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Menace, La RÉelle Et L’imaginaire

L’actualité de ce début de mois de mars et les circonstances qui l’entourent me portent à être larron d’un débat plutôt fourbe mais néanmoins inévitable.

Au moment où le monde entier s’inquiète de la propagation du coronavirus dont nul ne détient encore le remède, il se trouve quelques psychotiques chez nous qui n’ont d’autres soucis que d’ergoter sur l’éventualité d’un troisième mandat. Cette psychose imaginaire, qui de plus en plus s’exprime par des comportements névrotiques, ne peuvent laisser personne indifférent.

De la menace imaginaire

L’exemple du coronavirus nous démontre qu’une crainte doit être justifiée et non relever d‘une latente névrose. A défaut de trouver rapidement un vaccin, on est en train de prendre ici toutes mesures idoines pour contenir le mal parce que conscient du risque fatal évident encouru. En ce jour du 2 mars, l’État est en alerte maximum suite à un premier cas diagnostiqué chez nous ; n’est-ce pas là une bonne preuve de la pertinence de l’anticipation face à la menace ?

Par contre, pour ce qui est de la problématique d’un “troisième ou multitude de mandats” les ex-présidents Diouf et Wade ont eu à tester notre démocratie à cet égard. L’on est déjà vacciné contre le virus des mandatures dans ce pays. Aucun candidat à la présidence, pas même un président sortant, ne peut s’imaginer sortir victorieux d’une élection à venir, en dépit du verdict des suffrages exprimés. La preuve en a été donnée. Nous en sommes aujourd’hui dans ce pays à une étape de la démocratie où les enjeux positifs d’un candidat résident dans sa capacité à rallier le maximum d’électeurs à sa cause et les faire voter le jour du scrutin. Le décompte des votes ici se fait bureau par bureau au vu et su de tout le monde.

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Alors, faire fi de ces enjeux pour aller s’engager dans une dispute fallacieuse contre les dirigeants sur l’éventualité d’une quelconque candidature, est une façon de se complaire dans des chimères d’actes attentatoires à notre démocratie. Notre démocratie n’a point besoin de sophisme pour se consolider.

Peut-on éviter ce débat sur la mandature ?

Comment éviter un sujet qui est la pâture d’une meute de journaleux et activistes qui n’ont d’autres préoccupations que de s’arracher la prime attention des citoyens, quoi qu’il en coûte ? – L’on ne peut ! Ce sont eux qui en toute complicité ont la quasi-exclusivité d’alimenter et diriger l’actualité à travers les médias. Ce qu’il convient par contre de faire, c’est une distinction des intervenants : il y a ceux qui ne peuvent se dérober de ce débat parce qu’on les y force, et d’autres qui sont volontaristes et n’en démordent pas. Ils ne cessent de remettre ça sur la table.

Le président Macky Sall et le secrétaire général Mahammad Dionne ne pouvaient éviter le débat, car la question leur avait été posée publiquement. Le président dans sa réponse a démontré sa clairvoyance en évitant le faux dilemme dans lequel on a voulu l’engouffrer, tout en mettant à nu la perniciosité de la question. Les conséquences des deux choix alternatifs que la question lui offrait étaient équivoques à tout le moins, d’où la fausseté du dilemme – toutes en auraient rajouté à la spéculation sans mettre un terme à la détraction dont il est l’objet.

Quant au secrétaire général Mahammad Dionne, il a fait montre de discernement et sagesse en appelant à une généralisation de la question de la mandature. L’on devrait pour lui, veiller à ne pas tant sublimer la limitation des mandats qu’on en damnerait l’autre alternative, alors qu’il y a dans le monde plus de pays qui l’appliquent et qu’en interne même nous la pratiquons pour toutes les mandatures autres que la présidentielle. Cela porte à réfléchir.

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De l’autre côté, il y a les volontaristes qui ne perdent aucune occasion pour pinailler sur le sujet. Il n’y a pas de moment pour eux qui ne soit un moment approprié pour ce sujet. Qu’on leur dise que l’on n’est encore qu’à un an du présent mandat, n’empêche, ils s’en moquent. C’est une obsession chez eux et un alibi à un dessein plutôt funeste.

Cette phobie d’un troisième mandat a atteint son paroxysme chez nous le 23 juin 2011, après une série de manifestations qui avait débuté avec les législatives de 2009. Toute l’énergie mise dans cette bataille puisait sa légitimité dans la perception qu’avait le peuple de ce projet, vu comme une dévolution monarchique capable de subjuguer la démocratie. L’on était alors loin de se douter de la maturité et de l’aptitude de notre démocratie à réprimer telle velléité.

Aujourd’hui que ce n’est plus le cas, nous pouvons nous gratifier de ce que cette étape ait été un tournant décisif du renforcement de notre démocratie. Convoquer de nouveau le peuple à une guérilla contre un troisième mandat relève par conséquent d’un scepticisme anachronique et nihiliste.

De la menace réelle

Paradoxalement, l’heure est à la communion des forces pour circonscrire le coronavirus qui ne concerne pas que politiciens et activistes, mais toute la population. Un engagement gagnant /gagnant pour conjurer un fléau qui requiert patriotisme sincère et solidarité. Cette menace est réelle. Il est clair qu’au-delà d’un certain seuil de propagation, l’Etat serait à court de moyens et ce serait catastrophique. La naïveté, l’esprit partisan et l’irresponsabilité sont à bannir, le courage des autorités de tous bords doit être de mise, pour différer par mesure de prudence toutes sortes de rassemblement. Prions, mais optons clairement pour la prévention, sachant que ceux qui ont eu leur lot de cette fatalité avant nous, ne l’ont pas eu par défaut de foi. Alors demeurons bien lucides.

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iniang@







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