La question taraude l’esprit de tous les citoyens que le pouvoir n’a pas encore happés. Pourtant une telle mutation rentre dans l’ordre naturel des choses qui expose tout être à défaut de prendre en compte les changements en cours dans son nouvel environnement, aux risques de se faire harakiri. Ainsi Entend-on des récriminations fuser, concernant beaucoup de chefs d’Etat surtout Africains dont les profils en tant qu’anciens opposants ne seraient plus les mêmes aussitôt au pouvoir. Hélas, c’est le statuquo aurait été étonnant voir désastreux pour le devenir de nos jeunes et fragiles nations. Cependant Il est fort à croire, c’est là un enduit cosmétique et de circonstances qui ne change en rien les convictions premières de ces derniers et que c’est à leur corps défendant qu’ils sont obligés de composer avec la real politique, visible et invisible, connue ou inconnue, immédiate ou lointaine pour le citoyen ordinaire
L’objet de cette réflexion est une incursion dans cette réalité qu’est le Pouvoir sur lequel beaucoup de compatriotes continuent de s’interroger sur la puissance transformatrice, pour ne pas dire malaxeuse, des hommes et femmes qui le servent. Nous l’abordons ici, sous un angle autre que la question factuelle, factice et galvaudée des privilèges supposés que le Pouvoir accorderait.
La réalité tangible du pouvoir est que l’on ne peut pas connaître le Pouvoir à partir de l’extérieur et dans ce cadre la mythologie des Etats repose en partie sur les « secrets d’Etat » dont seule une infime minorité d’initiés, liés et ligotés par le devoir de réserve et l’honneur d’homme d’Etat. Cette mythologie consignée et transmise par certains sectes de la République à travers un rituel d’Etat, constitue le premier facteur d’isolement, de conditionnement qui fait que l’opposant au Pouvoir n’est plus le même, il n’est plus l’ami d’alors, le parent accessible ou membre d’une coterie quelconque, exceptée celle politique qui l’a porté au pinacle et qui reste son adosseoir et dernier bras armé.
Au-delà de ce rituel initiatique qui peut prendre du temps en fonction de la familiarité avec les dossiers d’Etat, de la réceptivité, des prédispositions et de la réactivité du nouvel élu, rituel qui lui ouvre les yeux sur la réalité de la machine d’Etat dont il a en charge, d’autres réalités plus ardues surgissent, insondables de l’extérieur surtout par des protagonistes politiques amateurs, toujours distants et ignorants des politiques publiques en cours et aux aguets pour la critique facile au nom d’un radicalisme inapproprié et stérile. L’on peut surtout retenir, la découverte et la gouvernances de l’Economie politique du Pays, la découverte et la gouvernance des Forces centrifuges et centripètes du Pouvoir, à évaluer, s’y ajoute la géopolitique et géostratégie régionales et internationales à prendre avec minutie, l’évaluation réelle des moyens financiers, matériels et humains disponibles au regard des besoins ou des prétentions et promesses toujours généreuses. C’est suite à ce debriefing qu’on se fait une idée du caractère glissant du terrain conquis et on s’évertue sous pression à trouver les voies et moyens d’un équilibre difficile, du maintien du pouvoir et de la stabilité. Très souvent au sortir de cet exercice qui reste un impératif pour tout gouvernant, des évidences majeures dont la première est la non-conformité entre les appréhensions de l’extérieur et la Réalité du Pouvoir qui n’est jamais unipersonnel, contraignent à un changement de perception et de fusil d’épaule dont le plus efficace reste le Klashnikov dont la vertu est celle du «mal nécessaire» Ainsi c’est l’avalanche de changement de paradigmes, bon gré, mal gré, pourvu que l’intérêt général passe avant les considérations, partisanes, élitistes ou claniques
Cependant le facteur le plus prégnant et qui peut infléchir la trajectoire de l’opposant propulsé à la magistrature suprême reste le poids et l’étendue de sa base socio-affective. Cette base qui l’a propulsé est souvent composite, hétérogène, faite sur la base de calculs politiciens, plus affective que programmatique, et elle s’effrite au fil des ans en fonction de l’aptitude ou non du Président à distribuer des sucettes or elle constitue le piédestal à partir duquel il faut contenir toutes ces forces internes qui se disputent des parcelles du Pouvoir ou neutraliser d’éventuelles résistances aux changements arrivés à maturité. Malheureusement dans nos pays, ni l’ancrage de la politique dans nos sociétés, ni le charisme des hommes politiques ou la perception du Pouvoir et la pratique de ceux qui l’incarnent, ne favorisent la construction d’une base consolidant à l’exercice d’un Pouvoir révolutionnaire. C’est là le talon d’Achille de la politique dans nos pays en Développement, une politique fractionniste, alimentaire au service d’intérêts particuliers, crypto personnels, soumis à marchandage à la veille des grandes échéances Républicaines en vue de constituer une base de façade qui fait long feu.
Dans ce cadre l’expérience de la Coalition Bennoo Bokh yakhaar, à l’origine de la deuxième fait école pour deux raisons. D’une part son étendue originelle, sa résilience au temps et aux velléités fractionnistes et monopolistiques, sa philosophie politique « Gagnons ensemble et gouvernons ensemble », son fondement programmatique (le PSE), ont permis de surmonter beaucoup d’obstacles, de relever beaucoup de défis et de réaliser des performances socio-économiques inédites depuis l’indépendance du Sénégal. Mais d’autre part, à contrario, la défection de plusieurs pans, inhérente à une certaine frustration, suite à la distribution des Responsabilités que certains esprits tordus considèrent comme parts du gâteau, au volte face de certaines forces sociales et politiques par rapport à leur engagement et positionnement face à certains défis majeurs comme la reddition des comptes, la lutte contre les délinquants financiers de l’ancien régime, la corruption, le retour aux valeurs éthiques, la lutte contre les pratiques anti Républicaines, n’ont pas permis d’avoir une base sociale suffisamment consensuelle et dissuasive pour mener à bien cette œuvre de salut public. L’on a constaté avec regret une contre mobilisation pour lutter contre ces fléaux et plus grave l’on trouve Aujourd’hui le malin plaisir de demander la Réhabilitation des prévaricateurs. De qui se moque-t-on ?
En conclusion pour faire disparaître à jamais cette impression, scellons nos Alliances avec celui que nous portons au Pouvoir sur la base de programmes, élisons sur la base de programmes et non de promesses de campagne et une fois le candidat élu, étouffons les rancœurs et la haine, rassurons le et accompagnons le, de l’intérieur comme du dehors de l’appareil jusques au terme du mandat, au nom de l’intérêt supérieur, ce faisant on permet à notre Démocratie de respirer et il est plus facile d’avoir une prise sur un programme que sur l’être humain.
Walmaakh Ndiaye
wandiaye @gmail.com