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QuÊte Permanente De LuciditÉ

Le Président de la République s’adresse ce soir à la nation pour ses traditionnels vœux de nouvel an. Il ne manquera pas de relever les faits saillants de 2019 non sans s’attarder sur sa réélection au mois de février à la magistrature suprême du pays grâce justement à l’expression par le vote en sa faveur du suffrage démocratique. Le choix fut indiscutable. Même si quelques velléités ont été notées ici ou là. Normal, l‘opposition existe. Et puis, l’unanimité n’est pas de ce monde.

En face de lui donc, il y a un peuple qui fronde son pouvoir sans aller à la révolte. Si la fermeté prévaut en toutes circonstances, elle se relâche par moment, donnant le sentiment d’un « privilège de robe » accordé à certains alors que d’autres ne voient d’issue que dans une « guerre des Lorrains ». Nous n’y sommes pas. Mais l’ordre et la discipline sont affaiblis chez nous. Parfois, une hausse des prix (de l’électricité) ou des prélèvements fiscaux provoquent des remous. Des évènements sociaux s’en suivent. Des forces sociales s’en saisissent, forment des alliances dans le but de peser de façon décisive, voire frontale, sur les politiques publiques.

Un resserrement des rangs s’impose toutefois. Car, bien que résiduelle, la menace sécuritaire plane sur nous. Preuve que la question est prise au sérieux : le gouvernement cherche par tous les moyens à faire des économies d’échelle pour supporter l’effort de défense et de préservation de notre stabilité. Preuve supplémentaire : une hausse conséquente du budget de la sécurité à la dernière session budgétaire, relègue au second plan ceux de la santé et de l’éducation…

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Ne nous y trompons pas : nous sommes dans une nouvelle conjoncture politique dictée par des considérations géopolitiques dans la sous région. Sauf effet de surprise, nous ne devons pas être surpris. Le politique mise sur l’anticipation en alignant par hypothèses des scénarios. Sous ce rapport, la décision, quelle qu’elle soit, incombe à ceux qui exercent des responsabilités. La confiance placée en eux justifie les actes qu’ils posent avec courage, lucidité et détermination. Quant aux opposants, leur rôle est tout autre : critiquer, alerter, avertir, contester des choix, en proposer et construire un discours de rupture en prenant l’opinion à témoin des efforts qu’ils fournissent.

Les acquis démocratiques du pays ont mis du temps à se dessiner. Aucune génération ne s’est abstenue de prendre part aux élans de conquête qui nous valent aujourd’hui notre notoriété doublée de respectabilité.

Le Sénégal, avons-nous dit, souffre d’une indiscipline généralisée. Un mal récurrent qu’il convient de conjurer au plus vite et avec vigueur. Car, sa persistance favorise le désordre parce que l’esprit d’indiscipline s’est déjà installé. Comment comprendre que des citernes d’hydrocarbures empruntent les mêmes voies que les particuliers aux heures de pointe, se faufilent dans les embouteillages sans qu’aucune indignation ne fuse ! Est-il acceptable de tolérer en plein jour la circulation des camions de ramassage d’ordures, klaxonnant à tue-tête dans les étroites ruelles des cités défigurées par les outrages du temps ? Non seulement les odeurs pestilentielles incommodent mais l’empressement à enlever les déchets recrée les conditions d’une insalubrité indescriptible. On salit plus en voulant rendre propre.

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Par ailleurs, que doivent nous inspirer ces hordes « sans loi » qui s’en sont prises l’autre jour à Mbour, aux forces de police, obligées, pour éviter le carnage, d’opérer un recul, de se retirer de la zone de tension, gestes perçus par la pauvre opinion comme une reculade, une fuite, une honte. Ce repli policier, d’ordre tactique, mérite d’être salué en dépit de la rebuffade de la foule, excitée et qui voulait coûte que coûte en découdre avec les éléments dépêchés sur les lieux. Réfléchissons avant de poser des actes : la police veille sur nous. Tout comme nous devons la protéger. Ici, devoir et droit se conjuguent pour accoucher d’une culture de civilités.

Parce qu’elle est républicaine, la police agit selon la loi qui constitue sa seule boussole quand bien même elle est chahutée. En fondant sa démarche sur la légalité, la police couvre son action d’une onction de légitimité. Entre la population et les forces de défense –oui c’est le concept approprié maintenant- il doit y avoir ouverture, dialogue et compréhension. Ni affront, ni confrontation encore moins vexation, mépris ou haine à l’égard des hommes dont la délicatesse de la mission n’a d’égale que l’incompréhension qu’elle suscite.

A la police de se vêtir d’habits neufs pour se faire aimer. Aux citoyens d’accepter le sacerdoce tout en nuançant leur jugement sans appel d’un corps toujours mal compris. Pour corriger ce sentiment, il urge de le modifier en l’assouplissant avec une nette propension à privilégier une approche de proximité. Le mur de méfiance est à abattre pour étouffer les ferments d’hostilité.

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En cette veille de fin d’année, notre monnaie commune le CFA vit ses derniers instants. Le vacarme qui accompagne sa « sortie de piste » témoigne d’une situation ubuesque : ceux qui savent se taisent et ceux qui ne savent pas parlent ! Ce paradoxe ôte au CFA tout crédit en même temps qu’il ruine la confiance des usagers. Quand une devise perd la confiance, elle devient une monnaie de singe, sans valeur, délaissée pour non convertibilité. Ce contexte de cacophonie n’arrange pas non plus l’arrivée prochaine de l’ECO appelée à remplacer le CFA.

Quand le président Alassane Ouattara saisit l’opportunité de la visite de Macron à Abidjan pour annoncer la « fin d’un compagnonnage », ses pairs se retrouvaient à Abuja pour un sommet consacré à l’avenir monétaire de la Cedeao. Indiscipline ? Certes le président ivoirien assure la présidence en exercice de l’Uemoa et, à ce titre, exprime une position consensuelle. Mais, la prépondérance de la voix ivoirienne aurait eu plus d’écho et d’impact sur une scène régionale avec l’assentiment des chefs d’Etat présents dans la capitale nigériane. La locomotive de l’économie sous régionale veut afficher son leadership. Cependant, à l’échelle régionale, Abidjan nourrit la crainte de se voir suppléer par le géant Nigeria qui, en duo avec le Ghana, tentent de peser sur les options fondamentales d’une monnaie en gestation. Va-t-on vers des axes basés sur des affinités ? Un jeu à somme nulle ?







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