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Tout Ce Qui Est Excessif Devient Insignifiant…

Tout Ce Qui Est Excessif Devient Insignifiant…

En France, notre modèle forcé, la loi punissant la destruction d’un billet de Banque datait de 1810.  Mais elle a été abrogée complètement en 1994. Il n’est donc pas illégal de détruire un titre monétaire en le brûlant.

« Une jurisprudence de 1974 va également dans ce sens : détruire un billet de banque n’est pas considéré comme la destruction du bien d’autrui, car le billet appartient à son porteur et non à la Banque Centrale qui l’émet. »

Au Sénégal, la peine encourue pour le même délit peut être une condamnation allant de cinq ans à dix ans de prison selon l’article 411 du code pénal sénégalais. En plus d’une amende.

Pour dire que, en la matière, la loi française est plus conforme à la raison : qui brûle un billet de Banque, lui appartenant, s’appauvrit d’autant ! Si la personne estime que ce geste a une portée militante qui en vaut le prix, autant lui en laisser le bénéfice. Et la vie continue.

Je dis cela pour me désoler de la tournure que prend ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire Kemi Seba. Il était déjà suffisamment douloureux de voir un africain, originaire d’un pays voisin et frère, le Bénin, se faire déporter en… France… Que cette personne, soit engagée dans le combat pour le panafricanisme et la reconquête de la souveraineté africaine, rajoute à la confusion. Par ailleurs, le Benin et le Sénégal partagent plusieurs organisations   dont la vocation est de favoriser la circulation des personnes et des biens et l’intégration économique. L’UEMOA, la CEDEAO notamment. A l’intérieur de ces zones tout citoyen, notamment ressortissant de l’un quelconque des États membres, devrait se sentir chez lui et en sécurité. Même en prison !

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C’est dire que la déportation de Kemi Seba en France  posait déjà problème dans son principe. Même s’il jouit de la nationalité française, il est surtout béninois. Visiblement. Le Sénégal doit, à son Histoire et à la jeunesse africaine, des signaux forts d’une conscience politique aiguë des défis que nous impose la balkanisation de notre continent, ainsi que notre décolonisation inachevée. Par-dessus tout, le sens de l’Histoire nous commande de ne pas rejeter les fils de l’Afrique. Surtout pas vers l’ancienne puissance coloniale.

Alors ce qui me semble excessif, c’est l’arrestation,  à nouveau, de Kemi Seba à l’aéroport Blaise Diagne alors même qu’il venait, dit il, répondre devant la justice sénégalaise des faits qui lui avaient valu déportation ! Sachant le risque pénal qu’il encourt, Kemi Seba aura posé un acte courageux. Il faut le lui reconnaître. Cependant, et à moins que l’on ne nous ait pas tout dit, des négligences ont dû être commises à un moment ou à un autre. Car Kemi Seba a annoncé sa venue au Sénégal depuis des jours en en donnant les raisons. Il était loisible aux autorités d’informer ses avocats de la non tenue, à cette date, du procès ou de leur signifier que son arrêté d’expulsion étant toujours en vigueur,  il courrait le risque de ne pas être autorisé à entrer dans le territoire. Cela aurait évité la perte d’un billet d’avion ainsi qu’un incident dommageable à l’image de sanctuaire des libertés dont le Sénégal a bénéficié sous tous les régimes précédents. A moins que les avocats aient été saisis mais que la stratégie du coup de force ait été adoptée… on y verra plus clair !

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Au demeurant, et comme évoqué plus haut, le Sénégal a toujours été un sanctuaire pour les militants africains : tous les opposants du continent, les mouvements de libération nationale de plusieurs pays alors en guerre, l’OLP de Yasser Arafat, l’ANC et tant d’autres ont toujours bénéficié du soutien et de l’hospitalité du Sénégal, de ses autorités politiques et de son peuple. Des chefs d’États africains comme Ahmadou Ahidjo qui repose en terre sénégalaise, ainsi qu’ Hissene Habre, malheureusement emprisonné, ont trouvé refuge au pays de la Teranga et bénéficié du soutien des sénégalais… Que va-t-il en rester désormais ?

Kemi Seba n’est pas un terroriste. Il a un discours virulent sur des causes de plus en plus partagée par des jeunes africains. Ce discours n’est pas nouveau. Mais il bénéficie de l’effet d’amplification des réseaux sociaux. A son âge, certains n’avaient que des tracts difficilement ronéotypés pour crier leur colère. Mais ils en disaient fichtrement pire !! Plusieurs en sont morts d’ailleurs. N’insultons pas l’Histoire !

Pour ce qui est de l’excès, il en est de même que pour ce qui concerne Guy Marius Sagna. Et à son sujet, je m’interroge sur les motivations du garde présidentiel qui l’a ceinturé et introduit à l’intérieur du Palais de la République alors qu’il était sensé lui en interdire l’accès ! J’ai regardé plusieurs fois les images de son interpellation devant les grilles du Palais de la République. Mais Il y a quelque chose qui cloche dans cette affaire ! Au lieu de l’immobiliser, le temps de faire venir une fourgonnette et de l’emmener au Commissariat central,  on l’a entraîné à l’intérieur du Palais ! Imaginez qu’il fut un terroriste muni d’une ceinture explosive … imaginez seulement ! De quel supérieur le garde présidentiel en question a t-il reçu l’ordre d’entraîner Guy Marius Sagna à l’intérieur du Palais de la République ? Et à quelles fins ? Pourquoi Guy Marius a été le seul à être entraîné à l’intérieur du Palais ? Pourquoi il est le seul à être maintenu dans les liens de la détention, alors que ses compagnons ont été libérés les uns après les autres ? Quelque chose cloche. Mais quoi ? On y verra plus clair !

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Au total, il est temps de remettre de la sérénité dans le maintien de l’ordre et la gestion des temps de crise. A force de banaliser les séjours carcéraux,  la peur de la prison s’estompe et, de plus en plus de témérité va repousser les frontières des interdits. A force de bander des muscles pour tout,  et trois fois rien, on se fait une réputation de dictateur. Un dictateur qui mobilise une armée d’éléphants pour écraser des fourmis… A moins que…







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