La communication est essentielle en période « d’épidémie » pour amener les populations à changer de comportement et à adopter les bons gestes de barrière pour ralentir la propagation de la maladie au sein de la population. Malheureusement, elle est considérée le plus souvent comme un instrument d’accompagnement. Si on ne coordonne pas davantage la communication, on risque une autre épidémie plus grave : la psychose. L’heure est grave. Le Sénégal est passé de pays non touché par le Coronavirus à un pays touché.
La communication et les consignes et les gestes de barrière doivent suivre et épouser l’évolution de la situation « épidémiologique ». Le Coronavirus a ravi naturellement l’actualité des médias aux autres pathologies et à la prédominance de la politique dans les Editions.
Sachants et non Sachants s’épanchent sur le sujet. Chacun y va de ses convictions et son expérience. Sur les plateaux de télévision, les spécialistes de santé et hommes politiques se relaient ou sont mis ensemble sur le même plateau pour parler du nouveau Coronavirus. Entre les émissions et les plateaux, les comptes rendus des journalistes dans les différentes Editions nous informent sur le pouls du pays.
La ruée des populations sur les pharmacies à la recherche de masque ou de solution hydro alcoolique notée çà et là témoigne des sentiments d’inquiétude et de peur qui ont envahis les cœurs malgré les appels au calme et à la sérénité des pouvoirs publics. Le Sénégal est touché par le nouveau Coronavirus, une nouvelle situation, qui exige la solidarité et une cohésion nationale. Le spot diffusé actuellement à la télévision doit être retiré. Car le message qu’il charrie en introduction ne correspond plus à la situation « épidémiologique » du pays. Pour rappel, ce spot a été élaboré quand le Sénégal n’était pas encore touché par le Coronavirus. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, on est bien un pays touché par plusieurs cas.
Dans le cadre d’une stratégie d’anticipation au fin de ralentir ou de stopper la propagation du Coronavirus au sein de la population, les pouvoirs publics doivent appuyer l’‘élaboration et la diffusion de nouveaux spots de sensibilisation préventive adaptées à la situation « épidémiologique » que le Sénégal est en train de traverser. La communication ne doit pas être le parent pauvre de la riposte contre le Coronavirus.
En perspective, les dispositifs dédiés doivent être renforcés et dotés de moyens à la hauteur de leurs missions assignées. Depuis la confirmation du premier cas (le 1er mars 2020) un autre spot aurait pu être immédiatement élaboré et diffusé pour prendre le relais du premier spot. Or, ce n’est pas encore le cas. Et s’il est en cours d’élaboration, il faut reconnaitre que cela a pris beaucoup de temps qu’il est nécessaire.
Dans le sens de faciliter la promotion des gestes de barrière, et pour éviter d’accuser un retard préjudiciable dans l’anticipation, de nouveaux spots doivent hic et nunc être élaborés et diffusés. Mis à la disposition des télévisions, les messages écrits et iconographiques pourraient être mis à contribution dans le décor des Editions spéciales ou émissions consacrées au Coronavirus. On ne le répètera jamais assez, le Coronavirus est dans nos murs. La situation « épidémiologique » du Sénégal a complètement changé. Si on avait un seul objectif avant l’enregistrement de cas de Coronavirus dans notre pays, maintenant, force est de reconnaitre que l’on a deux objectifs à atteindre par tous les moyens possibles à savoir : limiter l’introduction du Coronavirus et limiter la propagation du Coronavirus au sein de la population.
Tout en continuant à se battre pour empêcher l’introduction de nouveaux cas dans notre pays (surveillance des portes d’entrée) on est en même temps engagé sur le front de promotion des gestes de barrière, de recherche de cas contacts ainsi que dans celui de la prise en charge des cas suspects ou malades du Coronavirus.
En matière de relations avec les médias, le Ministère de la Santé et de l’Action sociale chaque soir, fait le bilan « épidémiologique » de la journée à travers la diffusion d’un communiqué de presse envoyé aux rédactions. Cette stratégie vise à lutter contre la diffusion de fausses informations qui, d’essence, provoquent des sentiments d’inquiétude, de peur et de psychose au sein de la population. Il s’agit d’une bonne stratégie mais elle ne suffit pas car, elle crée un rendez avec les journalistes et non avec l’opinion publique. Or les deux sont intrinsèquement liés et nécessaires. Vive le Sénégal ! Vive la République !
Par Baba Gallé Diallo
Ancien rapporteur de la Commission Média et Communication
Email : babadediana@gmail.com