« Oui, en définitive, c’est aux poètes, aux artistes, aux écrivains, aux hommes de culture qu’il appartient, brassant dans la quotidienneté des souffrances et des dénis de justice les souvenirs comme les espérances, de constituer les grandes réserves de foi, ces grands silos de force où les peuples, dans les moments critiques puisent le courage de s’assumer eux-mêmes et de forcer l’avenir ». Aimé Césaire (‘’L’Homme de culture et ses responsabilités’’, 2ème Congrès international des écrivains et artistes noirs, Rome, 1959). Bamako, Mars 2020
Quand les peuples sont de trop
Sokolo et Ogossagou au Mali, Silgadji, Yagha et Nagraogo au Burkina Faso, Chinégodar et Tillabéry au Niger sont quelques-unes des localités où des attaques « djihadistes » ont été perpétrées après le sommet tenu à Pau, le 13 janvier 2020. Les faits sont atroces et spectaculaires, les images insoutenables. Comment en est-on arrivé là ? Que faire ?
Nous observons d’abord que deux écueils majeurs obstruent l’horizon : d’une part, le refus de reconnaître les causes réelles du « djihadisme » et des migrations, à savoir le néolibéralisme et ses ravages, et de l’autre le bâillonnement de nos peuples. La prise de parole des Sahélien-ne-s ne nous en apparaît que plus cruciale. Nous essayons d’inscrire le sort qui leur est aujourd’hui infligé dans son contexte en clamant haut et fort que Sokolo, Ogossagou, Silgadji, Yagha, Nagraogo et toutes les autres localités martyres de cette maudite guerre anti-terroriste ne sont que des parcelles d’un monde global en feu.
Cependant force est de relever une flagrante inégalité devant la mort, qu’il s’agisse des dizaines de milliers de victimes de l’immigration criminalisée ou des quatre mille vies fauchées par des attaques «djihadistes» au Mali, au Burkina Faso et au Niger durant la seule année 2019. Ces dernières suscitent moins de compassion et d’interrogations que quarante et un soldats français morts en six ans de guerre au Sahel.
Honneur à Samir Amin pour avoir si lucidement identifié le virus libéral et rappelé que « pour le système mondial, les peuples sont de trop… L’Afrique utile, c’est l’Afrique sans les
Africains […] Elle est condamnée par la logique même de ce système à être surexploitée.»
Le ton ouvertement condescendant du Président Emmanuel Macron, offusqué par la demande de retrait de la force Barkhane par une partie des opinions publiques sahéliennes, prouve, s’il en était besoin, qu’entre l’arbre et l’écorce, entre les peuples et leurs mandataires, il y a le doigt de l’ancienne puissance coloniale. Aussi Macron n’a-t-il pas hésité à délégitimer les peuples du Sahel en apostrophant directement leurs leaders : «J’attends d’eux [les Chefs d’Etat du G5] qu’ils clarifient et formalisent leurs demandes à l’égard de la France et de la communauté internationale.»
Barkhane ou le chaos ? Notre part de vérité.
Le chef d’Etat-major des armées françaises, le général François Lecointre, nous a avertis d’une présence de longue durée. « Nous sommes ici pour assurer notre sécurité pour les 30 ans qui viennent […], car si nous laissons le chaos s’installer les Etats sahéliens vont s’effondrer sur eux-mêmes et laisser la place à l’Etat islamique, ce qui provoquera une pression migratoire sur l’Europe, avec tous les risques populistes que cela entraînera ».
Rien d’étonnant, dès lors, à ce que Barkhane soit sortie renforcée du Sommet de Pau avec 600 nouveaux soldats en plus des 4 500 déployés, depuis le 1er août 2014.
Cette option est en porte-à-faux autant avec les efforts de l’UA de faire taire les armes qu’avec les impératifs de la transition climatique.
Le retrait de Barkhane mais aussi de la MINUSMA, s’il n’est pas envisageable dans l’immédiat, doit, par conséquent, être sur la table et examinée avec la sérénité et l’honnêteté intellectuelle qu’exigent la gravité de la situation.
Nous constations du reste avec étonnement que les valeurs dont se glorifient les «démocraties occidentales» comme étant fondatrices de leur culture politique – égalité, liberté, démocratie, multilatéralisme…- sont foulées aux pieds en Libye depuis 2011 tout comme dans les pays du G5 Sahel, victimes collatérales de la déstabilisation du régime de Mouammar Kadhafi.
L’Opération Serval a été décidée par François Hollande sans un vote des députés français comme la Constitution de son pays l’y autorise. Le déploiement de troupes au sol n’a pas non plus été conforme à la requête initiale du président malien par intérim, Dioncounda Traoré. L’appui aérien demandé a été transformé par Paris en déploiement au sol. Alain Juppé, l’ancien ministre des affaires étrangères de Nicolas Sarkozy s’est publiquement demandé si, ce faisant, la France « n’a pas été un coup trop loin », précisant même : « Aujourd’hui, nous sommes confrontés à des risques extrêmement élevés et nous sommes seuls… »
Il n’est donc pas vrai que le maintien de Barkhane au Sahel pour une durée indéterminée y instaurera la paix et la sécurité. Nous sommes au contraire persuadés que le prétendu risque de création d’un « sanctuaire terroriste » peut être conjuré si les « démocraties occidentales » reconnaissent les conséquences dramatiques de leurs politiques d’ingérence et l’échec de leur paradigme de développement chez eux comme partout ailleurs.
La culture, la mère des batailles
La suprématie blanche qui, de plus en plus, s’affiche en Occident est l’expression populaire et décomplexée d’une volonté de puissance et de domination culturelle qui émaille certains discours officiels. La vision hégélienne d’une Afrique imperméable aux progrès persiste.
Aussi avons-nous ouvert cet Appel par les propos d’Aimé Césaire. Comme le grand poète martiniquais, nous jugeons central le rôle des hommes et des femmes de culture dans les choix et les décisions qui engagent le destin des peuples. Bien comprise, la culture peut permettre de renouer le fil du dialogue afin de prévenir ou guérir la plupart des maux qui gangrènent nos sociétés.
Voilà pourquoi « l’urgence de faire taire les armes », l’un des objectifs phares de l’agenda 2063 de l’Union Africaine, a été le thème de la quatorzième édition de « Migrances ». Elle a eu lieu du 15 au 18 décembre 2019, à Bamako, dans un contexte marqué par la tenue du Dialogue National Inclusif (DNI) institué par le président Ibrahim Boubacar Keita, à la demande de différentes composantes de la nation malienne. Elle a mobilisé cette fois aussi des intellectuel-le-s, des artistes et activistes des sociétés civiles africaines et européennes ayant à cœur de promouvoir un ordre mondial plus juste où chaque peuple vivrait en paix de ses ressources naturelles.
Animés par un tel idéal, nous refusons de nous soumettre à un système inégalitaire, irrespectueux de l’environnement, raciste, sexiste et guerrier.
Si la corruption est une gangrène dont nos pays doivent impérativement guérir, elle n’en est pas moins l’arbre qui cache la forêt quand il est question des causes profondes du « djihadisme » au Sahel. Hautement corruptrices sont les conditionnalités du financement du développement qui n’est, généralement, consenti que lorsque les objectifs visés sont conformes aux intérêts des bailleurs de fonds. Nous considérons que tout contrat de consultation, de construction, de transport, de fourniture d’équipements, d’aliment, accordé à des experts ou à des entreprises étrangères par-dessus la tête des Sahélien-ne-s, relève de la mauvaise gouvernance et de la corruption. Le secteur de la culture et des arts n’échappe pas aux pressions de certains partenaires. Stigmatisation, suspension de visas, de financement, menacent les voix discordantes.
Les Chefs d’États sahéliens ne peuvent pas faire fi du ressentiment de leurs compatriotes déçu-e-s à la fois par les fausses promesses de pacification et de développement. Ils ne peuvent pas davantage éviter les risques de surendettement qui se profile à l’horizon avec l’explosion des dépenses militaires. Au point où nous en sommes, le silence des armes est le meilleur hommage que l’on puisse rendre à toutes les victimes, civiles et militaires, africaines et européennes, du « djihadisme » au Sahel.
Cela dit, nous réfutons la thèse humiliante d’États sahéliens faillis. Elle accuse un peu trop vite un pays comme le Mali d’être incapable de contenir les flux migratoires et de développer son septentrion qu’Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI), Ansar Dine et le MUJAO ont envahi, selon les circonstances, en alliés ou en ennemis du Mouvement National de Libération de l’Azaouad (MNLA). Certes, tout Etat a le devoir de subvenir aux besoins de sa population et de la protéger. Mais il ne suffit pas de le vouloir pour le pouvoir : les États du G5 Sahel, affaiblis par les programmes d’ajustement structurel des institutions de Bretton Woods et par les lois du marché capitaliste, souffrent également des conséquences de l’attaque de la Libye. Ils doivent être refondés et renforcés face à des partenaires internationaux qui, en dépit d’intérêts parfois divergents, savent s’entendre pour nous imposer leur agenda politique.
La France est-elle disposée à entendre la voix de la raison. Ou va-t-elle, au contraire, persévérer sur la voie de sa vieille politique du ‘’diviser pour mieux régner’’, félicitant la Mauritanie et le Tchad de s’être dotés d’instruments sécuritaires performants et d’une doctrine claire de l’engagement de leurs forces armées. Le Niger, lui, est encouragé à rester sur la bonne voie pendant que le Mali et le Burkina Faso sont stigmatisés.
L’ancienne puissance coloniale ne devrait-elle pas méditer les enseignements de la présence militaire américaine en Afghanistan qui s’est soldée par la mort de plus de cent mille Afghan-e-s, de plusieurs milliers de soldats américains et a coûté mille milliards de dollars ? La voie du dialogue avec les Talibans que Washington vient d’emprunter ne donne-t-elle pas raison aux Malien-ne-s qui exhortent le président Ibrahim Boubacar Keita à prendre langue avec Iyad Ag Agali et Amadou Kouffa ?
Le véritable goulot d’étranglement dans le dialogue entre Malien-ne-s tient au fait que l’Europe et les États-Unis croient devoir défendre leur sécurité à partir du Sahel. Or les auteurs des attentats du Charlie Hebdo, du Bataclan, de Nice et d’ailleurs ne venaient pas des pays du Sahel.
La vérité est que les Etats Sahéliens sont contraints de gérer les conséquences de ce que l’Occident a semé en Afghanistan, en Irak et en Libye. Même l’ancien ministre français des affaires étrangères, Dominique de Villepin, a été obligé de l’admettre. Il a en effet déclaré en septembre 2014 sur une télévision française : « …Il serait temps que les États-Unis et l’Europe tirent les leçons de l’expérience. … Cela fait treize ans que nous multiplions les interventions militaires (Afghanistan, Irak, Libye et Mali). En 2001 il y avait un foyer de crise terroriste central. Aujourd’hui il y en a près d’une quinzaine. C’est dire que nous les avons multipliés. Pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui, l’État Islamique c’est l’enfant monstrueux de l’inconstance et de l’arrogance de la politique occidentale. »
Le climat : l’ultime interpellation
La décennie qui commence pourrait bien être celle d’un désastre dû aux émissions de gaz à effet de serre et ce serait accroître ce risque mortel que d’en faire celle de la guerre au Sahel.
Nous constatons avec une amère stupéfaction que le réchauffement climatique, bien que menaçant les conditions de vie des Sahélien-ne-s, n’est pris sérieusement en compte ni dans le diagnostic ni dans la recherche de solutions à la crise.
Le Sommet de l’OTAN, à Watford, et la COP25 à Madrid se sont tenus presque au même moment en décembre 2019. Ce hasard du calendrier n’a hélas pas été mis à profit pour souligner le lien entre la protection de l’environnement au Sahel et l’instauration d’une paix durable. Une telle interaction n’a pourtant pas échappé à Emmanuel Macron qui, lors d’une conférence de presse à l’issue du Sommet du G20, en juillet 2017, en Allemagne, a déclaré : « On ne peut pas prétendre lutter efficacement contre le terrorisme si on n’a pas une action résolue contre le réchauffement climatique, ou alors il faut aller expliquer aux gens qui vivent au Tchad, au Niger et ailleurs que le climat n’est pas un problème. » Le moins que l’on puisse dire, c’est que ses propos ne sont pas en accord avec ses actes.
Nos perspectives
Il est possible de sortir par le haut de ces crises en plaçant des questions majeures au centre de nos préoccupations. Celles-ci vont des fondements culturels de l’extraversion économique aux modèles alternatifs de développement.
Du paradigme libéral et militariste, nous voulons que nos États s’émancipent de toute urgence comme l’exige le dévoilement par un malheureux virus des fragilités du néolibéralisme dont on n’a pas cessé de nous vanter l’efficacité et l’infaillibilité. C’est à cette tâche exaltante et indispensable que nous convions les intellectuel-le-s et les artistes dans le cadre d’une coalition pour une paix durable, la sécurité humaine et le respect de l’environnement au Sahel.
L’inculture économique et géopolitique étant notre pire ennemi en Afrique, l’objectif de cette coalition est d’abord pédagogique, visant à la fois à mieux faire comprendre les liens entre le local et le global et à renforcer la capacité d’analyse, de proposition et d’anticipation des peuples infantilisés et exclus.
Nous voulons aller vite dans l’invention d’une nouvelle culture politique, la compétition électorale étant réduite à des foires d’empoigne autour des postes pour leurs avantages.
Imprégnés, dans leurs langues nationales, du lien entre le local et le global, armés d’outils théoriques pertinents, les peuples d’Afrique se battront mieux contre la faim, le chômage, les inégalités et toutes les dérives que le système engendre et entretient.
Le fait que le Secrétaire général des Nations-Unies ait proposé de faire de 2020 l’année de l’écoute des populations par les États est pour nous un motif d’espoir, tout comme sa proposition de réduire encore plus les émissions de gaz à effet de serre. Cette question, vitale pour l’humanité entière, l’est encore plus pour l’Afrique.
Nous souhaitons, toutefois, que l’Organisation qu’il dirige se prête, elle aussi, au jeu démocratique de l’écoute des peuples et du respect de leur droit à la liberté de parole y compris des sujets qui fâchent certains membres du Conseil de sécurité.
Nous appelons à faire de la décennie 2020-2030 qui commence celle d’une grande ambition continentale fondée sur la confiance en nous-mêmes, la solidarité entre nous et un imaginaire politique, humaniste et écologique.
Notre conviction est que l’initiative de faire taire les armes dont la mise en œuvre est prévue par l’Union africaine (UA), en juillet 2020, ne pourra renforcer et accélérer l’intégration économique que si on évite d’en faire un vaste marché pour les produits des pays tiers. Il est préférable, à notre avis, de stimuler les investissements, notamment de la part des entreprises et États africains, en accordant une priorité absolue à l’industrialisation, à partir de nos ressources naturelles sur des bases écologiquement et socialement saines. Les intellectuel-le-s et les artistes engagés ont un rôle capital à jouer dans le changement de notre regard sur nous-mêmes et de nos comportements économiques souvent extravertis et mimétiques.
Nous poursuivrons en 2020 notre combat pour l’intégration régionale à travers l’ECO, monnaie unique qui permettra aux pays de la CEDEAO de mieux défendre leurs intérêts vis-à-vis de pays tiers. Nous exhortons, de ce fait, tous les chefs d’État de la CEDEAO à respecter la décision prise à Abuja le 29 juin 2019 ainsi que la feuille de route arrêtée à cet effet.
L’année 2020 sera par ailleurs marquée par le renouvellement de l’Accord de Cotonou liant les pays ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique) à l’Union européenne. Nous y voyons avant tout une formidable opportunité de nous libérer des contraintes imposées par les Accords de partenariat économique (APE) et d’évaluer les exigences de la réalisation des objectifs de la ZLECA et des autres processus d’intégration en cours au niveau régional et continental. Le pari de la neutralité climatique que l’UE veut gagner d’ici 2050 se joue ici aussi en Afrique.
Cette année 2020 marquera également le vingtième anniversaire de la résolution 1325 des Nations-Unies sur « Femmes, paix et sécurité ». Les Etats vendeurs d’armes et pollueurs peuvent-ils respecter les droits des femmes, les grandes victimes de leurs guerres ? Les femmes violentées, violées, déplacées, réfugiées comme celles qui, pour fuir émigrent au risque de leurs vies doivent pouvoir poser ces questions à l’occasion du 75ème anniversaire de l’ONU.
La jeunesse africaine est à écouter, à éduquer et à protéger parce qu’elle est en danger, considérée comme trop nombreuse et une menace pour la sécurité et l’identité de l’Occident du fait de sa mobilité et la couleur de sa peau. Elle n’en est pas moins visée en tant que consommatrice de biens et services des multinationales.
Le Sommet Afrique/France 2020 qui se tiendra au mois de juin à Bordeaux, en France dont « la ville et les territoires durables » est le thème, devra être l’occasion de clarifier bien des contre-vérités et des paradoxes.
Héritiers et fiers de l’être d’une longue tradition de réflexion et de résistance, laquelle donne tout son sens à cet appel, nous pouvons dire avec le président Modibo Keita que « notre lutte contre le colonialisme ne s’abreuve pas aux sources de la rancune, elle procède de la volonté de mettre un terme à l’humiliation, à l’esclavage moderne, elle a pour finalité la libération de l’homme. » Nous ne le savons que trop bien : les démonstrations de force en Afrique visent surtout à rassurer des opinions publiques occidentales apeurées. À ces frères humains savamment désinformés, nous rappelons les fortes
paroles de Thomas Sankara pour qui « … les masses populaires en Europe ne sont pas opposées aux masses populaires en Afrique. Ceux qui veulent exploiter l’Afrique sont les mêmes qui exploitent l’Europe. Nous avons un avenir commun. »
Signataires
Aminata D. Traoré (Essayiste-Mali), Boubacar Boris Diop (Écrivain-Sénégal), Issa N’Diaye (Philosophe-Mali), Jean- Bosco Konaré (Historien-Mali), Cheick Oumar Sissoko (Cinéaste-Mali), Demba Moussa Dembélé (Économiste-Sénégal), Taoufik Ben Abdallah (Économiste-Tunisie),Nathalie M’Dela-Mounier (Écrivaine-France), Cherif Salif Sy (Economiste-Sénégal), Mandé Alpha Diarra (Écrivain-Mali), Kako Nubukpo (Economiste-Togo), Ismaël Diabaté (Artiste-peintre-Mali), Adama Samassekou (Linguiste-Mali), Assétou Founè Samaké (Enseignante-Mali), Bernard Founou (Economiste-France), Diadié Dagnoko (Enseignant-Mali), Ismaël Samba Traoré (Éditeur-Mali), Makhily Gassama (Essayiste-Sénégal), Koulsy Lamko (Écrivain-Tchad), Alioune Ifra N’Diaye (Artiste-Mali), Cheick Tidiane Seck (Artiste-Mali), Mahamadou Konaté (Enseignant-Mali), Mariam Koné (Artiste-Mali), Cissé Mariam Coulibaly (Prof. de géométrie économique-Mali), Abdoul Aziz Koné (Siten’K-Artiste slameur), Diola Konaté (Enseignant-Mali).