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Souffrances De Femmes (par Souleymane Ly)

Mères…

Nous ne les respectons plus. Nous les cachons du regard des autres et nous avons même honte d’elles. « Mère bi dafa bëri wax », n’est ce pas ? Elles versent leurs larmes en cachette et cela nous laisse de marbre. Nous ne les visitons pas régulièrement. « Jot mo amul », c’est ce que nous disons non ?

Pourtant, elles nous ont portés neuf mois durant dans une douleur indescriptible. C’est elles qui ont vécu les nausées, les maux de ventre, les pieds enflés…Elles seules !

Elles nous ont lavés dans des bassines et nous ont torchés le derrière, eh oui, mille et une fois aussi. Mais nous avons tout oublié !

L’on peut se rappeler de tout sauf de ce qu’elles ont vécu avant que l’on ne soit. Toutes les actions de notre vie méritent que l’on s’en souvienne sauf celles là. On a bien grandi non ?

Idiots que nous sommes nous pensons qu’elles n’ont vécu aucune frustration auprès de nos papas ; Que tout a été bien calme. Quelle manque d’intelligence !

Elles ont toutes souffert un jour ou l’autre dans la maison mais elles sont tellement stoïques qu’elles ont réussi à ne rien laisser paraître.

Chaque fois que l’idée de quitter la maison leur envahit le cœur, elles se résignent en se disant «il faut que je reste pour mes enfants » (« na muñ ndax samay doom »). Nous, ces enfants, le seul espoir sur lequel elles se sont toujours accrochées, avons bien grandi et réussi notre vie mais refusons de nous occuper d’elles.

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Nous préférons mille fois satisfaire les besoins d’autres personnes que d’être au petit soin pour elles. « Daño ñak jom di » !

Nous allons même jusqu’à leur demander de nous avertir avant de venir ou de ne plus passer nous dire bonjour au bureau.

« Mère bi » (c’est le nom qu’on leur a trouvé) n’est pas bien présentable. « Warxas ñun » !

Jeunes filles…

Nous les détournons de leur chemin. Nous les trouvons là où elles sont pour leur chanter la mélodie de Roméo pour les avoir à côté de nous.

Tous les jours ce sont des « je t’aime » à n’en plus finir et des « je suis pas comme les autres » jusqu’à ce qu’elles deviennent folles amoureuses de nous. Au moment de nous marier, de choisir la mère de nos enfants, nous nous trouvons une autre en disant à tout le monde « Yala moko tudul quoi ».

Des fois, nous insistons pour coucher avec elles et si elles refusent, nous les forçons en les menaçant. Maintenant si on sent qu’elles peuvent nous dénoncer, nous les tuons tout simplement.

A elles les cimetières et à nous les prisons où nos parents pourront continuer de nous voir. On est bien sadique, nous.

Pour arriver à nos fins et les faire tomber dans nos pièges, nous nous présentons sous nos meilleures versions. Nous les invitons au restaurant ; nous leur disons qu’elles nous manquent alors ce n’est pas vrai. Nous sommes excellents quand il s’agit de mentir.

Aujourd’hui, on refuse même qu’elles nous tournent le dos pour une raison ou une autre. Si elles y pensent on les tue. Paix à l’âme de la jeune fille assassinée à Thies par son ex.

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Épouses…

Nous les martyrisons. Passée la première année de mariage nous montrons notre vrai visage. Aux oubliettes, les messages du début. Les « je t’aime », « tu es ma reine »..sont remplacés par des « tu étais où ? », « pourquoi ton téléphone était éteint ? »…

Dès que les transformations des premiers accouchements apparaissent, nous commençons à nous détourner. Elles ne sont plus fraîches, n’est ce pas ?

On oublie que si elles ont les seins qui tombent, des bourrelets au niveau du ventre ou une subite prise de poids c’est chez nous qu’il faut trouver la cause.

On nous donne une belle reine, nous la transformons en vieille Sogolon pour ensuite dire qu’on ne l’aime plus car elle n’est plus cette reine qu’elle était. « Du daño xayadi rek ».

Quand elles accouchent, nous les envoyons chez leurs parents pour y allaiter l’enfant que nous avons fait ensemble. Nous voulons un peu d’air non ?

Pendant qu’elles sont chez nos beaux-parents, nous en profitons pour nous refaire une nouvelle jeunesse. Il faut vite goûter à nouveau à la vie de célibataire alors que « mëna tuñu tuss ».

Nous ne leur achetons plus des habits ni des bijoux. Elles ont juste le statut d’une bonne dans la maison et nous n’avons plus le temps de bien nous occuper d’elles.

Nous préférons bien paraître dehors et nous occuper de nos nouvelles conquêtes. Gare à elles si elles l’ouvre : nous les bastonnons. Elles doivent garder le silence non ?

« Dañ wara muñ » car c’est en le faisant qu’elles pourront espérer avoir des enfants qui réussissent. En étant leurs maris nous avons tous les droits et c’est ce qu’on leur a dit le jour du mariage : « souffre en silence » !

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Nous ne nous rappelons même plus depuis combien d’années nous ne les avons plus inviter au restaurant : cinq, dix…quinze ans. On ne s’en préoccupe pas. Les lieux huppés, c’est avec les nouvelles à qui l’on doit mentir que nous y allons.

Les épouses c’est pour rester à la maison et s’occuper des enfants. Maintenant si elles travaillent, elles n’ont qu’à s’occuper d’elles mêmes.

Aux hommes…

Les griefs sont nombreux et sont tous vrais. C’est tout NOUS ! Il est aisé de trouver parmi nous des espèces pareilles. A ceux là nous avons l’obligation de toujours rappeler qu’une femme est une REINE !

Wa salam.

Souleymane Ly

 

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