Et si c’était notre chance, dans notre position douloureuse de pays en voie de développement, de pouvoir choisir vraiment de quelle modernité nous voulons ? Bien sûr tout en agissant à notre niveau, nous resterons interdépendants du monde et du continent. Prenons le cas des questions climatiques ou sanitaires, il est certain que si les océans étouffent sous le plastique, nos eaux ne seront pas épargnées et que si le coronavirus ou toute autre catastrophe sanitaire déferle sur la planète, elle ne s’arrêtera pas à nos frontières.
Mais pour le reste, si c’était notre chance de choisir nos modèles de sociétés pour l’avenir, en tentant de perpétuer nos traditions sans nous couper de la modernité et tout en restant tolérants envers les cultures différentes.
Pour ne citer que cet exemple, lors de la visite du premier ministre canadien à Dakar, M. Trudeau, connu pour son engagement à défendre la cause homosexuelle, le chef de l’Etat Macky Sall a justifié le statu quo juridique qui prévaut au Sénégal par ses « normes culturelles ». « Interdire l’homosexualité n’a rien d’homophobe », selon notre président, qui a mis en contrepoint le fait que le Sénégal est, toujours selon lui, « un leader en matière de démocratie et en termes de valeurs ».
A ce sujet, je veux renvoyer à l’excellent article de Ibe Niang Ardo dans Seneplus ‘Maa Lank avec diplomatie’’, fort éclairant sur le prix que nous pourrions avoir à payer pour notre « merveilleux et moderne cadre de vie ».
Et si c’était notre chance disais-je, de montrer ces valeurs au monde entier à l’occasion des JOJ 2022 pour lesquels la pose de la première pierre du Stade olympique se tiendra ce jeudi 20 février ? Promis par le président de la République, ce complexe d’une capacité de 50 mille places, devrait être l’une des infrastructures phare des Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ) que Dakar accueille en 2022. Si c’était l’occasion de montrer notre vrai visage, nos valeurs sportives et festives, en laissant aux touristes et participants un certain goût de reviens-y. Au Sénégal, le supplément d’âme n’est pas compté dans les bagages !
Si c’était une chance sur le chemin de l’émergence que toutes ces grandes nations viennent à notre rencontre comme cela semble être le cas, au lendemain de la visite du secrétaire d’Etat américain au Sénégal. Rien que durant l’année 2018, Macky Sall a accueilli ses homologues chinois, français, allemand et turc. Avant la visite de Mike Pompeo, c’est le Premier ministre canadien qui a séjourné au Sénégal, quand ce n’est pas Vladimir Poutine ou Bolsonaro qui font des déclarations d’intention à notre Téranga, portée à bout de bras par notre président. Et ne doutons pas que ce dernier saura distinguer parmi ces prétendants les opportunités et les opportunistes.
Alors certes, ils sont des milliers et des milliers de Sénégalais dans les réseaux sociaux et dans les médias, à lui dire merci président ! Mais ce sont toujours les mêmes qu’on lit et qu’on entend, aveugles et sourds à tous les efforts déployés pour eux, et qui non seulement n’entendent pas le changement, mais qui transforment la réalité à leur guise.
Macky Sall le disait lui-même récemment au sujet de la polémique née après ses propos sur le rapatriement des étudiants de Wuhan, « il y a des gens qui ne font rien de leur journée à part écouter la radio. Ils passent leur temps à déformer mes propos…ils n’ont pas de travail, amougne palto amougne place »
La réalité, croyez-moi, c’est que le président est en train de construire une solide histoire avec l’immense majorité du peuple sénégalais. Un récit relaté dans le dernier ouvrage d’Abdou Latif Coulibaly dont le titre est tout un programme : Sénégal, l’histoire en marche. Après un septennat bien rempli, un quinquennat face aux défis de l’avenir.
Ce n’est pas toujours notre chance et je veux saluer quand l’élite intellectuelle ou la société civile sont capables de faire avancer le débat national au-delà des ambitions politiques et des querelles de clans.
Car si le monde lorgne sur les atours du Sénégal, si les relations avec nos voisins les plus proches sont au beau fixe, si la majorité des Sénégalais croit dans l’émergence et a choisi de faire confiance à Macky, lui l’a bien compris, en bon combattant aguerri de la politique, il sait que son adversaire se trouve en face de lui et son ennemi derrière lui.