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Bas Les Armes, Mon GÉnÉral !

Il y a environ cinq ans, le président de la République nous était apparu en fantassin, commandant suprême de la légion Sénégal en proie à une soif morbide (la dipsomatie). Les habitants de Dakar et sa banlieue alimentés au compte-gouttes par un réseau hydraulique continuellement défectueux l’ont alors aperçu revêtu d’un treillis pour superviser les travaux de remise en état de la station de Gnith.

Passé l’effet communication politique, l’alimentation en eau accuse toujours un déficit accentué. A peine son deuxième mandat entamé, un autre défi plus pesant, la pandémie du coronavirus, surgit et le général, comme le commun des mortels, se barricade d’abord le temps de sonner l’alerte pour passer en revue les troupes et réfléchir sur la stratégie et la tactique.

Alors que le peuple inquiet s’interroge sur son sort, le général hésite, observe à travers les télévisions ce qui se fait ailleurs dans le monde pour enfin déclarer un état d’urgence qui consacre l’option de guerre contre le coronavirus. Les pesanteurs sociologiques et le désastre économique lui ont créé tellement de soucis qu’il en a perdu le sommeil, notre général, lui qui naguère adorait se présenter comme un lion endormi dont il fallait redouter le réveil. Comment mettre au pas l’oligarchie confrérique du Sénégal ?

 Avec quoi entretenir les deux tiers d’une population très mal en point, du fait d’un déficit alimentaire qui s’aggrave après chaque campagne agricole et met à nu les déclarations politiciennes sur une prétendue sécurité vivrière voire l’autosuffisance alimentaire ? Comment contraindre une population caractérisée par sa propension à bouleverser les normes urbaines ? Voilà quelques-unes des principales questions auxquelles le général a eu du mal à répondre dès le début de la dissémination du coronavirus au Sénégal.

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Alors, l’état-major à fait un sursaut d’orgueil pour en mettre plein la vue à l’ennemi invisible et à ceux qui, faute d’approuver sa gouvernance, sont fichés comme membres de la cinquième colonne. Le temps du divertissement étant révolu, le peuple sous-alimenté est situé en pôle position de la stratégie de sauvetage, avant que l’ennemi invisible ne l’anéantisse. Une procession de camions remplis de denrées alimentaires, sous le regard joyeux du général, est mise en route pour servir de quoi nourrir, pour un laps de temps, des nécessiteux et des impactés.

Nonobstant les clauses décriées sur la base desquelles le ministre du Développement communautaire et l’équité sociale et territoriale a commandé les denrées (riz, huile, sucre et pattes alimentaires), le général est resté de marbre. Le fameux comité de pilotage n’y changera rien et, au terme du saupoudrage, les rapports qui feront état de malversations connaîtront le même sort que ceux des corps de contrôle empilés dans les couloirs des services judiciaires. Après deux mois de guerre, le général semble essoufflé.

Redoutant une fureur populaire imparable, il décide alors de mettre bas les armes et incite le peuple à l’autodéfense. La seule consolation, pour ce peuple éperdu, réside dans l’abnégation des personnels de santé. Le général reclus dans son bunker se contentera, selon la gravité de la situation, de stimuler les troupes pour ne perdre la face.







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