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Aminata Mbengue Ndiaye, Cheval De Troie De Macky

Aminata Mbengue Ndiaye, Cheval De Troie De Macky

« Dès son accession à la souveraineté internationale, le Sénégal a opté pour une politique de décentralisation prudente, progressive et irréversible. » Loi n° 2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code général des Collectivités locales

Il est à croire que Docteur Cheikh Diallo, fondateur de l’école d’art oratoire de Dakar, est un conseiller politique officieux pour ne pas dire occulte du président Macky Sall. En effet, il est de notoriété publique que chaque fois que l’ancien théoricien de la génération du concret fait une sortie médiatique en y émettant certaines idées iconoclastes, le président Macky Sall ne manque pas de s’en approprier quelques-unes pour les mettre en application.

Cheikh Diallo, conseiller occulte de Macky ?

Quand dans l’édition de l’Observateur du 13 mars 2017, il avait suggéré la suppression de la caution de 65 millions pour le remplacer par le parrainage, il a fallu quinze mois après pour qu’une loi en la matière fût votée nonobstant la résistance de l’opposition au niveau national. Il faut préciser que c’est lui aussi qui avait conseillé au président Abdoulaye Wade de porter la caution à 65 millions à l’élection de 2012 aux fins d’éliminer les candidatures fantaisistes, voire fantoches.

Le dimanche 10 novembre 2019, dans l’émission « Grand jury », le même Dr Cheikh Diallo fait savoir qu’il est « dans l’intérêt des Dakarois que la capitale soit administrée par un délégué ministériel nommé par décret présidentiel et qui siégera en conseil des ministres pour y défendre le budget et les intérêts de la ville de Dakar à l’image du Gouverneur du district d’Abidjan ou des délégués gouvernementaux de Douala et de Yaoundé ». Une telle idée est vite battue en brèche par plusieurs hommes politiques et acteurs de la décentralisation. On se rappelle la colère noire du Grand Serigne de Dakar et député, Abdoulaye Makhtar Diop, qui n’a pas hésité à qualifier la « proposition » de « rétrograde » en déclarant qu’« on ne doit pas se réveiller un beau jour et demander au président de la République, fût-il Macky Sall, de désigner le maire de la ville de Dakar parce que cela peut entraîner la confusion et l’autoritarisme ».

Dans le même sillage, le Directeur exécutif de la Section sénégalaise d’Amnesty, Seydi Gassama parlait de « recul démocratique » parce que pour lui « le pouvoir central doit respecter la volonté des citoyens et ne pas les punir parce qu’ils ont élu un maire qui n’est pas du camp du pouvoir ». On pensait que cette idée de Dr Diallo était un feu de paille mais voilà qu’elle se propage aujourd’hui au sein de l’opinion à la vitesse d’un feu de forêt. En effet, l’institution qui chapeaute les collectivités locales à savoir le Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT), par la voix de sa présidente Aminata Mbengue Ndiaye, a, lors de l’ouverture de sa première session ordinaire de l’année 2020, le 7 février, plaidé pour un « statut particulier » pour Dakar. Parce que, pour elle, le statut de la capitale n’a pas évolué alors que «des villes-capitales politiques et économiques comme Yaoun­dé, Yamoussoukro, Douala, Lagos disposent d’un statut particulier à la hauteur de leur taille et à la dimension de leurs ambitions ». 

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Aminata Mbengue Ndiaye, déconnectée de la réalité politique

Certains observateurs n’ont pas manqué de voir dans ce plaidoyer de la présidente du HCCT un ballon de sonde commandité par le président Macky Sall. Et si Aminata Mbengue ose soutenir une telle idée qui détonne le progressisme prôné par le Code général des Collectivités locales, c’est parce que, sans nul doute, elle en a longuement discuté avec le maitre d’œuvre Macky Sall tenacement obsédé par la récupération politique de la capitale où règne en maitre le leader de Taxawu Dakar, Khalifa Sall et ses maires, même s’il a été déchu illégalement de son poste de premier magistrat de la ville de Dakar.

Faire référence à ces villes africaines où la démocratie est encore embryonnaire pour moderniser Dakar met à nu toute l’ignorance d’Aminata Mbengue Ndiaye de la gouvernance locale des pays dont les villes ont été citées comme prétexte pour doter Dakar d’un statut particulier. Pour sa gouverne, le successeur très controversé d’Ousmane Tanor Dieng à la tête du Parti socialiste (PS) doit savoir qu’au Cameroun, lors du Grand dialogue national qui s’est achevé vendredi 4 octobre 2019 à Yaoundé, l’une des neuf recommandations nées des discussions de la Commission décentralisation et développement local est la suppression du poste de délégué du gouvernement, super maire nommé et assurant la tutelle des maires élus dans les grandes villes camerounaises. Parce qu’en réalité, ce poste de responsabilité est considéré comme un goulot d’étranglement de la gouvernance locale camerounaise, véritable frein à l’implémentation effective de la décentralisation inscrite dans la loi fondamentale du pays de Paul Biya depuis 1996. Avec l’entrée en vigueur, depuis le 24 décembre 2019, du Code général des collectivités territoriales décentralisées, les 14 délégués du gouvernement du Cameroun sont arrivés en fin de mission lors des élections municipales organisées le 9 février dernier.

Quant aux districts d’Abidjan et de Yamoussoukro, il faut rattacher leur création respective en 2001 et 2002 au contexte de crise militaro-politique qui a secoué la Côte-d’Ivoire depuis le 24 décembre 1999. Aujourd’hui, malgré l’érection d’Abidjan et de Yamoussoukro en districts autonomes, l’administration centrale reste toujours l’échelon compétent pour régler les problèmes locaux. Les Abidjanais des années d’avant 2000 ne cessent de soutenir que la capitale économique du pays des Lagunes n’a pas connu une grande évolution depuis son changement de statut en 2001.

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Tout cela pour dire que les villes citées par la marionnette Aminata Mbengue pour porter le projet Macky ne peuvent en aucune manière servir de paradigme pour nommer l’édile de Dakar. Si aujourd’hui les luttes politiciennes ont fini par plomber l’évolution de Dakar, c’est parce que l’actuel chef de l’exécutif est un autocrate qui ne supporte pas que la capitale rétive regimbe de lui accorder majoritairement ses suffrages depuis 2012. La socialiste Anne Hidalgo dirige la mairie de Paris sous le pouvoir de la République en marche de Macron. Le défunt Jacques Chirac a dirigé la mairie de Paris durant tout le magistère du président socialiste François Mitterrand. Jamais il n’y a eu de querelles de compétences parce que la loi qui définit les domaines de compétence des uns et des autres est sans ambiguïté.

Certes entre 1964 et 1984, une loi conférait à la ville de Dakar et aux autres chefs‑lieux de région un statut spécial dérogatoire au droit qui régissait les communes. C’était l’ère des gouverneurs-maires. Ce statut spécial conféré aux villes était une régression du principe de la légitimité politique populaire. Par conséquent, il est inconcevable pour une personnalité politique de la trempe d’Aminata Mbengue Ndiaye de vouloir replonger le Sénégal dans les années 60 où c’est le gouverneur de région qui exerçait, sous l’autorité du président de la République et du ministre de l’Intérieur, l’ensemble des attributions confiées au maire.

Macky Sall, mauvais perdant

Si aujourd’hui avec la complicité des collabos du dialogue national, Macky Sall est parvenu à repousser sine die l’échéance des élections locales, c’est parce qu’il est convaincu sur la base de ses études et sondages trimestriels qu’il perdra encore Dakar en cas d’élections locales. Ainsi ne pouvant pas gagner Dakar par les urnes, il s’adonne par le biais des alliés panurgistes du PS à des tours de passe-passe et à des entourloupes pour mettre la main sur la capitale frondeuse. Tout cela n’est que la suite logique de l’opération de neutralisation enclenchée depuis 2012 quand Khalifa Sall avait ostensiblement refusé de rejoindre la mouvance présidentielle.

Rappelons que le premier acte posé pour neutraliser l’édile Sall à Dakar, c’est de dépouiller sa ville de ses ressources financières pour atrophier sa puissance politique. Ainsi l’Acte III de la Décentralisation votée le 19 décembre 2013 en procédure d’urgence allait pour l’essentiel réduire les pouvoirs du maire de la ville. Après le triomphe de Khalifa Sall aux locales à Dakar le 29 juin 2014, le pouvoir exécutif s’attelle à bloquer ses projets urbains. Ainsi, un emprunt obligataire de 20 milliards levé sur le marché financier lui a été refusé pour des raisons fallacieuses après un avis de non-objection délivré par l’alors ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Bâ. Certains programmes de la mairie de Dakar comme le pavage et l’éclairage de tous les quartiers de Dakar sont hypothéqués du fait de l’Acte III de la Décentralisation qui a dépouillé la ville au profit des communes et du blocage de ses emprunts sur le marché financier. Le ministre Amadou Bâ avait même menacé de retirer à la banque Ecobank sa licence quand elle a voulu accorder sous forme de prêt plusieurs milliards à la ville de Dakar.

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La dislocation de l’Entité Cadak/Car et son dessaisissement de la gestion des ordures de Dakar au profit de l’Unité de coordination et de gestion des déchets solides (UCG) se sont ajoutées aux actes posés par le pouvoir pour désavouer le maire de Dakar aux yeux des populations dakaroises qui souffrent des immondices d’ordures jonchant périodiquement les rues et quartiers de la capitale. S’y ajoute le blocage de l’aménagement de la Place de l’Indépendance, de la Place de l’Obélisque et de la Corniche-ouest qui a été au centre de la guerre entre Khalifa Sall et Macky Sall via le ministre du Renouveau urbain, de l’Habitat et du Cadre de vie, Diène Farba Sarr, lequel s’attelait mordicus à réaliser son programme « Dakar, ville verte », quitte à empiéter sur certains projets du maire de Dakar.

Et l’acte ultime de cette opération de neutralisation, c’est l’incarcération illégale de Khalifa Sall à Rebeuss avec en conséquence une perte de ses mandats de maire et de député et une mise à l’écart de l’élection présidentielle. Aujourd’hui, le leader de Taxawu Dakar hume l’air de la liberté mais il continue à hanter le sommeil de Macky même si le pouvoir politico-judiciaire lui nie toute possibilité de participation à une échéance politique. La grandeur dans la défaite est un art qui dénote une qualité de cœur, un courage politique et une lucidité sans faille que Macky Sall n’a pas. Le président Wade avait perdu en 2009 les locales, pourtant la défaite amère qui portait l’empreinte de son fils ne l’avait pas poussé à mettre des bâtons dans les roues du maire Khalifa Sall.

In fine, l’on peut dire que la présidente du HCCT, piètre bouffonne de cette saynète politique, aura raté son plaidoyer puisque le ballon de sonde qui véhicule le projet scélérat de son mentor Macky s’est littéralement dégonflé.

sgueye@seneplus.com







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