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Nomination Du Maire De La Capitale D’un Pays En Développement ou Statut Spécial Pour La Capitale : L’idée N’est Pas Aussi Saugrenue

Nomination Du Maire De La Capitale D’un Pays En Développement ou Statut Spécial Pour La Capitale : L’idée N’est Pas Aussi Saugrenue

Au-delà des émotions partisanes que la question a soulevées, du déterminisme politique entravant, de l’alignement conformiste de l’intelligentsia de nos pays, de nos classes politiques  sur les modèles occidentaux qui ne sont pas toujours et partout de bonnes références, il est important d’aborder la question avec aplomb et sérénité, en titillant parfois  l’histoire et la pratique de nos élus.

Nulle part au monde et dans l’histoire, une ville a porté le statut de capitale par la simple volonté de ses résidents. C’est l’Exécutif qui prend toujours l’initiative de donner à une ville le statut de capitale. Pourquoi alors diable doit-on, pour une raison ou une autre, provisoire ou définitive, s’offusquer d’une décision de statut spécial ? Une capitale est toujours symbole de la souveraineté d’un Peuple et non propriété des simples résidents ou de la communauté auto­chtone, comme tentent de l’insinuer des esprits tordus ; elle abrite l’Exécutif (Souverain ou Président), elle est le miroir de la Société, le creuset des Relations avec l’extérieur et à ce titre, elle pose un certain nombre d’exigences  normatives au plan architectural, d’aménagement urbain,  paysagiste, de sécurité, d’infrastructures en tous genres et d’équipements. Ces exigences demandent beaucoup de moyens, de l’expertise, d’autorité, de l’entregent dont ne disposent toujours le Maire et son staff au regard des conditions actuelles de  sa désignation.

Ce sont donc les caprices de l’histoire et le vent de la démocratie soulevé  par la Révolte de la Commune de Paris et la Révolution de 1789 qui ont propulsé le citoyen aux commandes de la cité. Cependant  ces cités devenues capitales étaient déjà configurées depuis des siècles, homologuées sous des plans directeurs achevés, par les pouvoirs  d’alors, avant les transferts aux citoyens. Par contre ici en Afrique où tout est à construire par  le principal maître d’œuvre et maître d’ouvrage, qu’est  l’Etat, le dilemme est vite posé, ou bien l’autorité de la capitale est en intelligence avec l’Exé­cutif, les choses avan­cent  même à pas de tortue, ou bien on instaure des aspérités politiciennes et tout est blo­qué au grand dam de la cité. C’est pourquoi, il est raris­sime dans les grandes démocraties, plus encore dans une jeune démocratie, que le maire d’une capitale soit du dehors de la mouvance de l’Exécutif. Plus est  encore là où le développement est achevé, tous les facteurs de conflits sont cernés et supprimés, les champs de compétence stabilisés, ce qui est loin d’être le cas chez nous dans cette phase de décentralisation en balbutiement, caractérisée déjà par une gestion patrimoniale, corruptive et calamiteuse des communes.

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Au demeurant, la question du statut spécial pour la capitale du Sénégal n’est ni fortuite au regard de ce qui s’est passé à partir des élections locales de 2014 (cas de la liste dissidente de Taxawu Dakar) et la suite, ni dirigée contre une personne, mais pose  une problématique de fonds de  développement  structurel  cohérent de nos capitales, qui ne sau­raient  être en marge des plans natio­naux  cadres de développement.  N’est-il pas pertinent que le maire nommé mais issu du conseil, ait un statut de ministre d’Etat avec possibilité de siéger, comme courroie entre le Conseil municipal et le Conseil des ministres pour les grands projets  de la ville, de temps en temps pour leur validation ? Dès lors n’est-il pas judicieux pour qu’une partie du budget de  l’Etat  plus  consistante  que les fonds actuels, puisse être votée en vue d’une   consolidation du  budget actuel  de la ville pour  permettre à la ville capitale de délester l’Etat de certaines charges (Voiries,  infrastructures locales,  nettoiement,  sécurité de proximité  etc. ? Est-il juste de laisser prospérer  des magnats de l’immobilier, avec le non-respect des règles d’urbanisation au point d’ intégrer des impasses de voiries dans leur propriété (cf Rapport de la Dscos), la cantinisation  des rues , des écoles,  la non-collecte régulière des tas d’immondices,  la prise en charge par l’Etat des compétences transférées depuis 1976, pendant que le budget de la capitale s’élève à des dizaines  de milliards ? Quelles infrastructures ont été réalisées sur fonds municipaux,  de l’indépendance à nos jours malgré la consistance du budget et les subventions de l’Etat ? La découverte du pot-aux-roses avec la «caisse d’avance»  qui n’a servi qu’à  agrémenter les écuries des édiles de la ville, n’est-elle pas révélatrice d’un dysfonctionnement grave qui plomberait l’essor  de notre capitale et le bien-être de sa population, qui incombe plus au maire qu’à l’Etat central. Un Etat responsable ne saurait rester indifférent  à une situation aussi préoccupante pour qu’on puisse y ajouter  une adversité politicienne aussi inopportune que fatale d’un côté comme d’un autre comme l’a d’ailleurs montré l’issue du feuilleton de la caisse d’avance.

La question  ne manque donc pas de pertinence  et d’in­térêt  non plus quand elle émane d’une Formation politique qui, après avoir investi dans le cadre d’une coalition, son militant comme maire, s’est retrouvée victime de défiance, puis de dissidence de la part de ce dernier, au point que le Ps et sa coalition Benno, au Pouvoir, ont perdu tout contrôle,  sur l’institution communale mais surtout sur la communauté dakaroise, suite  à des manœuvres  politiciennes de sevrage contre  le régime entreprises par cette dissidence. Oui ! Le régime spécial pour Dakar serait sans doute une exception dans un système démocra­tique  huilé avec des acteurs majeurs, mais telle n’est pas encore notre démocratie, c’est tenant de le prendre comme réponse valide à une situation inédite et lourde de périls,  dans notre pays : le maire d’une capitale en dissidence avec la force politique gouvernante qui l’a porté au pinacle. Il y a là un syndrome malgache des années 2000  qui peut donner la chair de poule.

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Compte tenu donc de l’absence de précédents dans l’histoire de notre pays de  ce qui est survenu en politique pour la capitale Dakar qui a impacté négativement, l’image de la capitale et le bien-être des Dakarois en particulier pendant plus d’une décennie, mais aussi des périls auxquels une telle situation peut conduire, il est important de poser la question dans un contexte de Dialogue national et d’en discuter, de même que du mandat de tout  élu dissident. Dans ce cadre l’on a eu à déplorer l’éclairage tardif  de l’Autoroute Dakar /Aéroport L.S.Senghor, l’aménagement de la Place de l’Indépendance, la réfection du Marché Sandaga calciné, en sus des maux cités plus hauts  qui ont constitué un os dur entre l’édile de Dakar et le Pouvoir central. A cela s’ajoutent des  projets mirobo­lants (Dakar ville sans sable, les  pôles culturels, les kits sportifs à l’école, le lait à l’école annoncés par le maire et dont certains avaient commencé un début d’exécution, d’autres sont restés éléphants blancs, sacrifiés, à l’autel de l’adversité politique injustifiable et injustifiée. Tout cela donne de la pertinence à un certain nombre de questionnements sur les rapports entre Pouvoir central et ses ramifications et les pouvoirs décentralisés dont le cas de Dakar n’a fait que  montrer la partie visible de l’iceberg. Toutes nos villes végètent, deviennent usines de chômeurs et de délinquants, réfléchissons tous ensemble pour trouver la meilleure issue.  Pour les capitales africaines, une cogestion intelligente selon une modalité consensuelle (Nomi­nation ou Election) semble la formule idéale et la plus efficace.

En conclusion, en cette période de commerce de sensa­tion­nels,  nos intellectuels surtout académiciens, doivent se ressaisir, résister aux ondes de choc d’émotion suscitée par chaque question, chaque situation et éviter les questions pièges ou tendancieuses de certains journalistes, les scoops à la criée  de certains médias, en analysant froidement les questions avec un esprit cartésien qui doit rester leur arme même si d’aventure ils étaient structurés socialement (politique, reli­gion). Il y va de leur crédibilité d’intellectuel mais surtout de leur responsabilité pour la cohésion sociale et  la stabilité de la société eu égard au coefficient moral lié à leur statut.

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Walmaakh NDIAYE

Observateur Politique 

wandiaye@gmail.com   

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