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Ce Qu’il Faut Comprendre Chez Boubacar Boris Diop

Boubacar Boris Diop n’a pas seulement un regard de surface porté sur Cheikh Anta Diop. Il pense de manière très profonde et transversale, tout comme Cheikh Anta, pour une réafricanisation du continent noir à travers une politique de développement économique et intellectuel en notre faveur. Boubacar Boris Diop est en train de mener et de continuer un travail qui, pendant plusieurs années, n’a pas été jusqu’à ce jour, peut-être, compris par bon nombre parmi nous. Il fait ce travail d’insistance afin d’augurer une jeunesse forte pouvant faire face aux agressions culturelles de toutes sortes.

Boubacar Boris Diop, tout comme Cheikh Anta Diop, a bien compris cet afro-pessimisme qui anime certains parce qu’ils n’ont pas été préparés dès le départ. Sans cette formation qui exigerait une réelle volonté politique, éducative et culturelle, l’Afrique d’aujourd’hui ne pourra jamais emprunter cette rampe d’accès vers le progrès.

La mal gouvernance, la violence, la corruption, le manque de volonté et le fanatisme intellectuel constituent de nos jours les créneaux à travers lesquels nos pays ou nos États installent leur trône d’or. Cette inversion des valeurs sociales est l’apanage du blanc qui avait dès le départ tronqué notre manière de voir, de sentir et de penser le monde.

Boris est en train de faire un détour par le passé à travers les legs de Cheikh Anta Diop. L’urgence des langues nationales est une préoccupation majeure dans ce contexte de réafricanisation de l’Afrique. Or, la langue est le véhicule de la culture. Chaque culture dans son intégralité ouvre impérativement non seulement les portes du développement économique et scientifique mais aussi donne les clefs du changement des valeurs qui, aujourd’hui, interpellent et inquiètent plus d’un vu ce qui se passe dans les pays d’Afrique. L’écrivain Boubacar Boris Diop s’est livré dans la lutte avec son roman en Wolof « Doomi Golo » (2003), inspiré du génocide Rwandais, et met à nu cette aliénation des valeurs aussi complexe dans notre vécu de tous les jours.

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Cheikh Anta Diop, il ne suffit pas de le reconnaître tout simplement sous le sobriquet de Pharaon du savoir mais plutôt un défenseur de patrimoine culturel et cultuel, un vecteur d’intégration économique et politique pour nous jeunesses africaines dans un processus de mondialisation. Cheikh Anta nous avait prévenu de ce qui va se passer dans son ouvrage « Nations Nègres et Cultures » : << (…) L’essentiel pour le peuple, c’est d’avoir le fil conducteur qui le relie en son passé le plus lointain possible (…). Pour lui, une simple et bonne raison que l’Afrique doit puiser à la civilisation égypto nubienne comme l’Europe l’a fait avec la civilisation Gréco latine. Il nous fait savoir, d’après la conférence de Boubacar Boris Diop sur le legs de Cheikh Anta Diop à la jeunesse africaine, que le mathématicien Pythagore, après 22 ans de séjour en Egypte était de retour en son pays avec les outils égyptiens pour fonder une nation et préparer sa jeunesse. Pour comprendre qu’il était animé d’une réelle volonté de s’épanouir afin de pouvoir changer et dominer le monde.

D’autres chercheurs comme Djibril Samb dans « Cheikh Anta Diop par Djibril Samb » (2010) ou Antoine Tine dans “Léopold Senghor et Cheikh Anta Diop face au panafricanisme : deux intellectuels, même combat mais conflit des idéologies ?” (2005), ont compris et reconnu, à l’image de Boubacar Boris Diop, non seulement une interpellation objective et mondiale des travaux de Cheikh Anta Diop mais aussi une pensée très rigoureuse et constante pour le devenir incontournable et incontestable de l’Afrique par les africains eux-mêmes qui devront reconnaître, en revanche, que nous ne sommes pas l’ancêtre de l’humanité mais plutôt des êtres qui ont des aspirations meilleures.

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Boubacar Boris Diop, à travers ses ambitions, est un intellectuel qui ne se lasse jamais pour une Afrique debout. En portant les travaux de Cheikh Anta, il s’y met avec optimisme et ferme conviction en revisitant chaque parcelle des faits et en participant à la formation des jeunes. Pour lui, il est impératif de passer par une décolonisation de la mémoire africaine afin de s’imprégner de nos valeurs et des enseignements de Cheikh Anta pour passer de l’Afrique dépendante à l’Afrique indépendante.

Abdoulaye Seck VDK est enseignant-poète, Adm. de Lompoul info







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