L’histoire retiendra le symposium de la CAF tenu les 18 et 19 juillet 2017 au Palais des Congrès Skhirat, à Rabat au Maroc. Pendant ces deux jours, l’équipe d’Ahmad, nouvellement installée, a pris des décisions historiques parmi lesquelles, le passage d’une Coupe d’Afrique des Nations à 24 équipes, dès l’édition de 2019, avec un tournoi qui devra se disputer entre les mois de juin et juillet. Alors que le Cameroun avait candidaté selon un cahier de charges avec 16 équipes et une CAN en janvier-février, voit l’organisation lui échapper au détriment de l’Egypte. Pour sauver la face et surtout, calmer la Côte d’Ivoire qui menaçait de saisir le TAS, Ahmad monte au créneau en parlant de glissement des CAN 2021-2023-2025.
Le Malgache croyait alors avoir réalisé l’opération du siècle. Mais, c’était sans compter avec les dérives mercantiles qui guettent le football et particulièrement la guerre larvée que se livre la Fifa de Gianni Infantino et l’Uefa d’Aleksander Čeferin. Ainsi, alors que la coupe du monde des clubs se déroule habituellement en décembre, la Fifa décide de changer sa période et retient pour l’édition 2021, l’été (juin-juillet) en Chine. Ce qui sonne comme un coup de massue pour une CAF déjà sous tutelle de la FIFA avec la désignation de Fatma Samoura comme déléguée générale. Face à cet état de fait, la CAF se retrouve dans l’impasse mais, n’a d’autre alternative que de revenir à la case de départ (janvier-février), qu’elle n’aurait jamais dû quitter. En effet, il ne fait l’ombre d’aucun doute que la CAN est la seule compétition d’une instance continentale qui se déroule en hiver. Mais, l’Afrique a toujours su faire avec cette «anomalie». Ce, nonobstant, la pression constante des clubs employeurs, particulièrement le G14.
Mais, quand l’Afrique du football était dirigée par un certain Issa Hayatou, la période et la périodicité de la CAN étaient intouchables pour le Prince de Garoua. Il y tenait comme à la prunelle de ses yeux. Sous Ahmad, la CAF semble être dans le creux d’une vague. De cacophonie à cacophonie, des volte-face aux décisions impopulaires, les amoureux du football africain ne savent plus où donner de la tête. Hier encore, Ahmad et son ComEx sont revenus à la case de départ à décidant d’organiser la CAN 2021 en janvier-février, prétextant des conditions pluviométriques dans cette région du continent. Sauf que personne n’est dupe. La raison principale de ce changement est l’organisation du mondial des clubs à la même période. Toutefois, si la date de la CAN 2021 est maintenant officialisée, il reste une question extrêmement importante qui concerne les acteurs (joueurs).
Dilemme cornélien des joueurs
Une CAN en juin-juillet était largement appréciée par les footballeurs. Elle leur permettait de ne plus être appelés à choisir entre leur Nation et leur club-employeur. En 2002, le RC Lens aurait pu remporter le championnat de France si par exemple les joueurs africains n’étaient pas contraints de quitter les Sang et Or pour Bamako. Diouf, Coly, Bouba Diop, Salif Keïta…faisaient tous partie de cette brillante équipe lensoise qui s’est volée la vedette par l’Olympique Lyonnais. On peut continuer à citer des exemples où beaucoup de joueurs africains ont été contraints de mentir ou de créer des blessures diplomatiques (cas de Diafra Sakho) pour rester avec leur club.
A certains, on leur a fait croire qu’ils risquaient de perdre leur place s’ils honoraient leur sélection nationale. Il est aussi clairement établi que le recrutement des joueurs africains baisse d’une manière drastique en année de CAN en janvier-février. Mais n’empêche, cette fête du football africain s’est toujours tenue correctement et à merveille. Sauf qu’elle était composée de 16 équipes et ne dépassait pas deux semaines. Or, la CAN de 24 d’Ahmad change tout. Désormais, les joueurs seront obligés d’abandonner leur club pendant plus d’un mois (entre le regroupement la durée de la compétition).
Imaginez alors une telle conséquence chez les Reds de Sadio Mané, Mohamed Salah et autre Naby Keïta. Le pire risque de se produire chez certains clubs en Ligue 1. Alors ne soyons pas surpris de voir CAN version CHAN. Autrement dit, une CAN avec des joueurs évoluant exclusivement sur le continent. D’où l’urgence de sauver l’institution qu’est la CAF !