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Coupable InconsÉquence

Coupable InconsÉquence

« N’est stupide que la stupidité ». Forrest Gump

Dans un Sénégal anxieux et qui sent le gaz, s’activent avec désinvolture, certains politiciens distraits qui s’amusent avec des allumettes. En déplacement à Touba où il a prié, ce vendredi, le ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République, Mahammed Boun Abdallah Dionne, a livré les «remerciements» de Macky Sall au Khalife Général des Mourides, Serigne Mountakha Mbacké, pour sa «grande contribution» (200 millions FCFA) dans la lutte contre le Coronavirus. Et cela ne pouvait donc pas se faire par télégramme ou par Whatsapp, puisqu’on est moderne et émergent ? Au moment où le chef de l’Etat, veut donner l’image d’un chef de guerre d’une nation devant bouter le Covid-19 hors de ce pays, en interdisant depuis longtemps tout déplacement des autorités de l’Etat à l’intérieur comme à l’extérieur du Sénégal, où les courageuses décisions prises sont l’objet de toutes formes de dénis et de petits arrangements avec la réalité, l’ancien Premier Ministre, le jour même où les Sénégalais testent les capacités de nos guides religieux à s’incliner devant une décision de suspendre les grandes prières du Vendredi, c’est ce moment qui est choisi pour aller faire son important à Touba, ville épicentre pour l’instant de la propagation du Coronavirus.

C’est d’abord un signe d’irresponsabilité collective, puisque monsieur Dionne exclut toute initiative personnelle, et justifie son escapade politico-confrérique par le fait que monsieur Macky Sall souhaitait remercier le Khalife Général pour sa cotisation à la cause sanitaire actuelle. Ne nous prenez pas pour des buses… Ce geste est politique, et irresponsable.

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Parce que la gestion des grands rassemblements, a ces jours derniers ,fortement agité les débats et pour beaucoup, la question était tranchée, il suffisait de s’en remettre à Dieu, ou à défaut à Serigne Touba ou El Hadj Malick Sy, ou mieux encore au charlatan du coin. Selon un porte-parole, « le coronavirus ne pouvait entrer dans une terre qui abrite la dépouille mortelle de Cheikh Ahmadou Bamba ». On a vu ce que ça a donné. Or, la difficulté à obtenir un consensus sur le report de toutes les fêtes religieuses et confrériques, par les autorités religieuses de notre pays, alors que la communauté chrétienne avait très tôt pris ses responsabilités, leur suggérant ainsi, que qui pouvait le plus, pouvait le moins.

Ce geste est dangereux. Parce qu’il aura permis à une Tarikha empêchée de prier ce vendredi, alors que le minaret de Touba tintait mélodieusement, de convoquer l’injustice et de ne pouvoir arrêter ses jeunes en rébellion. Pourquoi ce pouvoir, au faîte d’une crise sanitaire qui devrait profondément le questionner, pose-t-il avec tant d’insouciance, les actes les plus surréalistes parce devant être nécessairement et obligatoirement conditionnés par un bénéfice politique, par ces temps virulents, totalement désuet.

Pendant que le monde entier se questionne et se projette au cœur de ce siècle incertain, nous nous vautrons dans les palabres et les effets d’annonces.

Le coronavirus c’est d’abord un dictateur. Il nous oblige tous à le considérer. Nous sommes égaux face à ce monstre et à ses dangers. D’ailleurs, un de ses bienfaits paradoxaux, est de nous mettre tous dans cette égalité, que nous soyons riches ou pauvres, blancs ou noirs, musulmans ou chrétiens, juifs, bouddhistes ou athées. C’est la première fois que nos hommes politiques et hautes autorités sont obligés, si d’aventure ils étaient touchés, de se soigner ici, chez eux, dans un système de santé qu’ils ont tellement négligé, qu’à la moindre coupure aux doigts, ils filaient s’acheter une clinique à Genève.

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Ensuite, le coranavirus est révolutionnaire. Il va mettre en lumière et de façon tragique, les insoutenables inégalités sociales qui structurent le monde. Il va nous dévoiler nos inconséquences et nos turpitudes, qui nous laissent à des années lumières de ce qui est en train de se jouer en termes de projet civilisationnel. Il va remettre l’église ou la mosquée, au milieu du village.

Pour revenir à la visite de monsieur Dionne à Touba, il est à espérer que le grand Khalife général aura été plus responsable que lui, et que sachant que des vœux viennent essentiellement du cœur, il aura évité, en les lui adressant, de lui cracher dans les mains.







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