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Exigences DÉmocratiques

Alors qu’ils battaient le macadam la semaine dernière pour dire « non » au parrainage, des activistes ont été cueillis pas la police et acheminés au Commissariat central où ils ont passé plusieurs heures en détention. Ils ont été ensuite refourgués dans le car par des policiers encagoulés qui les ont baladés dans Dakar et sa lointaine banlieue jusqu’aux environs de 4 heures de la nuit. Non sans les avoir fait subir les pires sévices corporels et autres tortures psychologiques, ont-ils dit en conférence de presse. Jusqu’ici, la Police n’a pondu aucun communiqué soit pour démentir, soit pour condamner ses éléments qui se seraient rendus coupables de faits extrêmement graves. A moins que l’on soit dans un régime autre que celui de la démocratie, la mission fondamentale de la Police nationale tient au diptyque « protéger et servir ».

On ne parle pas de la protection des uns au détriment des autres ; on ne parle pas non plus d’être au service des uns au détriment des autres. On parle de protéger et de servir les Sénégalais ; on parle d’assurer la sécurité collective dans le respect de la dignité humaine.

Au Sénégal grandit de plus en plus un sentiment anti-Police parce qu’un large pan de la population en a justement une perception négative. Cette partie de la population est convaincue que notre Police est une institution inféodée, aux ordres, instrumentalisée par le Pouvoir politique en place pour réprimer ceux qui se battent pour plus de dignité et de remise en cause d’un système qu’elle qualifie d’oppression. Il est vrai qu’une simple manifestation, de surcroit pacifique, de quelques individus contre le parrainage électoral ne saurait justifier un quelconque excès. C’est d’ailleurs un droit constitutionnel d’exprimer librement son désaccord, et le Pouvoir est tenu de souffrir qu’il en soit ainsi.

Les libertés sans limites risquent toujours de produire une existence à ce point désordonnée qu’elle deviendrait invivable. Elles sont donc encadrées par des lois que nous nous sommes nous-mêmes données. Mais faire face à l’anormal en opposant l’éthique à la force, la raison à la folie, l’équilibre aux appétits sans frein, nous paraît tout à fait légitime et nécessaire.

De manière générale, contre l’exercice égoïste et solitaire du pouvoir, chaque citoyen doit s’attacher à défendre l’exigence de justice et l’organisation du bien commun. C’est une des exigences même de la démocratie.







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