L’actualité de ces derniers jours a été marquée , entre autres par les événements survenus lors de tentatives de marche autorisée ou non des membres de différents mouvements , activistes et les incidents regrettables concernant des journalistes qui auraient été malmenés par des éléments des forces de l’ordre. Il est bon de rappeler au demeurant qu’ils poursuivent tous des missions de service public : les journalistes ayant la mission d’informer les citoyens, les agents des forces de l’ordre chargés d’assurer l’ordre public et de veiller à la sécurité des personnes et de leurs biens. La presse jouera un rôle déterminant dans la pacification de l’espace politique et social en informant juste, et en veillant surtout à son rôle d’avant garde dans la diffusion de l’information. S’agissant du droit et la liberté de manifester, ils sont tous garantis par la Constitution. Mais ils s’exercent dans les conditions prévues par la loi (art 8 et 14 de la Constitution). Il en découle que cette liberté peut faire l’objet de restriction, mais qu’elle doit être justifiée et qu’elle procède au moins indirectement d’une habilitation législative.
Ainsi un décret, un arrêté comme celui du 20 juillet 2011 communément appelé arrêté Ousmane Ngom) peuvent parfaitement réglementer les manifestations sur la voie publique tout en les soumettant à certaines restrictions, dès lors que les conditions d’exercice de ces libertés visent à trouver un équilibre entre la liberté d’organiser de telles manifestations et la sécurité des autres usagers. Ces droits et ces libertés sont d’égale dignité avec d’autres comme les libertés religieuses, le droit à la santé, le droit au travail. Ils se concilient à la nécessité de protéger la tranquillité publique et la préservation de l’ordre public. C’est la position aujourd’hui des juridictions nationales et internationales, notamment le Conseil d’Etat français et la Cour Européenne des Droits de l’homme. Le droit et la liberté de manifestation, garantis par la Constitution ne sauraient justifier l’argument et servir de prétexte conforté en cela hélas par certains juristes pour brandir: « Autorisation ou pas, nous allons faire notre marche, la constitution étant supérieure à la loi, au décret et à l’arrêté du préfet ». Avec les menaces de toutes sortes et les regains de violence des bandes armées criminelles, terroristes dans le monde, la notion de droit individuel aujourd’hui, de plus en plus laisse la place à la notion de « l’intérêt national de sécurité publique ». Il s’y ajoute que ces manifestations peuvent, en raison du lieu et du moment compromettre le droit et la liberté d’autres citoyens de vaquer à leurs occupations comme d’aller travailler, de faire leur activités commerciales. Il en est aussi de même du droit de s’acquitter de ses devoirs religieux comme aller à la prière du vendredi ( Salãt- Al- Jum’ ah) meilleur jour de la semaine chez les musulmans, jour férié même dans certains pays musulmans, et la messe pour la paisible communauté chrétienne. Les citoyens sont tous égaux en droit devant la loi.
Que se passerait-il alors si au moment même où ces marches et manifestations se déroulaient, des fidèles défendaient avec force leur droit constitutionnel d’accomplir dans la quiétude et la sérénité leurs devoirs religieux , le vendredi dans les mosquées jouxtant la Place de l’Obélisque comme la Grande Mosquée Massalikoul Djinâne , celle de la Grande Mosquée de Dakar en face de la maison de la RTS, la Zawiya Elhadji Malick Sy qui avait reçu des grenades en Février 2012 et la Messe du vendredi à la Cathédrale, où avait été cueilli le leader Jean Paul Diaz ? Qui va rembourser les commerçants qui ont pignon sur rue et les vendeurs ambulants de ces journées de mévente, victimes d’actes de destruction ou de vol de leurs marchandises, si ce n’est l’État ou les mairies ? Une proposition de loi visant à interdire les marches et les manifestations aux abords des lieux de cultes certains jours et à certaines heures serait la bienvenue. Avec l’évolution des nouveaux instruments d’information et de communication, les TIC , les réseaux sociaux, le lieu importe peu , sauf à vouloir récupérer les mouvements de foules de citoyens n’ayant rien à voir avec la marche , ou à mettre dans la escarcelle de leur bourse démunie en terme de mobilisation, pour donner une apparence de grande réussite, au moment des évaluations.
Voulait on alors déplacer la Place Tahrir, Sidi Bouzid ou le Centre d’Alger, Printemps Arabe oblige vers la Place de l’Indépendance pour l’avènement d’un “ Harmattan Sahélien” comme le proclament certains, dénonçant avec colère “ le manque de courage des sénégalais qui ne sortent jamais comme c’est le cas dans certains pays “? Nous avons bien suivi ces dernières semaines les marches et manifestations autorisées ou non des mouvements Frapp- France – Dégage , Aar Linu Bokk, Nio Lank Nio Bagne à Dakar et dans les régions, suivies d’interpellations , d’arrestations et de mise en détention de personnes, notamment certains de leurs leaders , suite à l’augmentation du prix de l’électricité. L’on peut bien comprendre leur mécontentement et celui de nombreux citoyens malgré les explications de la direction de la Senelec et celles de la Commission de Régulation du Secteur de l’Électricité. Mais force est de reconnaître que les bonnes et patriotiques intentions de ces acteurs en vue de corriger et rétablir l’injustice causée à leurs concitoyens avancent des arguments qui résisteraient difficilement à des analyses sérieuses. D’abord, tous les sénégalais, compte tenu de leurs revenus ne disposent pas, il faut oser le dire de la même capacité financière pour satisfaire leur besoin en électricité. Sinon qu’ont ils alors prévu pour les citoyens qui ne disposent pas du pouvoir financier de s’abonner même à la Senelec pour disposer du minimum d’accès à l’électricité? Logique pour logique, pourquoi ne dénoncent ils pas alors la différence du coût de l’essence ou du gasoil comme d’autres denrées selon que l’on se trouve à Dakar ou à l’intérieur du pays?
Comble d’hérésie, comment peut-on lier les avantages bien mérités accordés aux employés d’une entreprise commerciale performante qui donne des résultats satisfaisants avec de gros bénéfices à l’augmentation du prix de l’électricité? Ces altruistes, chevaliers de la cause du peuple devraient ils, au nom du sens très élevé de la justice sociale, dans leur combat contre la cherté de l’électricité laisser en rade leurs concitoyens qui vivent à l’intérieur du pays et qui ne disposent d’aucune commodité ? Ne sont ils pas aussi des sénégalais ? Ont ils connaissance des pénuries d’eau et des délestages d’électricité continus pendant des jours dans des grandes villes comme Johannesburg, Lagos et celles d’autres pays économiquement plus avancés où le coût de l’eau et de l’électricité est d’ailleurs plus élevé qu’au Sénégal? Le credo du Président Macky Sall est: Un Sénégal de l’Accès de l’Énergie Pour Tous, Partout et de manière équitable.
Concernant la mise en place du Comité de Pilotage du Dialogue National, tout en le saluant nous invitons les citoyens à préserver cet acquis. Aujourd’hui les sénégalais de tout bord doivent avoir un regard inquiet sur ce qui se passe dans d’autres pays comme le Mali, le Burkina, le Niger , le Cameroun , le Niger avec ces attaques meurtrières des terroristes. Au moment où la loi portant criminalisation du viol est en voie d’être adoptée par l’assemblée nationale, dans d’autres pays , c’est au quotidien que des africains vivent, impuissants le spectacle de filles mineures , femmes mariées , violées devant leurs proches , pour être transformées ensuite en esclaves sexuelles, taillables et corvéables à merci.
N’est il pas temps alors pour les militants de “Ar Lou gnou Bokk “et autres d’échanger leur dénomination contre « Ar Sou gnou Jamm ak Sou Niou Karangue » et s’atteler à sauvegarder la paix et la sécurité au Sénégal?
Il urge alors pour toutes les femmes, mères, épouses, de s’impliquer dans le dialogue de le faire descendre à la base à partir de leur foyer, leur quartier, en marge du Comité de pilotage. Comme elles ont à le faire par le passé pour l’adoption de la loi sur la Parité, elles devraient impliquer tout le monde, y compris les épouses des hommes membres de l’opposition. En compagnie de l’épouse du Chef de l’Etat, la Première Dame , Marième Faye Sall, elles iront rendre visite au Président Abdoulaye Wade et tous les responsables de l’opposition pour s’asseoir autour d’une table discuter d’autres sujets, comme l’insécurité, les règles de prudence à prescrire , le drame des voyages clandestins des jeunes sénégalais, financés par les parents , les violences faites aux femmes et les nombreux accidents provoqués par des chauffeurs irresponsables . Dans cette noble mission , elles devraient rappeler aux parents de dire à leurs enfants , élèves ou étudiants que les agents des forces de l’ordre sont des citoyens à part entière, des pères et des mères de famille qui méritent respect et obéissance. Qu’ils devraient bien se garder de les défier, de les braver, encore moins d’incendier, de détruire les biens publics pour revendiquer leurs droits.
Maître Djibril War,
Député à l’Assemblée Nationale et au Parlement Panafricain,
Président de la Commission des Lois, des Règlements, de la Discipline au Parlement Panafricain