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RÉflexion Sur Les Mesures De RÉsilience Aux Chocs Economiques Du Covid-19

RÉflexion Sur Les Mesures De RÉsilience Aux Chocs Economiques Du Covid-19

Le mercredi 25 mars 2020, le secrétaire général de l’ONU a affirmé que la pandémie à COVID-19 « menace l’humanité entière ». Cette déclaration alarmiste de la plus haute autorité du système des Nations Unies démontre à suffisance la gravité de la crise sanitaire mondiale qui est en train de mettre en évidence la forte interdépendance économique causée par la mondialisation.

L’élément essentiel que prend en compte le coronavirus est la propagation rapide de la pandémie : rapidité des contaminations par les contacts humains. À l’heure des déplacements internationaux et intra-régionaux, aucun pays ni aucune région du monde ne sont épargnés par ce choc sanitaire, humanitaire et socio-économique.

L’évolution rapide au Sénégal de la maladie a soulevé un élan national de patriotisme et de solidarité contre cette crise qui suscite déjà une crainte pour le monde entier.  

L’économie mondiale, le commerce international, les places financières internationales, les politiques et plans nationaux de développement, la productivité du travail comme le capital, la compétitivité des entreprises et donc des Nations font désormais face à une situation d’origine sanitaire avec des conséquences potentiellement néfastes pour la santé publique et l’économie globale.

Face à cette pandémie, le gouvernement du Sénégal a mis en place un paquet global de riposte, composé, pour le moment, d’un Fonds de Riposte et de Solidarité contre les effets du COVID-19 dénommé «FORCE-COVID-19», d’un comité de croissance et de veille économique COVID-19 et d’un plan de contingence en cours d’élaboration pour suivre l’évolution de la pandémie, y compris un schéma de contingentement pour endiguer la progression de la maladie notamment en relevant le niveau de la protection par la déclaration du président de la République Macky Sall, en vertu de l’article 69 de la Constitution et de la loi 69-29 du 29 avril 1969, de l’état d’urgence sur l’étendue du territoire national. 

La mobilisation citoyenne à l’élan national de solidarité contre cette pandémie est une occasion de se pencher sur la gestion de l’immédiat dans un moment crucial de l’histoire mais aussi se projeter sur les facteurs de résilience aux chocs et atténuer leurs incidences sur l’économie et le développement du pays.

En particulier, l’évolution de la maladie soulève deux questions fondamentales, que chaque pays serait appelé à examiner, très rapidement.

Premièrement, comment déployer au mieux une riposte sanitaire en vue de réduire et limiter la propagation de la maladie, et ce à la lumière des recommandations de l’OMS ?

Deuxièmement, quelles mesures économiques robustes à entreprendre pour minimiser les impacts de la crise sur les secteurs vulnérables ?

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Sur la première question, le président de la République, son gouvernement ainsi le peuple sénégalais saluent et encouragent  l’ensemble des équipes du ministère de la Santé dans le travail ardu qu’ils mènent depuis l’apparition du premier cas, le 2 mars 2020. 

Pour être plus efficace, des politiques bien conçues doivent s’appuyer sur des actions solides, d’où l’importance qu’il y a à mettre à la disposition des décideurs, aujourd’hui, d’éléments macroéconomiques actualisés et d’indicateurs conjoncturels cohérents permettant d’apprécier la situation économique.

Une crise sanitaire avec des conséquences potentiellement néfastes pour l’économie

Le Sénégal a connu un rythme de croissance rapide entre 2014 et 2019, une croissance soutenue par le renouveau des politiques publiques avec l’élaboration et la mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent, les exportations de produits de base, l’investissement dans les infrastructures physiques, les transferts financiers de la diaspora, les transferts sociaux et le développement des services, mais pas uniquement.

Toutefois, le modèle de croissance du pays, profondément tributaire de la demande commerciale extérieure et de flux financiers s’accompagnant de la formation de la dette, était bien évidemment vulnérable aux chocs exogènes.

Aujourd’hui, le pays doit faire face aux défis émergents caractérisés par la crainte d’une récession économique globale, la contraction des demandes de produits de base du fait des mesures barrières, et la sécurité alimentaire.

L’évolution expansionniste de cette pandémie appelle aussi à un examen complet des mécanismes par lesquels les conséquences économiques se propagent.

L’importance de capitaux étrangers pour le financement des investissements pourrait engendrer des problèmes macroéconomiques dans les pays qui ont attiré l’épargne des pays développés contractant ainsi une dette importante à l’égard de partenaires bilatéraux et multilatéraux.

L’interdépendance par les marchés, qui se traduit par la disparition des frontières géographiques et l’abaissement des barrières tarifaires et non tarifaires, est aussi devenue une des principales voies de transmission des chocs extérieurs.

Caractérisés par la contraction de la demande et des revenus, les effets de la crise sur l’économie pourraient toucher le commerce des services et des modes de fourniture, en particulier les fournitures transfrontières (services de la poste, consultants, experts internationaux, etc.), la consommation à l’étranger (tourisme, restauration, culture, etc.), la présence commerciale (hôtels, banques, etc.) et le mouvement de personnes physiques (sociétés de construction, hôpitaux, consultants, transport,  avocats, etc.).

Par ailleurs, le Sénégal se caractérise par le dualisme : secteur traditionnel et secteur tertiaire coexistent et de cette proximité, émerge l’économie informelle. Les impacts de la crise pourraient ainsi donc concerner le secteur informel, les travailleurs indépendants et les activités domestiques (activité non marchande).

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Le sentiment le mieux partagé, à ce jour, est que tous les pays, toutes les régions, sans exception, auront pris conscience de leurs limites sur tous les plans et devraient agir dans le sens de prendre en compte leurs manquements prioritaires.

Dans un contexte plus large, et à cet effet, il faut déjà se féliciter des initiatives entreprises par le président de la République basées sur un dialogue consensuel entre le gouvernement et les parties prenantes, en vue de formuler une politique de riposte qui exploite les synergies visant à atténuer autant que possible la vulnérabilité économique du pays.

La résilience aux chocs économiques causés par la pandémie à COVID-19

Les difficultés qui découlent des perspectives de l’économie mondiale et qui affectent l’économie nationale ne doivent pas seulement être identifiées, mais également gérées de manière efficace sur le plan opérationnel.

Face à cette pandémie, chaque pays doit agir vite tout en essayant de tirer plusieurs enseignements utiles de la Chine et d’autres pays asiatiques (Corée du Sud, Singapour, Japon, etc.) qui ont été parmi les premiers à être touchés par la maladie à COVID-19.

L’indicateur de résilience potentielle tel que le degré de dépendance des producteurs nationaux à l’égard des marchés extérieurs devrait permettre aux décideurs de mieux orienter les mesures de soutien et également veiller à une coordination plus efficace des mécanismes de réduction de la vulnérabilité des entreprises et des agents économiques. L’application de ces mesures pourrait viser à protéger l’emploi et les revenus.

Une des principales voies de transmission des chocs extérieurs, la résilience par les liens commerciaux pourrait être améliorée en mettant l’accent sur le rôle moteur de la demande intérieure pour la croissance.

La dynamique d’innovation autour des technologies numériques peut être un outil de développement des achats en ligne pour compenser certaines des difficultés économiques auxquelles sont confrontées les entreprises et l’économie informelle, mais cela nécessite un système de livraison efficace et peu coûteux avec une généralisation accrue du paiement électronique par les agents économiques.

Le paquet global de riposte pourrait aussi mettre l’accent sur la manière dont les mesures d’urgence, à travers les initiatives socio-économiques de soutien (facilités sur la fiscalité, l’eau, l’électricité et le carburant), peuvent amoindrir les perturbations économiques et contribuer à une résilience durable et inclusive.

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Elément bien établi du paquet global de riposte communautaire, les huit mesures de la BCEAO pourraient être complétées éventuellement par un examen sur les possibilités d’utilisation des réserves de change au trésor, une garantie de protection naturelle des pays membres de l’UEMOA en cas de graves conséquences de la pandémie sur l’activité financière internationale.

Outre la possibilité du recours au marché local pour le financement public, les pays membres de la BCEAO, dans une dynamique communautaire en vue de soutenir leurs ripostes, pourraient solliciter la suspension des appels d’échéances en capital de tous leurs partenaires techniques et financiers.

En ce qui concerne la relance économique, un programme communautaire au niveau de la CEDEAO devrait être envisagé pour préserver les fondamentaux économiques de la sous région.

Des mesures spécifiques pourraient être prises pour les familles des territoires défavorisés et pour les entreprises rurales, renforçant ainsi la résilience de l’économie collective au niveau des collectivités territoriales.

Toute crise offre également une rare chance d’entreprendre des réformes qui renforcent le potentiel de croissance à long terme de l’économie nationale. Ainsi, il est essentiel que le gouvernement prenne au cœur la notion de coût dans son administration, mais plus importante est la réduction des coûts implicites.

À l’heure de la pandémie à Covid-19, un nouvel ordre économique du monde s’élabore. Dans cette dynamique, le Sénégal dispose sans conteste des atouts pour juguler les conséquences potentiellement néfastes pour son économie et redevenir un acteur déterminant, au retour à la normale de la situation globale, puisqu’il est doté d’immenses ressources naturelles – gisement de minerais, terres agricoles fertiles, combustibles, etc.

L’histoire nous enseigne, par ailleurs, que pour sortir la Chine de la situation économique dramatique, des années soixante dix, dans laquelle l’avait plongée la révolution culturelle, Deng Xiaoping avait repris la politique des « quatre modernisations » (agriculture au sens large, industrie, sciences et techniques, défense nationale), introduite par Zhou Enlai dès 1964. En quatre décennies, le centre de gravité du développement économique mondial se situe aujourd’hui vers le pays du président Xi Jinping.

En définitive, une question fondamentale pour la résilience du modèle de production est celle de mettre davantage l’accent sur le premier axe du PSE relatif à la transformation structurelle de l’économie afin de permettre aux entreprises nationales de saisir les nouveaux débouchés économiques qui apparaîtront.

Mamadou Sarr est Economiste, expert en commerce et développement international







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