Rebondissement spectaculaire dans le présumé « Scandale » au cœur de la république du journalise Pape Alé Niang, inspiré du fameux rapport de l’Ofnac sous la présidence de Nafi Ngom Kéita, au sujet de la gestion du Coud. Apparition d’indices et éclairage nouveau sur le rôle mystérieux du chef de la mission de cet audit en l’occurrence Papa Ibra Kébé. Cet expert, présenté comme un éminent professeur de Finance, Contrôle de Gestion et Audit, qui a repris ses enseignements depuis avril 2016 au Groupe Ecole supérieure de Commerce de Clermont-Ferrand, ne serait pas aussi impartial qu’il y paraît, si l’on en juge par ces échanges de mails avec Nafi Ngom Kéita, ancienne présidente de l’Ofnac.
Il convient à ce stade de considérer avec prudence ces informations, mais d’après ce fameux mail dont font état plusieurs médias, celui qui se présente comme « spécialisé en intelligence économique et délinquance financière » et qui dénonce dans son rapport la gestion chaotique du COUD (Centre des œuvres universitaires de Dakar), semblait, au moins à l’époque, se démener lui-même avec les difficultés financières de ses propres comptes bancaires.
Bien sûr il n’est pas agréable de relater les aspects privés de la vie d’un homme, fusse-t-il expert, mais enfin si ces données appartiennent aux échanges professionnels au cœur d’un rapport d’État, cela devient de fait une information qui concerne le grand public.
Car qu’apprend-t-on dans cet e-mail qui aurait été envoyé le 14 avril 2016 par Papa Ibra Kébé à Nafi Ngom Keita ? Tout simplement que « Pape Ibra Kébé se sent redevable d’une grosse dette de reconnaissance envers Mme Nafi Ngom Keïta et que la soutenir est pour lui, un devoir moral et patriotique ». Au point dans son mail, toujours selon la même source, de solliciter auprès de l’ancienne présidente de l’Ofnac, le rachat d’un crédit immobilier auprès de la BNP qu’il ne parvient plus à honorer depuis son départ du Sénégal, du fait de la situation critique de son compte bancaire qui affiche un solde débiteur de près de…1.600.000 fcfa.
J’arrête là, mais si cela est vrai, je me demande dans quel pays vit-on ? Une nation de marionnettes qui jouent le jeu des rivalités personnelles et règlent leurs comptes par voie de rapports d’experts vendus au plus offrant ?
Je n’accable pas ce professeur, mais toutes les accusations qui sont débattues dans le rapport de l’Ofnac sont censées l’être à partir de chiffres présentés comme scientifiques, du moins comme fiables.
Oui, les Sénégalais ont réclamé une gouvernance plus vertueuse et plus éthique et d’abord de la part des gens qui sont chargés de la contrôler.
Je ne jette pas la pierre à Pape Alé Niang, mais ce rebondissement est un coup dur pour la crédibilité du rapport de l’Ofnac à l’origine de son livre.
On ne doit pas s’étonner dans ce contexte que l’ancien 1er ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne ce dimanche soit monté au créneau pour comparer l’ouvrage de Pape Alé Niang à « un simple rapport sans contrepartie » en affirmant que « l’auteur du rapport (franco-sénégalais) a fui en France après avoir pondu son document commandité par des gens tapis dans l’ombre ». Et il convient peut-être de suivre son regard et d’aller voir qui sont ces gens tapis dans l’ombre chez nous et au pays de Marianne.
Car effectivement, si l’enjeu de ce rapport est d’assouvir une soif de vengeance qui ne dit pas son nom, nul doute que cette affaire va renforcer la méfiance du grand public vis-à-vis des politiques sur le thème « Tous pourris » et accroitre la paranoïa, l’incivilité et la violence dans notre société.