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Le Comportement Contradictoire De La France Dans Le Changement De Constitutions Dans Certains Etats De l’afrique Noire Francophone : Les Exemples Du Tchad Et De La Guinée 

Le Président de la quatrième République du Tchad, Idriss Deby Itno, a fait changer la Constitution du Tchad en 2005 et en 2018. Et la Constitution de 2018 lui donne la possibilité de se représenter en 2021, puis en 2027. S’il sera toujours vivant, il sera le Président du Tchad jusqu’en 2033, soit 7 mandats en tout et pour tout à la tête de l’Etat tchadien dont deux sextennats, c’est-à-dire deux mandats de 6 ans, conformément aux dispositions de la Constitution de la quatrième République.

En revanche, Alpha Condé de la Guinée est au terme de son second mandat depuis son élection de 2010, puis de celle de 2015. Ces derniers temps, il a émis le souhait de changer la Constitution en vue de l’adapter aux nouvelles exigences.

Mais la France a chaleureusement félicité le président de la République du Tchad, Idriss Deby Itno, pour avoir changé de Constitution. Et laquelle Constitution lui permettra encore d’être le Président du Tchad jusqu’en 2033. Pour rappel, le Président Idriss Deby Itno est au pouvoir depuis 1990. Donc en 2033, il aura fait 43 ans à la tête de l’Etat tchadien. Pour ainsi dire, il sera le chef d’Etat africain qui aura battu le record en termes de longévité au pouvoir. Mais paradoxalement et dans le même temps, cette même France qui, ayant chaleureusement félicité Idriss Deby Itno pour avoir changé non pas une fois, mais à deux reprises la Constitution de la République du Tchad, commence subrepticement à critiquer le futur Référendum consacrant la nouvelle Constitution guinéenne. Donc la France, à travers le futur Référendum guinéen, cherche à viser en réalité le régime du Président guinéen Alpha Condé.

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Nous n’approuvons certes pas cette façon de changer ou de réviser les lois fondamentales d’un Etat dans le dessein de se pérenniser au pouvoir, mais nous dénonçons et condamnons vigoureusement l’attitude contradictoire de la France vis-à-vis des Etats africains. La France joue bien là le jeu de deux poids deux mesures.

Si la France a bien approuvé le Président du Tchad Idriss Deby Itno dans sa démarche de changement de Constitution, c’est bien parce que celui-ci est un bon élève de la France. Il a tout donné à la France. Et il continue de tout donner à France. Il donne les plus importantes richesses du Tchad à la France. Même les enfants tchadiens sont gratuitement sacrifiés dans les sables du Sahel afin de sécuriser, préserver et garantir les intérêts géostratégiques et géoéconomiques de la France dans la région. Par contre, le Président Guinéen Alpha Condé dénonce véhément l’attitude arrogante de la France en Afrique, à chaque fois que l’occasion lui est donnée.

Alpha Condé, en 9 ans de règne, en a fait plus  que le Président Idriss Deby Itno du Tchad depuis 30 ans, en termes d’infrastructures routières, hôtelières, immobilières, dans la formation des hommes et dans l’amélioration globale de l’économie guinéenne.

La France est loin d’être un Etat objectif. C’est un Etat subjectif dans sa façon de traiter avec les Etats africains. Et l’hypocrisie de la France est abyssale.

Idriss Deby Itno est un esclave de la maison. Alpha Condé est un esclave des champs.

Non à l’ingérence française dans les affaires internes des Africains !

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Brahim OGUELEMI

Ecrivain, Doctorant en Droit Public et co-rédacteur en chef de Toubou Média

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