre Sœur-courage.

La griotte : A votre tour, vous conterez son histoire à vos enfants qui la raconteront à leurs filles et fils pour que cette Reine au destin exceptionnel, patrimoine historique du Sénégal, nous inspire, à tout jamais.

La foule (en chœur en se dispersant) : Ndatté Yalla Mbodj, Notre Héroïne-femme, Notre Reine-pouvoir, Notre Mère-patrie, Notre Sœur-courage.

Acte I : L’alliance

La griotte (Se tient sur un côté de la scène ; la Reine est assise au centre de la scène) : Nous sommes en septembre 1850. La case de la Reine Ndatté Yalla Mbodj, après une enfilade de cours, est la toute dernière. Ndatté Yalla Mbodj se tient, devant sa case, majestueusement, sur un banc d’ébène servant de trône. A ses côtés, avaient pris place plus de 500 dames de la Cour.

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L’Amazone (Avec l’air essoufflé, court vers la Reine) : Reine, l’Etranger arrive ! En robe blanche !

La Reine : C’est un enfant de chez nous, né à Saint-Louis ; il nous vient en ami. Il sert l’Eglise, il est normal qu’il porte un tel habit. Il parle le wolof.

L’amazone (Geste de désapprobation) : Son père est un étranger, et sa mère, une signare, et Saint-Louis, ce n’est pas un nom de chez nous ! Et sa religion, non plus ! Je m’en méfierai à votre place. Ses intentions sont belliqueuses.

La Reine (Soupire) : J’aspire à la paix pour la postérité de mon Royaume. J’ai réchappé avec ma sœur à un incendie. Ma mère s’est sacrifiée pour le Royaume. Il est temps de comprendre ceux qui sont venus d’ailleurs. Cet abbés nous en dira plus sur les mœurs de ces étrangers. Nous mesurerons alors le possible danger qu’ils représentent.

L’Amazone : J’ai un mauvais pressentiment, ma Reine.

La Reine : Notre Royaume, comme tous les autres royaumes voisins (celui de Djolof, du Boal, de Sine…) ont, au cours de leur histoire, coexisté avec des cultures étrangères. Ils les ont accueillies avec tolérance et les ont faites sienne tout en préservant leurs coutumes animistes. Sauvegardons cet héritage !

L’esprit (Sa mère chuchote dans l’oreille de la Reine. La foule peut l’entendre, pas les étrangers) : Ma chère enfant, tu es dans la fleur de l’âge, à 40 ans. Tu règnes par devoir depuis 4 ans. Oui, notre Royaume est le berceau des wolofs, lui-même l’expression d’un brassage culturel entre différentes ethnies. Nous cohabitons, les uns avec les autres, entre Wolofs, Peuls, Toucouleurs, Sarakhollés et Maures. Notre force réside dans cet équilibre !

La griotte : L’abbé fait son entrée, avec beaucoup de simplicité, entouré d’une dizaine de tiédos qu’il ne semblait pas affectionner. Il fit un signe de révérence en direction de la Reine qui l’invita à se mettre en face d’elle.

La foule (En murmurant fort) : Le voilà, l’invité de la Reine ! Qu’il est beau avec son pagne blanc !

L’abbés (S’adresse à la Reine avec beaucoup de respect) : Reine ! Votre notoriété dépasse de loin la ville de Saint-Louis. Le gouverneur du Sénégal Pierre-Auguste-Eugène Aumont, m’a mandaté pour vous témoigner de tout le respect qu’il a envers vous.

La Reine (Répond sous un ton ironique) : Je remercie Dieu. Promettez-moi que, contrairement à ses prédécesseurs, ce Gouverneur ne coupera plus nos arbres fruitiers de peur que nous nous y cachions en cas de conflit pour surprendre ses valeureux guerriers !

L’abbés (Sincère et convaincant) : Je suis venu en saint-homme, désireux, plus que tout, de conclure une entente entre la France et votre Royaume, pour vous protéger définitivement de ces maudits maures et de leur chasse à l’homme.

La Reine (Interrogative) :  Protection, dites-vous ? Qu’attendez-vous en échange ?

L’Amazone (Parle à voix basse pour ne pas être entendue par l’invité) :  Les blancs ne s’intéressent qu’à nos richesses et à notre position stratégique pour leur expansion !

L’abbés : Le mariage de votre défunte sœur Ndjeumbeut Mbodj – « la perle du Walo » avec le roi des Maures Trarza – Mohamed El-Habib, n’a pas porté ses fruits. Lorsque ces hommes de terreur déferlent vers Nder, vous ignorez s’ils viennent commercer en paix ou alors vous prendre comme captifs et vous vendre comme esclaves.  

La Reine : Les comptoirs commerciaux européens, depuis des siècles, ne font pas mieux ! N’est-ce pas ?

La griotte (Mime la scène) : C’est alors que, à la surprise de son hôte, Ndatté Yalla Mbodj prit une grande pipe noire et se mit à fumer avec un air majestueux.

L’abbés : La France est entrée dans une nouvelle ère, avec l’abolition de l’esclavage dans nos colonies, depuis 2 ans.

La Reine (Agacée) : Pourquoi alors la France est-elle toujours là ? Sur nos terres ! Chaque jour, sa présence se renforce dans cette région ! Vos machines à vapeur prennent possession de notre fleuve !

L’esprit (La mère de la Reine implore) : Ton Royaume est en danger. Ces blancs sont encore plus dangereux que les marchands d’esclaves mauritaniens que nous avons affrontés naguère.

L’Amazone (En confidence à la Reine) : Laissez-moi lui percer son cœur avec ma lance ! Cet homme est un éclaireur du mal ; il vient nous observer, nous épier. Il informera ses frères blancs de nos atouts et faiblesses. Regardez-moi ce stylo qui déborde de sa poche ! Ne s’apprête-t-il pas à faire des esquisses des défenses de votre palais ?

La Reine (Reste sereine) :  Il y a 3 ans, dans une lettre destinée au Gouverneur de l’époque, je m’étais plainte de l’installation de planteurs blancs sur mes terres, et du non-paiement par ces derniers de l’impôt, la coutume. La France ne nous respecte pas plus que les Maures !

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L’abbés : Je puis vous assurer pourtant que nous voulons la paix avec votre Royaume. Les dessins des Maures se limitent au pillage, et à la négation de votre culture ! Nous avons l’ambition de vous apporter la modernité et l’éducation. Imaginez des écoles, une économie florissante ! Ce serait gagnant-gagnant ?

L’esprit (Avec une voix accablée) : Ma fille ! J’ai eu une vision apocalyptique. A la tête de notre armée, tu faisais face à des milliers de soldats blancs. Nos guerriers luttaient de toute leur force. Dans un dernier sursaut, tu t’es adressée à eux : « Aujourd’hui, nous sommes envahis par les conquérants. L’envahisseur est plus fort que nous, je le sais, devrons-nous abandonner le Walo aux mains des étrangers ? ».

La foule (Entend l’esprit, avec effroi, contrairement à l’abbés) : Oh Walo-Walo, unissons-nous contre cette nouvelle menace ! Faisons appel à nos Dieux, et divinités pour nous sauver !

L’abbés : Je vous jure sur ce que j’ai de plus précieux – à savoir la Bible, que l’économie de la Traite prendra fin dans les mois à venir. Je plaide pour une économie plus productrice pour votre Royaume, en conséquence moins destructrice et nuisible ! L’agriculture y sera privilégiée.

La Reine : Nous verrons bien ! Je défendrai les intérêts de la terre de mes ancêtres. Tous les convois de ravitaillement à destination de Saint-Louis qui emprunteront les voies terrestres et maritimes de mon Royaume paieront un droit de passage.

L’Amazone : Je vous en conjure. Annuler le déjeuner de demain avec votre invité. Il est les yeux des blancs.

L’esprit : Ecoute ta conseillère ! Prépare-toi à la bataille finale !

La griotte : Ndatté Yalla Mbodj connaissait mieux que quiconque les périls de son petit Royaume enclavé. Mais elle était déterminée ; la présence de l’Abbés devait lui servir à percer le mystère de ses ennemis.

Acte II : La femme au cœur du Royaume de Walo

La Reine (Un ton moins solennel) : Je suis curieuse, Cher invité. Il m’a été rapporté que vous avez voyagé en France dès l’âge de 13 ans. Comment s’appelle leur Reine ? A quoi ressemble-t-elle ? A-t-elle combattu et remporté des batailles ? A-t-elle une armée d’amazones sous son commandement ? Viendra-t-elle me rendre hommage comme vous aujourd’hui ?

La griotte : La Reine, sciemment, opta pour un ton plus apaisé afin d’établir une relation de confiance avec David Boila. Ndatté Yalla Mbodj voulait soutirer le plus d’informations possibles de cette entrevue.

L’abbés (Répond sans vouloir donner une leçon) : La France n’est plus un Royaume. C’est la IIème République. Leur chef s’appelle Louis-Napoléon-Bonaparte, neveu de Napoléon 1er.

La Reine : République, dites-vous ? A quelques journées de marche d’ici, vers l’est, il y a un Royaume qui porte le nom de République de Bambouk, peuplée de Mandingues.

L’Amazone (Toujours aussi méfiante) : Ne lui-révélez pas les mines d’or qui y recèlent dans cette région !

L’abbés : Ah oui ! En Europe, on lui donne le surnom de « Pérou de l’Afrique » !

L’Amazone (Jette ses bras vers le ciel par dépit) : Malédiction, ils sont déjà au courant !

La Reine :  Connaissez-vous la Charte Mandingue proclamée en 1222 ?

La griotte : Les 2 protagonistes ne se souciaient plus de leur entourage. Ils cherchèrent à assouvir leur soif de connaissances.

L’esprit (Nostalgique) : Tu te souviens ma fille lorsque je t’ai préparée à la fonction de Reine avec ta sœur aînée ? Pour vous faire respecter par les hommes, je vous ai cité l’article 14 de cette charte : « N’offensez jamais les femmes nos mères ».

L’abbés : N’est-ce pas un texte sur les droits en faveur des hommes ?

La Reine (Etonnée) : Sur les hommes ? Pas seulement ! Les femmes aussi, y sont mentionnées. Je me souviens que ma mère se référait à cette Charte pour y légitimer le rôle des femmes dans notre Royaume. « En plus de leurs occupations quotidiennes, les femmes doivent être associées à tous nos gouvernements (Art.16) », nous répétait-elle souvent avec fierté.

L’abbés (Respectueusement) : En France, pour la toute première fois, il y a à peine 2 ans, leur chef a été élu au suffrage universel par les hommes.

La foule (Quelque peu dérangée par l’abbés) : Les hommes, les hommes, les hommes ! Et la femme dans tout cela ?

La griotte : L’abbés un peu vexé par la clameur, continua de justifier son propos.

L’abbés : En venant jusqu’à vous, j’ai observé de nombreuses femmes du walo-walo moudre le mil, d’autres s’affairaient autour des greniers, et enfin quelques-unes palabraient entre elles. Comme dans la foule d’aujourd’hui (Tout en jetant un regard amusé vers la foule) !

La Reine (Imperturbable) : Notre Roi, le Brack, est, dans notre pratique de l’exercice du pouvoir, nommé par une Linguère. L’héritier de notre Royaume est mon fils Sidya Ndaté Yalla Diop. Je lui prédis un grand avenir, il est élevé pour affirmer le rattachement indéfectible du Walo au Brack.

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La foule (Exaltée et espoir) : Notre futur grand roi, Sidy Ndaté ! Notre futur grand roi, Sidy Ndaté !

L’abbés (Admiratif) : La légitimité du pouvoir au Walo tient donc des femmes !

L’Amazone : Jamais les fils du Brack ne régneront ! Pas d’exception, pas même pour les futures progénitures de l’héritier fils de notre Reine, Ndatté Yalla Mbodj.

L’esprit : Eh oui ! J’avais désigné mon mari, Amar Borso Mbodj, comme Brack.

L’abbés (un peu espiègle) :  J’ai croisé le Brack sur mon chemin ; et je me tiens devant vous, Reine.

La Reine : Mon cousin Mambodj Malick, a toute ma considération ! J’assume mes responsabilités, comme ma mère, ma sœur, et d’autres le firent avant moi.

L’abbés : La société française n’est pas matrilinéaire, ni maintenant, ni dans le passé. C’est ce qui m’a été enseigné lors de mon séjour en France. Les rois de France étaient désignés, comme vous, parmi des dynasties, mais le royaume revenait à l’aîné des garçons que le roi avait eu avec la reine. Ce fils héritier devait s’imposer comme un vrai chef de guerre face à ses frères, parfois jaloux et envieux.   

L’Amazone : Jamais je n’irai dans une telle région qui fait peu de cas des femmes.

L’esprit (Moqueuse) : On ne t’y laissera pas aller de toute façon !

La Reine (Se penchant vers sa confidente Amazone) : Nous avons trop besoin de toi ! Nos guerrières sont un atout pour résister à nos 2 ennemis : les Maures et les Français ! Eux ne peuvent compter que sur leurs hommes-soldats et les tirailleurs !

L’abbés : Les femmes ne pouvaient pas non plus transmettre le droit à régner.

La Reine : Les épouses des Rois, leurs reines, étaient-elles dépourvues de tout pouvoir ?

L’abbés : Certaines reines ont été influentes. Derrière chaque grand homme, se cache une femme ! Même les maîtresses des rois avaient leur importance, selon les circonstances !

La Reine (Avec incompréhension) : Ici, au Walo, nous ne nous cachons pas ! Je suis bien présente devant vous comme Reine.

L’abbés : Parfois, les mères d’un roi trop jeune exerçaient les prérogatives royales et gouvernaient. Comme vous, en attendant que votre fils devienne plus grand !

L’Amazone (A voix haute) : Il vous offense, Reine ! Cette fois-ci, je lui perce son cœur. Le temps de votre pouvoir n’est pas limité dans le temps. C’est vous qui choisirez le moment venu.

La foule (En soutien à leur Reine) : Ndatté Yalla Mbodj, nous te voulons à nos côtés, le plus longtemps possible !

L’abbés : Pardonnez-moi, Reine. N’en faites rien !

L’esprit (Avec effroi) : Un esprit de là-bas m’a dit que leur peuple avait coupé la tête de leur reine.

La Reine : Est-il vrai que vous coupez la tête des reines ? Est-ce le sort que vous me réservez ?

L’abbés : C’était il y a bien longtemps ! Un reine d’origine autrichienne a perdu sa tête par la faute d’enragés. Dans l’histoire de la France, une guerrière a aussi été brûlée sur un bucher. Elle s’appelait Jeanne d’Arc, elle était accusée de sorcellerie !

L’Amazone : Est-ce là l’honneur de ces hommes blancs ? Ils brûlent leurs guerrières prisonnières ! Ils les traitent de sorcière ! Ils n’admettent pas que les femmes leur soient égales, y compris dans la guerre et la gouvernance.

L’esprit :  Nous, femmes de Nder, avons décidé par nous-mêmes de notre suicide collectif par le feu !

La Reine : Grâce à votre aimable visite, j’en sais un peu plus sur les mœurs, la vie politique de la France qui s’intéresse tant à notre Royaume. Je vous offre demain un repas, pour vous remercier de cet échange. Jusque-là, mon Palais vous est ouvert.

La griotte : Ndatté Yalla Mbodj posa sa pipe et se retira dans sa case, suivie de l’Amazone et d’autres femmes.

Epilogue : le début d’une Grande Histoire

La foule (Composée de 5 enfants. A ce moment-là, apparait sur la scène 5 enfants qui chantent en chœur) : Ndatté Yalla Mbodj, Notre Héroïne-femme, Notre Reine-pouvoir, Notre Mère-patrie, Notre Sœur-courage.

La griotte : Quelques années plus tard, Ndatté Yalla Mbodj, à la tête de son armée, se bâtit avec courage contre l’armée du gouverneur Louis Faidherbe. Bien que défaite, son nom est gravé à tout jamais dans nos mémoires. Il est de notre devoir de lui rendre hommage, et de l’utiliser comme modèle face aux défis du Sénégal d’aujourd’hui et de demain. Toute grande Nation a ses héros, et héroïnes : Ndatté Yalla Mbodj, en fait partie.

Tous les enfants comédiens chantent en chœur : Ndatté Yalla Mbodj, Notre Héroïne-femme, Notre Reine-pouvoir, Notre Mère-patrie, Notre Sœur-courage (3 fois).

edesfourneaux@seneplus.com







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