Je tiens d’abord à être sans équivoque : Je souscris à toutes les mesures qui ont été prises jusque-là par notre pays — mais aussi ailleurs dans le monde — pour contenir la propagation de la pandémie du Covid-19 autrement appelé coronavirus. J’estime que toutes les forces et tous les moyens doivent se conjuguer pour venir à bout de ce virus terrible qui a déjà fait des milliers de morts sur la planète. rien ne saurait donc être de trop pour le vaincre. A ce grand mal, à ce terrible mal même je dirais, le président de la république a eu raison d’apporter les grands remèdes qu’il a édictés. Cette clarification faite, qu’il me soit quand même permis de me poser des questions par rapport à cette épidémie qui fait tant de ravages actuellement et affole le monde entier. Pour s’en prémunir, l’europe — déjà forteresse en temps normal — s’est encore plus barricadée, interrompant toutes ses liaisons aériennes avec le reste du monde. La toute-puissante Amérique l’avait fait avant elle — du moins, en ce qui concerne les vols en provenance du Vieux continent.
Dans la foulée — par rétorsion ou par mimétisme ? — plusieurs pays du continent africain (dont le sénégal) ont fermé leur espace aérien, à tout le moins interdit d’atterrissage les aéronefs en provenance des etats européens, mais aussi maghrébins, les plus touchés par la pandémie. on vient même d’apprendre que des pays voisins viennent de décréter indésirables les avions venant de notre pays ! et quand on sait que la France, l’italie et l’espagne, notamment, sont pratiquement en état de siège, du moins en état d’urgence avec confinement quasi total de leurs populations, on se dit que l’heure est grave assurément. De fait, cette pandémie apparue en Chine en décembre dernier où elle a fait 3122 décès sur 81.000 contaminations, s’est étendue en un effet boule de neige en europe mais aussi dans un pays voisin comme l’iran où le nombre de morts est particulièrement élevé (17361 personnes atteintes, plus de mille morts). Au total, jusqu’à ce jeudi, la pandémie avait fait 210.000 cas testés positifs parmi lesquels 9000 personnes sont mortes. Des chiffres effrayants qui font que, effectivement, le monde a raison d’avoir peur et de paniquer. et les pays de se recroqueviller comme des huitres dans leur coquille.
Les gens ont d’autant plus de raison d’avoir peur qu’il n’existe à l’heure actuelle aucun remède connu contre ce virus, les médecins se contentant de faire des traitements symptomatiques. Mais les effets les plus dramatiques et spectaculaires sont ailleurs puisque le monde a pratiquement cessé de fonctionner : les plus grandes compétitions sportives de la planète ont été soit suspendues, soit annulées si elles n’ont pas été reportées à des temps plus cléments. il en est de même des spectacles culturels, des congrès, des festivals, des salons… Les avions étant cloués au sol, l’industrie touristique est moribonde et les plus grandes places boursières piquent du nez. Du fait de l’interdiction des rassemblements, les usines ne tournent pratiquement plus. Bref, le monde entier est à l’arrêt ou presque. est-ce dû au fait que le pays-continent où le virus est apparu, la Chine, est devenu l’usine du monde, la plus puissante économie de la planète ? en tout cas, il a suffi qu’elle éternue pour que le monde entier s’enrhume. Les chaînes d’approvisionnement sont coupées, faisant craindre partout des lendemains de pénuries ainsi qu’une nouvelle crise économique mondiale. De l’ampleur de celle financière de 2008 ou plus grave ? Voire comme celle de 1929 ? Nul ne saurait le dire…
Le monde pris au piège de sa propre panique !
en fait, ce qui étonne surtout, c’est la panique générale qui s’est installée. Une panique créée par le monde globalisé dans lequel nous vivons et au piège de laquelle ce village planétaire s’est retrouvé enserré, incapable de s’en défaire. Comme quelqu’un pris dans un marécage ou des sables mouvants et que chacun de ses gestes contribue à enfoncer davantage. A notre sens, cette panique ne s’explique pas, semble irrationnelle. et voilà qu’aujourd’hui, après avoir hurlé au loup coronavirus, tout le monde court se cacher pour éviter d’être mangé par ce grand méchant loup jaune (comme Chinois) ou rouge (comme communiste) venu de l’inquiétante Chine. Car enfin, des pandémies plus graves, le monde en a connues ces deux dernières décennies sans qu’un tel vent de peur panique ait soufflé à travers les cinq continents, seuls les Britanniques ayant gardé leur flegme légendaire. en quelques jours, voire semaines tout au plus, la vague de canicule qui s’était abattue sur l’europe en 2003 avait fait…70.000 morts dont 19400 (25.000 selon les urgentistes) en France et 20.089 décès en italie. en comparaison, la présente pandémie de coronavirus n’a encore fait « que » (on m’en excusera, une seule mort étant de trop) 9000 morts à travers le monde. Certes, ce n’est pas encore fini mais enfin, ce n’est pas non plus comparable à l’hécatombe de 2003 qui avait fait presque neuf fois plus de victimes ! il est vrai que celle-là n’était pas contagieuse et que la vague de chaleur avait frappé d’un coup avant de passer son chemin Une pandémie moins redoutable que le paludisme et Ebola.
De même, le coronavirus n’a pas encore égalé l’épidémie à virus ebola en termes de morts. Cette dernière, d’ailleurs, de l’avis de tous les spécialistes, était beaucoup plus mortelle qu’ebola qui a fait plus de 11.000 morts en quelques mois durant l’année 2013 et 20.000 morts en tout jusqu’en 2016. Contrairement au coronavirus, ebola était une épidémie purement « africaine » dans la mesure où presque toutes ses victimes ont été enregistrées sur notre continent. Quant au Covid-19, c’est à peine si le nombre de cas atteint 100 ou 200 en Afrique dont une dizaine de morts. et pourtant, le continent lui a déclaré une guerre ubuesque mobilisant des moyens insoupçonnés et totalement disproportionnés par rapport à la menace. Des moyens qui n’ont pas été déployés contre le paludisme par exemple qui continue de tuer chaque année des milliers d’Africains, beaucoup plus en tout cas que n’en tuera jamais le coronavirus. Prenons l’exemple de notre pays : on en est à une quarantaine de cas mais c’est comme si c’était la fin du monde pour nos compatriotes et nos autorités ! il ne faut certes pas sous-estimer la menace et mieux vaut prévenir que guérir mais encore une fois — du moins, telle est ma conviction — le coronavirus ne menace pas fondamentalement le continent africain. Comme socrate, je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien à propos de cette terrible pandémie mais j’ai le sentiment qu’on joue trop à se faire peur. J’espère seulement ne pas me tromper !
Le paludisme et même le choléra sont beaucoup plus redoutables pour nous, et pourtant on n’était jamais allé jusqu’à fermer mosquées et églises et même nos marchés où pourtant les pauvres populations s’approvisionnent au jour le jour car n’ayant pas les moyens de prendre des rations mensuelles. et l’on arrête tout cela de même qu’on ferme nos restaurants, nos hôtels, nos bars, nos écoles, nos universités, on interdit nos cérémonies familiales à cause d’une maladie qui n’a pas encore fait un seul mort ? Je me demande ce qu’il en sera quand elle aura fait le dixième seulement des victimes annuelles du paludisme ou des maladies diarrhéiques dans notre pays. Car pendant qu’on sonne l’alerte « Gaïndé » contre le Covid-19, nos routes tuent plus encore que lui ! A preuve, rien que dans la semaine où le chef religieux Abdourahmane Fall Tilala est mort accidentellement, elles ont tué 12 personnes. Pour dire qu’on gagnerait à se concentrer sur nos « coronavirus » à nous, l’Afrique, pour une fois, n’étant pas un exportateur de pandémie mais bien le réceptacle malgré lui d’un mal venu de Chine et qui s’apparente terriblement à notre bon vieux paludisme. Vous en doutiez ? Lisez donc ceci qu’écrivait le journal français « Le Figaro » il y a trois jours : « Le laboratoire français sanofi s’est dit prêt à offrir aux autorités françaises des millions de doses de l’antipaludique Plaquenil, pouvant traiter potentiellement 300.000 malades, après des essais jugés «prometteurs» auprès de patients atteints du Covid-19. » Antipaludiques ? Mais oui, mais oui, pour traiter notre palu et donc, disent-ils, le coronavirus ! La conclusion qu’il faut tirer de tout ceci ? soyons vigilants, respectons les consignes de l’oMs mais, surtout, concentrons nos efforts sur nos propres maladies et menons nos propres guerres. Cela nous rappelle l’époque, dans les années 2000, où l’occident déversait des centaines de milliards dans nos pays pour combattre le sida alors que le taux de prévalence de cette maladie, en tout cas dans notre pays, tournait seulement autour de 0,3 % !
A l’époque, nous avions eu beau jeu de dire que c’était là du foutage de gueule et que s’ils se souciaient de notre santé, ils devaient plutôt nous aider à vaincre le palu. Mais comme disaient certains qui avaient compris le manège, « le sida enrichit plus qu’il ne tue en Afrique ! » Devrait-on en dire de même du coronavirus ?