On en parlera certainement demain comme le prochain gouffre financier du régime actuel, la construction du futur stade olympique de Diamniadio.
Plus 155 milliards de francs CFA d’investissement, au rang des stades les plus chers au monde !
Assurément, on ne nous dit pas tout et cela n’arrange pas l’indice de perception de la corruption toujours dans le rouge au Sénégal.
Chronique d’un scandale financier à venir
Abdoulaye Cissé
Le Mercedes Benz stadium, qui est le joujou de l’Atlanta United soccer de l’État de Géorgie est réputé être le stade le plus cher au monde, 300 millions d’euros, en coût initial de construction.
Plus que la démolition reconstruction du White Hart Lane devenu le Tottenham Stadium pour une ardoise finale arrêtée à 400 millions d’euros. En coût initial, je dis bien pour le Mercedes Benz, car les infrastructures sportives trainent depuis quelques années un peu partout à travers le monde la mauvaise réputation de la non maitrise des couts et budgets.
Le parc olympique de Montréal était prévu pour engloutir 276 millions d’euros, on n’a toujours pas fini de faire les comptes.
Le Brésil ne se remet toujours pas de l’ardoise du Mondial 2014 et notamment de la construction de l’ARENA Corinthias de Sao Paulo qui abrita le match d’ouverture Brésil – Croatie le 12 juin 2014 : un caprice à 272 millions d’euros, réévaluée à 15% plus cher.
Qu’est-ce qui peut justifier à ce jour que le Sénégal se paie le luxe de bâtir un stade, fut-il olympique, parmi les plus chers au monde.
Et encore qu’on est sur un cout d’investissement initial de 238 millions d’euros soit plus de 155 milliards de francs CFA. Une convention de financement signée avec la Standard Chattered Bank, institution londonienne, en marge du récent sommet Royaume-Uni Afrique.
155 milliards de francs CFA, garanti en euro ou en dollars, c’est pareil et ça pique au portefeuille !
Déjà on n’a pas compris la subite irruption de la Standard chattered Bank dans ce dossier pour la première fois évoqué par le président Macky Sall en Août 2018, le 08 précisément à l’inauguration du Palais omnisports de Diamniadio ou Dakar Aréna qui a quand même coûté 66 milliards, soit dit en passant. Depuis lors, l’idée du stade olympique est passé en projet et surtout promesse de campagne pour la présidentielle du 24 février 2019. Et le président Macky s’est, au lendemain de son élection, très tôt attelé à la réalisation de sa promesse de campagne.
Un financement chinois avait été évoqué, puis la coopération avec la Turquie, puis la piste chinoise encore au point que la date de pose de la première pierre maintes fois programmé a été reporté. Le dernier engagement ferme du président Macky Sall était dans sa conférence de presse du 31 décembre où il fixait le démarrage des travaux au plus tard le 31 janvier.
Entretemps, il y’a le sommet Royaume Uni-Afrique, mais on ne peut pas croire que notre État ait signé cet engagement à la Hott, pardon à la hâte.
A tout le moins, on ne nous dit pas tout et ce n’est pas normal. Et voilà qui repose le problème de la redevabilité publique si chère aux acteurs citoyens et notamment le forum civil.
Le peuple a le droit de savoir dans quoi on l’engage.
On ne sera pas surpris de retrouver demain le projet de la construction du Stade Olympique comme le prochain scandale financier auquel s’accrochera la section sénégalaise de Transparency international pour enfoncer le Sénégal dans les méandres des pays très corrompus.
A parcourir le récent rapport de Transparency International sur l’indice de perception de la corruption, il y’a une constante : les dossiers qui valent à notre pays d’être mal perçu sont pour l’essentiel les affaires non élucidées. Et on ne pas continuer à faire comme si ces rapports n’existaient pas. Tout le monde a intérêt à ce que le regard change sur notre pays.
Alors, levons le coude sur les dossiers, libérons la justice pour faire correctement son travail, Dieu sait si elle en a les moyens.
Il n’y a rien de pire pour la parole de l’autorité du président de la république que, même quand il remobilise l’inspection générale d’État pour fouiller ses ministres, que personne n’y croit.
Il faut oser affronter les rapports de Transparency international, et ne pas donner l’impression que la souveraineté, c’est toiser les organismes internationaux et faire le contraire de ce qu’ils demandent. Le forum civil, transparency international ne sont pas les ennemis à abattre : ce sont plutôt les faits qu’ils pointent qu’ils faut combattre.
Par tous les moyens. Il est encore temps d’éviter le scandale du stade olympique de Diamniadio.