Je vais commencer par m’excuser d’utiliser le terme anglais “ Commander-in-Chief” parce qu’il est usuel aux USA surtout, où il trouve tout son sens et sa pleine mesure. Le président y a plus souvent l’occasion de jouer le rôle de commandant suprême de ses puissantes forces armées déployées un peu partout dans le monde.
L’état d’urgence ici instauré ne nous est pas inconnu, les présidents Senghor et Diouf ont eu respectivement à l’exercer. Cependant, celui-ci est différent des précédents du fait des motifs sanitaires qui l’ont fondé : opposer une farouche résistance à une agression virale et se donner les moyens d’une victoire sur un ennemi morbide, qui dans nos rues rôde et brandit une menace inouïe d’anéantissement de notre nation.
Les précédents avaient toujours été convoqués comme dernier recours d’un régime chancelant, face à des troubles sociaux en passe de devenir incontrôlables. Cette fois-ci et pour la première fois de son histoire notre nation est en guerre. Notre président en vient par conséquent à exercer une autre aptitude de son leadership, le rôle de commandant suprême de forces armées engagées dans une guerre.
Nous pouvons lui faire confiance car tous les actes réfléchis qu’il a posés jusqu’à présent ont fini par convaincre les plus sceptiques, avec juste raison, qu’il est l’homme de la situation.
Je voudrais ici saluer l’élan de solidarité des leaders de tous bords qui ont répondu sans hésiter à son appel, faisant fi de toutes émotions. Devant une menace à la nation aussi grave et inédite que celle-ci, trouver un quelconque alibi pour ne pas répondre à un noble appel à la communion des cœurs et esprits, relève d’une tyrannie narcissique qui porte à croire que Dieu est exclusivement à son service. Heureusement tout le monde a répondu, l’on a par conséquent toutes les raisons d’être fier de nous-mêmes, nation sénégalaise.
Le temps de la performance
Nous sommes en guerre et même si ça ne ressemble guère aux guerres classiques avec armes conventionnelles entre congénères, le résultat est le même : le pire des sorts ; anéantir l’ennemi le plus tôt possible. Il faut savoir que dans cette guerre, notre vulnérabilité est le fait que la chronologie et la géographie des tensions, tout comme leur ampleur, sont dictées par l’ennemi/le virus. D’un autre côté, pour l’ennemi, sa plus grande vulnérabilité est qu’il n’a pour véhicule que notre interaction sociale, en l’occurrence une culture qui s’enorgueillit de sa téranga et son empathie, lesquelles dans la situation actuelle sont devenues des tares. D’où notre difficulté de nous soumettre aux consignes comportementales tendant aux respects des gestes barrières. Dans cette parenthèse temporelle à l’adage Ouoloff qui dit “Nitt, nitt moye garabam” s’est substitué “Nitt, Nitt Moy moussibaam”.
Le président fait parfaitement tout ce qu’on attend de lui, mais pour qu’on ait une victoire il faudrait que toute l’administration s’attelle à la performance, chacun excellant volontairement dans son rôle. Il est question de s’extirper du nivellement à hauteur de la médiocrité et d’intégrer par une volonté personnelle, dans un élan de dépassement de soi, des objectifs au-delà des limites données et les poursuivre assidûment. L’état d’urgence n’exclut pas le confinement total, au contraire, au vu de ce qui arrive dans le reste du monde, il nous conduit à envisager un durcissement. La performance réside dans notre capacité à anticiper les plus redoutables développements de l’ennemi et organiser les représailles à même de l’annihiler à temps. Je sais pouvoir compter sur le tempérament de gagneur du président Commander-in-Chief et l’équipe qu’il a mise en place pour une bonne stratégie dans la perspective d’un confinement.
Puisque je parle de performance entendue collective et individuelle, je voudrais quand même mettre l’accent sur les revers par lesquels l’ennemi pourrait nous terrasser.
- À propos des fonds qui vont circuler et dont une partie est destinée à des personnes vulnérables, gare aux rapaces qui toujours les détournent. Lever la hantise de ce risque postule de nouvelles mesures très dissuasives.
- A propos des ressources humaines nécessaires avec l’accroissement éventuel des malades : certains évoquent la venue probable de médecins chinois et cubains à notre aide, tant mieux si cela arrive, mais l’idée de compter d’abord sur nous-mêmes ne devrait-elle pas primer ? Pourquoi ne pas faire appel d’abord à tous ceux qui ont une notion en médecine et les former rapidement aux techniques de protection personnelle et d’assistance afin qu’ils puissent intervenir au besoin.
- A propos de la logistique et surtout du déficit d’hôpital particulièrement dans les zones rurales reculées : Le crédo connu du président Macky Sall est l’équité territoriale et sociale, alors quand il est demandé aux symptomatiques de ne pas se déplacer et d’appeler à un numéro donné, il faut veiller à ce que le dispositif mis en place soit performant à l’endroit de tous et en tout moment. Les numéros d’appels doivent être faciles à retenir et à composer, également figurer partout dans l’espace public, et être communiqués largement.
- A propos des victimes qui malheureusement pourraient succomber à la maladie : se préparer à comment nous allons nous y prendre, si leur nombre venait à excéder quotidiennement la capacité de nos morgues et cimetières.
Je nourris l’espoir tout en priant pour qu’on n’en arrive jamais là. Cependant, compte tenu de la létalité connue de l’ennemi, autant baser sa stratégie sur l’éventualité du pire pour asseoir une bonne résilience. Je tiens à exprimer toute ma gratitude et saluer ici l’engagement et la bravoure de nos valeureux soldats dans cette guerre, ainsi que nos médecins et personnels des hôpitaux, pompiers, policiers, forces armées, agents de l’administration concernés. C’est pour l’intégrité de tout ce système efficient mis en place par le président Macky Sall et dont ils sont la superstructure, que j’invoque un focus sur la performance.